L’automatisation créera autant d’emplois qu’elle n’en détruira

Selon PwC, l’intelligence artificielle pourrait créer au Royaume-Uni autant d’emplois qu’elles n’en détruira.
L'automatisation créera autant d'emplois qu'elle n'en détruira

La révolution robotique est-elle comparable aux précédents tournants sociaux vécus à travers les révolutions industrielle puis numérique ? Prise en sandwich entre ceux qui assurent que le travail touche à sa fin et ceux qui sont convaincus que les nouveaux métiers créés par l’émergence de nouvelles technologies intelligentes seront proportionnels à ceux que ces technologies feront disparaitre, l’organisation de consulting britannique PwC a mené une étude pour mesurer l’impact de l’automatisation du travail au Royaume-Uni.

Cela en rassurera certains et en attristera d’autre : la fin du travail n’est pas pour demain. C’est en tout cas pour cette théorie que penche nettement PwC : même les technologies touchant à la robotique, qui, contrairement aux technologies industrielles, remplacent nos cerveaux en plus de nos muscles, créeraient d’ici 20 ans autant d’emplois qu’elles n’en supprimeront.

IA 1 – 1 Travail 

L’effet de déplacement

Une multitude de prédictions ont été faites concernant la proportion des métiers se tenant dans le viseur de l’automatisation du travail par les IA. Mais ces chiffres ne prennent toute leur pertinence que lorsque l’on a d’abord distingué les secteurs les plus fragiles, apparaissant comme plus susceptibles d’être touchés par la disparition d’emplois, des autres. L’étude s’intéresse à l’éducation et à la santé, qui semblent protégés par l’ombre de l’automatisation, voire bénéficiaires. En revanche, les secteurs des transports ont de grandes chances de se voire balayés par les voitures autonomes au cours des deux prochaines décennies.

Recherche un emploi / Crédit : Shutterstock

 L’effet de revenu

Mais si l’on peut déjà percevoir le déplacement de certains métiers existants, comment être sûr que d’autres vont émerger, puisque les besoins n’existent pas déjà ? Selon une logique dont seuls les futurologues ont le secret. Mais comme on aimerait bien voir cette catégorie de personnes s’étendre, on va vous la révéler : les économistes du PwC expliquent que l’intelligence artificielle crée des emplois grâce à son impact sur le coût, la qualité et la gamme des produits : selon eux, les bénéfices économiques qui en découlent peuvent être importants, allant jusqu’à augmenter le PIB du Royaume-Uni de 10 % d’ici 2030, et générer ainsi de la création d’emplois.

 Pour 7 millions d’emplois existants disparus dans 20 ans, 7,2 millions devraient être créés à la même période

Effet de déplacement et effet de revenu réunis, cela devrait donner lieu à un équilibrage : pour 7 millions d’emplois existants disparus dans 20 ans, 7,2 millions devraient être créés à la même période. Les secteurs bénéficiants le plus de l’automatisation sont globalement les secteurs « humains » (surprise !) et ceux les plus techniques : deux extrêmes encore inaccessibles aux machines. L’étude pointe par exemple le fait que les services touchant à la santé augmenteraient de 22 %, suivis des services techniques et scientifiques (16%) puis éducatifs (+6 %). En revanche, les services de manufacture devraient chuter selon eux de 25 %, soit environ 700 000 emplois, ceux de transports de 22 % et les services administratifs publics de 18 %.

Des prédictions sur le fil

Bien entendu, ces prédictions sont aléatoires : l’étude précise que la neutralité de l’impact qu’aura la révolution robotique sur l’emploi dépendra de la manière qu’auront les gouvernements, les entreprises et les citoyens de s’approprier ces technologies. Or pour cela, il n’y a pas de secret : une telle transition se prépare. En effet, un décalage entre disparition et création d’emplois, par exemple dû à un manque de compétence de la part des individus, pourrait s’avérer catastrophique.

Usine automatisée / Crédit : Shutterstock

PwC suggère donc dans un premier temps au gouvernement britannique de se préparer à atténuer au maximum l’effet de déplacement. Investir dans la formation aux STIAM (science, technologie, ingénierie, art, mathématiques) permettra selon eux d’assurer la fluidité de cette transition si stratégique.

«  Nous ne croyons pas que le scénario du chômage de masse soit le plus probable »

En parallèle, l’étude assure que le gouvernement a tout intérêt à protéger la partie de la population qui pourrait avoir le plus de mal à s’adapter aux technologies numériques. «  Nous ne croyons pas que le scénario du chômage de masse soit le plus probable. Mais il est tout à fait possible que ces technologies puissent favoriser ceux qui ont déjà de solides compétences numériques, et donc tendent à creuser un peu plus les inégalités de revenus et de richesses.  » Il devra alors favoriser les zones géographiques les plus potentiellement fragilisées par la révolution numérique, en y concentrant ses efforts pour favoriser l’accès à ces formations et ainsi réduire la fracture numérique.

Plan B

Malgré d’éventuels efforts, il reste probable que ce dernier scénario soit difficile à contourner. Il est donc aux yeux des consultants important que le gouvernement se prépare également à ce cas de figure. Une solution pourrait être de redistribuer une part de l’augmentation du PIB générée par les IA à la population. Cela pourrait passer par le biais d’un revenu de base, universel ou conditionnel selon des contributions apportées à la société, ou encore par celui d’une taxe sur les robots remplaçant les emplois humains tel que l’avait proposé Benoît Hamon lors de la campagne présidentielle de 2016.

 

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Image à la Une : Shutterstock

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