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Ce qu'a dit Alexandre Benalla en garde à vue

Le chargé de mission à l'Elysée Alexandre Benalla, dont la garde à vue s'est terminé samedi soir, a entraîné dans sa chute trois cadres de la préfecture de police. Une information judiciaire a été ouverte dimanche.

Pascal CeauxStéphane Joahny , Mis à jour le
Alexandre Benalla (à gauche) avec Emmanuel Macron en avril 2017.
Alexandre Benalla (à gauche) avec Emmanuel Macron en avril 2017. © Sipa Press

En quatre jours, le garde du corps du président de la République est devenu l'homme par qui le péril arrive. Les accusations portées contre Alexandre Benalla ont rejailli sur Emmanuel Macron , causant la plus importante crise depuis son élection en mai 2017. La proximité du chef de l'Etat avec ce chargé de mission de 26 ans qui jouait un rôle important dans sa sécurité interroge d'autant plus que le jeune homme a pu se maintenir auprès d'Emmanuel Macron après son dérapage violent.

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Lire aussi - Affaire Benalla : "Macron doit retirer sa réforme de la Constitution"

Le parquet a requis le placement sous contrôle judiciaire d'Alexandre Benalla, qui doit être présenté à un juge dimanche, après deux jours de garde à vue où la PJ l'a pressé d'expliquer les conditions de sa présence avec les forces de l'ordre lors des manifestations du 1er-Mai à Paris. Des images le montrent casqué, portant un brassard de police et un talkie-walkie, avant de molester deux manifestants. Ces derniers - un homme et une femme - ont été identifiés samedi. Ils ont demandé aux enquêteurs à être interrogés ultérieurement. Benalla a aussi à s'expliquer sur la remise des vidéosurveillances du 1er-Mai par trois cadres de la préfecture de police. Ils ont eux aussi été déférés dans la perspective d'une ouverture d'information pour "violence en réunion" et "usurpation de fonctions" et "complicité de détournement d'images issues dun système de vidéoprotection".

Alexandre Benalla a visiblement préparé sa défense

Titulaire d'un master en droit, Alexandre Benalla a visiblement préparé sa défense. Selon plusieurs sources concordantes, il assure que c'est à l'invitation de la préfecture de police qu'il s'est rendu comme "observateur" sur la manifestation. Selon sa version, c'est son "référent" policier, un major de la DOPC (Direction de l'ordre public et de la circulation) censé l'accompagner sur le terrain, qui lui aurait fourni casque, brassard et radio. Enfin, il invoque pour justifier son intervention musclée l'article 73 du code de procédure pénale, qui permet de prêter main-forte aux forces de l'ordre quand les circonstances l'imposent - "Dans les cas de crime ou de délit flagrant […] toute personne a qualité pour en appréhender l'auteur et le conduire devant l'officier de police judiciaire le plus proche."

C'est pour étayer son argumentation que l'ex-gorille du Président semble avoir demandé (et obtenu) les images des caméras de la préfecture, afin d'illustrer la violence des affrontements du 1er-Mai à Paris, place de la Contrescarpe, dans le quartier du Panthéon, où lui-même en est venu aux mains.

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J'ai une merde sur le dos. Je suis allé sur la manif, c'était chaud. Les CRS en prenaient plein la gueule. J'ai pété les plombs

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Quelques semaines plus tôt, avant que Le Monde ne révèle l'affaire, il s'était confié à un haut fonctionnaire dont il est proche, en regrettant son comportement. "J'ai une merde sur le dos, regrettait-il. Je suis allé sur la manif, c'était chaud. Les CRS en prenaient plein la gueule. J'ai pété les plombs." Le témoin précise au JDD : "Il avait conscience qu'il avait fait une connerie. Il savait que les images tournaient sur les réseaux sociaux." A l'époque, l'Elysée lui avait infligé une sanction (deux semaines de mise à pied sans traitement). Mais contrairement à ce qui a été dit par la présidence, il ne semble pas avoir été écarté de ses fonctions - des photos publiées par le journal Paris-Normandie le montrent escortant le couple Macron il y a quelques jours lors d'une visite en province.

Lire aussi - Emmanuel Macron et Alexandre Benalla se sont parlé au téléphone après le début de l'affaire

Perquisition au siège d'En Marche

L'enquête devra trancher entre les différentes versions. Car le scénario de la préfecture de police diverge en plusieurs points de celui de Benalla. Sa présence aux côtés des CRS aurait été négociée par un haut fonctionnaire de la préfecture de Paris, le contrôleur général Laurent Simonin, une de ses relations régulières, qui n'en aurait pas informé ses supérieurs. En outre, il est formellement démenti qu'autre chose qu'un casque lui ait été fourni - d'où tenait-il alors son brassard et sa radio?

Le profil de Benalla a de quoi intriguer. Ancien membre du service de sécurité du PS, il est décrit comme "autoritaire" pour expliquer l'importance qu'il avait prise. Ainsi, il mettait facilement en avant son rôle à l'Elysée pour s'imposer à ses interlocuteurs, y compris policiers. Avocat d'un des fonctionnaires en garde à vue, Thibault de Montbrial a d'ailleurs invoqué samedi "la proximité manifeste entre la plus haute hiérarchie policière et M. Benalla".

Outre l'attribution d'un logement de fonction situé quai Branly, dans l'annexe de l'Elysée où logeait jadis Mazarine, la fille cachée de François Mitterrand, Benalla disposait d'une accréditation du plus haut niveau à l'Assemblée nationale , alors que le chef de l'Etat ne s'y rend jamais. Le président de l'Assemblée s'est retranché derrière l'usage pour expliquer ce fait.

Trois enquêtes sont désormais en cours : celle de la justice, confiée à la PJ, qui a perquisitionné samedi au siège d'En marche, celle de l'Inspection générale de la police nationale et celle du Parlement. Les députés ont convoqué lundi le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb , et le préfet de police, Michel Delpuech. Alexandre Benalla, lui, a dû renoncer à son mariage, prévu samedi à la mairie d'Issy-les-Moulineaux.

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