Paris veut «débitumer» ses cours d’école

La Ville de Paris vient de démarrer des travaux pour verdir trois cours d’école dans les XIIe, XVIIIe et XXe. Objectif : s’adapter aux fortes chaleurs liées au dérèglement climatique.

 Rue Riblette (XXe). Des travaux ont débuté cet été pour enlever une partie du bitume de trois écoles parisiennes et les verdir (ici l’école Riblette). Objectif : créer des îlots de fraîcheur pendant les périodes de chaleur.
Rue Riblette (XXe). Des travaux ont débuté cet été pour enlever une partie du bitume de trois écoles parisiennes et les verdir (ici l’école Riblette). Objectif : créer des îlots de fraîcheur pendant les périodes de chaleur. Laurent Bourgogne/Mairie de Paris.

    Fini les monotones cours d'école parisiennes uniformément recouvertes d'un triste enrobé gris ? La semaine dernière, la Ville de Paris a démarré des travaux pour « débitumer » en partie et verdir davantage les cours de récréation des écoles du 70, avenue Daumesnil (XIIe), du 4, rue Charles-Hermite (XVIIIe) et du 14, rue Riblette (XXe). Objectif : adapter ces espaces aux canicules qui devraient se multiplier dans les années à venir en raison du dérèglement climatique. « C'est un projet enthousiasmant, reconnaît Célia Blauel, adjointe en charge de l'Environnement. J'ai vu ça en Angleterre où les gamins jouent dans l'herbe. A Paris, les cours d'écoles sont très minérales : on veut les rendre plus agréables, plus conviviales. »

    Mais ces chantiers, qui s'inscrivent dans le cadre du Plan climat et de la stratégie de résilience de la mairie, ne prévoient pas de passer au marteau-piqueur l'ensemble des cours d'école. Une partie du bitume sera préservée, notamment pour les leçons de sport ou les jeux de ballon.

    A Riblette (XXe), une école de type Ferry datant de la fin du XIXe siècle où les élèves comme l'équipe éducative ont été consultés, un tiers du bitume sera retiré dans l'une des trois cours pour laisser pousser une pelouse. Autres aménagements prévus dans les établissements tests : des murs végétalisés, des brumisateurs et des fontaines à eau, des bacs à plantes, des ombrières… La pose de nouveaux enrobés poreux et évapo-transpirants sera aussi expérimentée.

    Faire émerger des îlots de fraicheur

    « Notre motivation, c'est de faire émerger des îlots de fraîcheur urbains, poursuit Célia Blauel. Car on constate que l'été, le bitume absorbe la chaleur en journée et la restitue pendant la nuit ce qui empêche la ville de se rafraîchir. »

    Autre intérêt : la présence de moins de bitume permet une meilleure infiltration des eaux de pluie dans les sols. « La conséquence, c'est que les eaux s'écoulent moins dans les égouts et ont donc tendance à moins déborder dans la Seine et la polluer », souligne l'adjointe écologiste, qui rappelle l'objectif de la municipalité de rendre le fleuve accessible à la baignade d'ici à 2024.

    Il faudra néanmoins attendre un peu avant que les 663 cours d'écoles maternelles et élémentaires parisiennes (représentant 600 000 m2) passent au vert. « On étudie déjà la transformation de davantage de cours d'école à l'été prochain, avance Célia Blauel. Mais je pense que cette expérience va faire école partout. On est en train de vivre une révolution culturelle dans l'aménagement urbain. »

    La stratégie de résilience de la Ville va même plus loin puisque le document propose qu'en cas de canicule, les écoles soient ouvertes en dehors du temps scolaire pour se transformer en « oasis de fraîcheur » quand la ville est en surchauffe. « On sait que chaque Parisien est à moins de 200 m d'une école, souligne l'élue parisienne. Cela représente un vrai potentiel pour en faire des jardins de proximité dans les quartiers. »

    Selon une étude récente de Météo France, à la fin du siècle, la température estivale pourrait grimper en moyenne de 5,3 °C dans la capitale.

    Laurent Bourgogne/Mairie de Paris.
    Laurent Bourgogne/Mairie de Paris. Laurent Bourgogne/Mairie de Paris.