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C’est cette face cachée de l’ascension éclair vers le pouvoir du président français qui, soudain, se retrouve en pleine lumière avec la polémique autour de son garde du corps et ex-homme de confiance Alexandre Benalla. Parce qu’il doit beaucoup à cet entourage-commando qui lui ouvrit les portes de l’Elysée, parce qu’il n’a aucune confiance dans les journalistes et parce qu’il veut pousser au plus vite les réformes sur tous les fronts, Emmanuel Macron a laissé une partie de ses proches s’arroger trop de puissance trop vite. Quitte à fermer les yeux sur certains de leurs comportements ou sur de possibles conflits d’intérêts financiers pourtant évoqués dans la presse…
Cette fidélité-là est celle du combattant. Mais elle fait courir deux grands risques dans un pays toujours en effervescence politique comme la France, où l’opposition de droite et de gauche reste en embuscade. Le premier risque est de donner l’impression d’un pouvoir confisqué, autiste, au-dessus des lois et tenté de faire rimer casseurs avec contestation sociale. Un refrain entonné notamment par La France insoumise et son leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon.
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Le second risque est d’accréditer la thèse d’un président quadragénaire amoureux de sa propre puissance, incapable de donner sa confiance et de rassembler en dehors d’un premier cercle d’affidés.
Dans les deux cas, la face cachée de cette disruption française interroge. Le mot «barbouze», qui fit florès sous le général de Gaulle, synonyme de coups bas et de manipulations en tout genre dictés par l’Elysée, est même réapparu. Un an après le début du quinquennat, la «génération Macron» se retrouve soudain happée par une réalité éternelle de la vie politique: la tentation de l’abus de pouvoir.