Tous les dix ans, l'équivalent d'un département français est "artificialisé". Des sols agricoles souvent fertiles sont transformés en zones commerciales, d'habitation, de loisirs, etc. Avec des conséquences souvent irréversibles. Un reportage d'Anne-Laure Chouin.
- Philippe Schmit Secrétaire Général de l’Assemblée des Communautés de France
- Martine Donnette Présidente de l'association En toute franchise, association de défense des petits commerçants et des franchisés
Rediffusion du magasine de la rédaction du 24/11/2017
En France, on estime à près de 10% la surface du territoire artificialisé : les sols artificialisés sont les sols bâtis, revêtus et/ou stabilisés, mais aussi ceux dont la vocation première (naturelle ou agricole) se transforme en se simplifiant ( le passage, par exemple, d'une prairie à une monoculture céréalière). 10% des sols artificialisés, cela laisse 90% du territoire qui ne l'est pas. Sauf qu'un peu partout, les maisons individuelles, les zones d'activités, de loisirs ou de commerce se développent avec des conséquences souvent irréversibles : terres qui ne peuvent plus produire, imperméabilisation des sols, perte de bio-diversité. Ces conséquences sont environnementales et parfois socio-économiques (désertification des commerces de centre ville notamment).
Prise de conscience
Le phénomène commence à être étudié, et également une prise de conscience des élus émerge. Notamment sur le sujet précis des zones commerciales en périphérie des villes, qui a déplacé l'activité économique en dehors des centres, amenant une importance vacance des locaux commerciaux dans les cœurs des communes.
Ce reportage nous emmène à Peynier, petit village de Provence, au pied de la montagne Sainte Victoire, où le maire souhaite implanter sur 15 hectares une zone d'activité qui va imperméabiliser de la terre à vigne, dont certaines classées AOP. Des riverains, accompagnés par la Confédération Paysanne notamment, s'y opposent . Ils estiment que c'est d'abord dans les "dents creuses", ces espaces morcelés non utilisés et dans la continuité du village, qu'il faudrait construire.
Le maire lui, ne préfère pas s'exprimer sur le sujet. Peut être à cause de ce reportage de Zone Interdite
L 'UNAM, qui regroupe les aménageurs privés en France, dénonce le double discours d'un gouvernement qui voudrait limiter l'artificialisation des terres, tout en promouvant une politique de construction de logement. Mais il apparaît que l'essentiel des sols qui se retrouvent artificialisés le sont pour d'autres raisons que pour se loger, c'est ce que nous apprennent des chercheurs de l' IDDRI. Ils étudient les causes et les conséquences de cette artificialisation sur la bio-diversité notamment.
EuropaCity, un projet pharaonique, une artificialisation emblématique
C'est un projet emblématique, au cœur du triangle de Gonesse, une trouée de 700 hectares de terres agricoles entre les aéroports du Bourget et de Roissy : EuropaCity. Porté par la filière immobilière du groupe Auchan et le géant du parc de loisir chinois Wanda, le projet compte bien utiliser ce foncier agricole disponible pour y installer un nouveau centre. Mais les opposants d'EuropaCity sont de plus en plus nombreux. "Utilisons ces terres agricoles pour imaginer l'agriculture de demain aux portes de la ville " plaide notamment le groupement CARMA, qui propose un projet alternatif.
Ardent défenseur du projet, le maire de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, défend une zone qui amènera activité et mobilité aux Gonessiens, puisqu'il s'accompagnerait de la construction d'une des gares du futur Grand Paris Express.
Reportage sur le projet Europa City d'Anne-Laure Chouin, diffusé le 25 septembre 2017
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