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Vers une guerre des monnaies ? La Chine réfute toute manipulation du yuan

Depuis la fin mars, la « monnaie du peuple » a perdu près de 8 % face au dollar. Du pain bénit pour les exportateurs du géant asiatique, en pleine montée des tensions commerciales avec Washington.

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Publié le 24 juillet 2018 à 06h39, modifié le 24 juillet 2018 à 09h17

Temps de Lecture 2 min.

A Pékin, en Chine, le 19 juillet.

D’abord une guerre commerciale et, maintenant, une guerre des monnaies ? « Non coupable », a répliqué Pékin, lundi 23 juillet, après avoir été accusé trois jours plus tôt par le président américain, Donald Trump, de « manipuler » le yuan. « La Chine n’a aucune intention de stimuler ses exportations par des dévaluations compétitives », a répondu le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Geng Shuang.

Les autorités chinoises conservent un pilotage étroit de leur monnaie puisqu’elles fixent chaque jour un cours pivot autour duquel le yuan est autorisé à fluctuer. Mais elles le font, assurent-elles, en prenant en compte les tendances du marché. Voulue ou non, la glissade du renminbi (ou RMB, l’autre nom du yuan) a été nette ces dernières semaines : la « monnaie du peuple » a perdu près de 8 % face au dollar, depuis la fin mars.

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Du pain bénit pour les exportateurs du géant asiatique, en pleine montée des tensions commerciales avec les Etats-Unis. Début juillet, Washington a déjà imposé de nouveaux droits de douane sur 34 milliards de dollars (29 milliards d’euros) de biens chinois importés. Et Donald Trump a répété, le 20 juillet, être « prêt à aller jusqu’à 500 » milliards de dollars…

« Cette dépréciation du RMB arrange la Chine puisqu’elle permet de compenser le coût des hausses de taxes américaines », confirme Bei Xu, analyste à la Société générale. D’autant que l’escalade commerciale intervient à un moment où l’économie chinoise ralentit.

Assouplissement

La deuxième puissance mondiale a vu son produit intérieur brut progresser de 6,7 % au deuxième trimestre, son rythme le plus lent depuis 2016. Les efforts des autorités pour assainir le secteur financier et désendetter l’économie ont pesé sur le crédit. Les défauts d’entreprises se multiplient ; la production industrielle comme l’immobilier sont en plein ralentissement. Soucieuse d’éviter un coup de frein trop brutal, Pékin redonne du mou à sa politique monétaire.

Lundi, la banque centrale chinoise (PBoC) a injecté 502 milliards de yuans (63 milliards d’euros) dans le système bancaire. Fin juin, elle avait déjà libéré 700 milliards de yuans pour soutenir les entreprises et l’activité. Cet assouplissement contribue à faire chuter le RMB face au dollar, alors qu’en même temps la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale des Etats-Unis) est en plein resserrement monétaire.

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Au point de chercher à le « laisser tomber comme une pierre », comme l’a suggéré M. Trump vendredi sur la chaîne CNBC ? Les analystes en doutent. Car si la PBoC tolère cette baisse, elle n’a pas du tout intérêt à ce que le mouvement s’emballe, au risque de voir fuir les capitaux. Le souvenir de l’été 2015 est resté cuisant, quand la dévaluation surprise du yuan avait provoqué une onde de choc sur les marchés mondiaux.

Pékin pourrait privilégier le recours à des recettes plus classiques de soutien à l’activité, quitte à mettre le désendettement en sourdine

En outre, « la Chine veut le soutien des autres pays dans le conflit commercial », affirme Julian Evans-Pritchard, chez Capital Economics, dans une note publiée le 20 juillet. Autrement dit, « elle ne veut pas leur donner l’impression qu’elle sape leurs exportations » en tirant profit d’une monnaie plus faible.

En définitive, Pékin pourrait privilégier le recours à des recettes plus classiques de soutien à l’activité, quitte à mettre le désendettement en sourdine. Lundi, la radio d’Etat rapportait des propos du premier ministre, Li Keqiang, annonçant l’adoption prochaine d’une politique budgétaire plus vigoureuse.

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