Connu pour sa mémoire, l'éléphant est capable de ne jamais oublier une piqûre d'abeille, insecte dont il est parvenu à identifier l'odeur. Il est donc ensuite en mesure de le fuir, une aptitude qui pourrait finalement servir à éviter les mauvaises rencontres entre le pachyderme et... l'être humain. En jouant sur la crainte des éléphants pour les abeilles, les chercheurs pensent avoir trouvé un moyen d'éloigner ces mammifères, par exemple, des zones agricoles.
Un effet sur presque 100% des éléphants étudiés
Ses yeux et sa peau très sensible à l'intérieur de sa trompe rendent l'éléphant particulièrement vulnérable aux piqûres douloureuses et les chercheurs pensent donc que l'éléphant d'Afrique (Loxodonta africana) a appris au fil des siècles à reconnaître les effluves dégagées par une abeille lorsqu'elle est effrayée et prête à sévir avec son dard. Au cours d'une expérimentation de trois mois dans le parc national Kruger en Afrique du Sud, les chercheurs ont suspendu des chaussettes contenant des phéromones d'abeilles, éléments chimiques dégagés par l'insecte lorsque la ruche est considérée en danger. 25 des 29 éléphants qui s'en sont approchés "ont montré des signes typiques de vigilance accrue, d'incertitude et, in fine, se sont éloignés dans le calme", selon un compte-rendu publié le 23 juillet 2018 dans la revue Current Biology.
Une gestion passive et durable des éléphants
Pour s'assurer que les éléphants réagissaient à l'odeur d'abeille et pas simplement à la présence des chaussettes, les scientifiques en ont suspendu d'autres ne contenant pas de phéromones. Cette fois, les pachydermes ont fait preuve de curiosité, allant même parfois jusqu'à les décrocher et les goûter. Des agriculteurs africains ont déjà pris l'habitude de disposer des ruches le long de leurs propriétés pour tenter de protéger leurs cultures des éléphants. "Nos conclusions s'ajoutent aux précédentes études ayant démontré que des ruches actives pouvaient écarter les éléphants des cultures, par exemple, mais ce pourrait être difficile à mettre en oeuvre à grande échelle", a commenté dans un communiqué Mark Wright, professeur d'entomologie à l'université de Hawaï. "Nous espérons étendre ce travail en développant des outils supplémentaires pour une gestion durable et passive des déplacements des éléphants", a-t-il ajouté.