Sans-abris : une situation inédite à Toulouse
Les associations qui viennent en aide aux sans-abris dénoncent une situation exceptionnelle à Toulouse. Il y a un nombre record de gens à la rue à Toulouse cet été et la préfecture n'exécute pas certaines décisions de justice prises en référé pour trouver un toit à des personnes très vulnérables.
"_On estime qu'il y a aujourd'hui près de 400 personnes à la rue à Toulouse__"_, un chiffre qui n'a jamais été atteint pour Thomas Couderette, du CEDIS, le collectif d'entraide et d'innovation sociale. Il y a de plus en plus de familles installées dans des parcs, des halls d'immeubles, des entrées de garage. Le CEDIS et d'autres associations comme la Case de Santé, la Cimade, le DAL ou le collectif Inter Associatif Toulousain tirent la sonnette d'alarme, car pour la première fois, des familles ou des personnes en grande vulnérabilité sont obligées de rester dehors, alors qu’elles ont saisi le tribunal administratif en référé liberté pour faire valoir leur droit à un hébergement d’urgence et qu’elles ont obtenu gain de cause.
Avec une fillette de 3 ans à la rue
C'est le cas de ce Congolais (RDC) de 40 ans qui a fui son pays où il était en danger. Cet homme qui souhaite rester anonyme est arrivé à Toulouse début juin comme demandeur d'asile, avec sa fillette de 3 ans et sa femme enceinte qui a accouché mi juin d'un bébé prématuré. Il a saisi le tribunal administratif de Toulouse. La justice lui a donné raison, mais il est toujours à la rue, plus exactement dans une entrée de garage aux Minimes où il dort avec sa fille (sa femme et son bébé sont encore à la maternité).
J'ai gagné en référé et je suis toujours dehors. Et là je suis inquiet car ma femme vient d'accoucher dans des conditions difficiles, l'enfant est en sous-poids, et moi-même je dors dehors avec une fillette de 3 ans.
Cet homme ne comprend pas pourquoi la préfecture se retrouve à payer des astreintes (les amendes imposées par la justice), "au lieu de lui trouver une solution de logement, qui s’avérerait sans doute moins coûteuse".
Une dizaine de cas
Même interrogation de la part de Saskia Ducos-Mortreuil, une avocate toulousaine qui défend ce genre de dossier. Elle estime qu'il y a eu "une dizaine de cas depuis le début du mois de juillet, de familles qui sont dans une situation d'extrême vulnérabilité, qui ont saisi le tribunal administratif en référé liberté et qui demeurent à la rue" alors que le tribunal a condamné l'état à leur trouver une solution. Pour elle, "_c'est inédit__"_.
Thomas Couderette du CEDIS s'inquiète de voir l'état en arriver à "s’asseoir sur des décisions de justice". Pour lui, c'est d'autant plus grave, que ces personnes à qui la justice donne raison sont très fragiles et vulnérables.
Quand ces personnes se retrouvent à la rue, elles peuvent être victimes de violences, d'agressions sexuelles ou être la proie de proxénètes - Thomas Couderette, collectif Cedis
Quelle explication ?
Pour le représentant du Cedis, la préfecture en arrive là car elle n'a plus d'argent aujourd'hui pour faire face. La préfecture de la Haute-Garonne de son côté n'a pas souhaité répondre directement. Dans un communiqué, elle rappelle qu'il y a eu "une mobilisation sans précédent" en Haute-Garonne durant la période hivernale avec "près de 3000 personnes prises en charge", un recours exceptionnel aux nuits d'hôtels (1071 personnes mises à l'abri) et que "240 places d'urgences ont été pérennisées à l'issue de la période hivernale". Mais sur le problème des décisions de justice non appliquées au cœur de l'été, là, la préfecture ne communique pas.
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