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PMA : pourquoi est-elle plus utilisée dans certains pays que dans d’autres ?

Quarante ans après les débuts de la fécondation in vitro, le nombre d’enfants nés grâce aux diverses techniques d’assistance médicale à la procréation a explosé.

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Publié le 25 juillet 2018 à 07h00, modifié le 29 août 2018 à 10h46

Temps de Lecture 6 min.

Le 25 juillet 1978, il y a quarante ans, une enfant du nom de Louise Joy Brown voyait le jour à l’hôpital d’Oldham, au Royaume-Uni. Son nom s’est depuis étalé sur les couvertures des journaux comme celui du premier « bébé-éprouvette » au monde, conçu par fécondation in vitro (FIV). Cette technique consiste à mettre en contact spermatozoïdes et ovule en laboratoire, puis à transférer les embryons dans l’utérus de la patiente.

Depuis, plus de 8 millions de bébés auraient été conçus de cette façon dans le monde. La FIV, tout comme d’autres techniques de procréation médicalement assistée (PMA), est de plus en plus utilisée par les couples ne parvenant pas à procréer, mais avec de fortes variations selon les Etats. En Europe, l’Espagne est souvent désignée comme le plus actif en la matière. C’est là que s’initient en effet le plus grand nombre de « cycles » d’assistance médicale à la procréation : près de 119 000 en 2015, contre 94 000 pour la France, qui compte 20 millions d’habitants de plus que son voisin ibérique.

L'Espagne, un pays à la tête de la PMA en Europe

Evolution du nombre de cycles de traitement (les données indiquées pour 2015 sont des résultats préliminaires).
Source : ESHRE

Ces données sont récoltées par l’ESHRE, la société européenne de reproduction humaine et d’embryologie. Elle publie chaque année dans la revue Human Reproduction un rapport sur la PMA et calcule notamment le pourcentage que représentent les enfants qui en sont issus dans les naissances annuelles. En Espagne, il représente 6,4 % des enfants qui ont vu le jour en 2014. C’est un peu moins en Belgique, où 4,6 % des nouveau-nés sont concernés. Au contraire, en Irlande ou encore en Roumanie, les enfants conçus grâce à la PMA ne dépassent pas 1 % des naissances annuelles.

Quel pourcentage des naissances représentent les enfants issus de la procréation médicalement assistée ?
Inclut différentes méthodes de procréation médicalement assistée (FIV, ICSI, transfert d'embryons congelés). Données a minima pour les soins transfrontaliers : les informations sont enregistrées dans le pays où le traitement a eu lieu mais il n’est pas certain que toutes les cliniques assurent un suivi des naissances.

Pourquoi de telles différences ? « Les situations entre les pays sont très variables, il est difficile de faire des comparaisons entre eux », relève Françoise Merlet, du pôle assistance médicale à la procréation à l’agence de biomédecine. Les professionnels de l’infertilité signalent toutefois plusieurs facteurs :

  • Les conditions de remboursement

« En France, la prise en charge par la solidarité nationale permet aux couples, quelles que soient leurs ressources, de recourir à l’assistance médicale à la procréation », soutient Françoise Merlet. Un couple peut ainsi effectuer quatre tentatives de fécondation in vitro, à condition que la femme ait moins de 43 ans.

Or le remboursement par l’Etat influe sur le nombre de demandes, comme l’indique la professeure Christine Wyns, cheffe du service de gynécologie-andrologie des cliniques universitaires Saint-Luc, à Bruxelles. En Belgique, l’amélioration de la prise en charge des frais liés à la procréation médicalement assistée, en 2003, a entraîné une hausse du nombre de fécondations in vitro. « Mais dans certains pays, il n’existe pas ou peu de couverture des frais », rappelle-t-elle, ce qui peut priver certains couples de traitement. Par exemple, en Roumanie, où le taux d’enfants nés grâce à l’assistance médicale à la procréation est bien plus faible, le programme national de remboursement ne concerne qu’une seule tentative.

  • La législation 

Les pays les plus actifs dans la PMA font souvent partie de ceux qui autorisent les couples de femmes homosexuelles, ou les femmes seules, à en bénéficier. L’Espagne attire ainsi de nombreux patients et se classe parmi les premiers en Europe dans le traitement de personnes étrangères. « Elles ne peuvent pas recourir à la procréation médicalement assistée dans leur pays, en raison du cadre législatif », explique Irene Cuevas, de la société espagnole de fertilité.

Lire le témoignage de la députée LRM Laurence Vanceunebrock-Mialon : Article réservé à nos abonnés « Ayant vécu la PMA, je sais le parcours du combattant que cela représente pour les lesbiennes »

En effet, de nombreux Etats restreignent l’accès à la PMA en fonction de l’orientation sexuelle, de la situation maritale ou de l’âge des patients. Une femme ne peut, par exemple, bénéficier d’une FIV en France que si elle est en couple hétérosexuel. Le 15 juillet, le député La République en marche Guillaume Chiche avait d’ailleurs annoncé son intention de déposer une proposition de loi pour modifier ce cadre législatif (avant de faire volte-face). Son idée était de permettre à toutes les femmes de recourir à la PMA, comme l’avait promis Emmanuel Macron durant sa campagne pour l’élection présidentielle.

Comprendre la PMA en 8 questions
  • La facilité d’accès aux traitements

L’accès aux traitements influe également sur le nombre de tentatives. En France, hors traitements nécessitant un don notamment d’ovules, « il n’y a pas de liste d’attente », insiste Françoise Merlet, de l’agence de biomédecine. En Espagne aussi, les patients accèdent facilement aux différents traitements : comptez 41 établissements publics et 197 cliniques privées la pratiquant en 2015.

Au contraire, il y a deux ans, la Roumanie comptait 22 centres déclarés, dont 13 permettant le remboursement du traitement. Un rapport de l’ESHRE note d’ailleurs que patients et professionnels du monde médical y plaident « pour un meilleur accès au traitement de l’infertilité et une stratégie nationale sur la fertilité ».

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