“Notre PIB par habitant n’atteint pas encore 20 000 dollars. […] Dans l’intérêt de notre pays, nous faisons appel à votre bon sens”, déclarait un député coréen le 29 août 2003 lors du débat parlementaire précédant le vote sur la semaine de travail de cinq jours. L’accouchement de cette loi s’était fait dans la douleur, dans un climat tendu entre les syndicats, craignant une baisse de salaires, et les entreprises, arguant de l’affaiblissement de leur compétitivité, voire du déclin économique du pays. “Les PME seront les premières touchées”, disait-on également.
Ce sont exactement les mêmes discours que ceux qu’on entend depuis quelque temps au sujet de la réforme des 52 heures [adoptée le 28 février dernier] et entrée en application le 1er juillet pour les entreprises de plus de 300 employés
Rétrospectivement, la semaine de travail de 5 jours [une réforme passée en 2003] a rendu le week-end à beaucoup de Coréens. Ce sont à présent leurs soirées qu’ils espèrent récupérer grâce à la loi du 28 février sur les 52 heures. Celle-ci est-elle capable de changer la société coréenne ? Le worabel [work-life balance], l’équilibre entre le travail et les loisirs, y sera-t-il enfin possible ?
Des salariés surmenés
Cette réforme aurait dû voir le jour en même temps que la semaine de 5 jours. La durée maximale autorisée du temps de travail avant 2004 était de 64 heures [sur 7 jours], autrement dit 44 heures de durée légale, plus 12 heures supplémentaires et 8 heures pour le dimanche. Avec la loi sur les 5 jours de travail, la durée devait passer de 44 heures à 40, mais en réalité elle a eu pour conséquence l’augmentation de la durée hebdomadaire maximale à 68 heures ! Que s’est-il passé ? Comment cela est-il possible ?
Pour comprendre, il faut se poser la question “philosophique” du nombre de jours que contient une semaine. Tout le monde répondra 7… sauf le ministè
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Hankyoreh21 est un magazine d’actualité hebdomadaire créé en 1994 par le groupe de presse Hankyoreh shinmun, avec l’ambition d’aborder les tabous de la société coréenne. En 1999, par exemple, une série d’articles a révélé des massacres de civils par des soldats coréens pendant la guerre du Vietnam. Longtemps en tête des ventes, ce magazine généraliste est aujourd’hui le deuxième hebdomadaire le plus vendu en Corée (24 759 exemplaires annuels d’après les données publiées en 2017), après SisaIn.
Hankyoreh shinmun est également propriétaire du quotidien Hankyoreh qui, créé en 1988, a inauguré une nouvelle ère de la presse coréenne avec des idées progressistes (rapprochement avec la Corée du Nord par exemple) et une présentation révolutionnaire (écriture horizontale et absence de sinogrammes). Le groupe de presse publie par ailleurs Cine21 et le mensuel Economy Insight.