Macron, salaire, bus des Bleus... Alexandre Benalla se confie pour la première fois
Alexandre Benalla, l'ex-collaborateur de l'Elysée au coeur de l'affaire qui touche l'exécutif, s'exprime pour la première fois dans Le Monde. Il reconnait notamment avoir "commis une faute".
Alexandre Benalla dit "assumer" les faits pour lesquels il est mis en examen et voit, dans l'ampleur prise par l'affaire, "une volonté d'atteindre le président de la République, c'est sûr et certain". "Je dis pas que j'ai servi de fusible, je dis juste que ça a servi plusieurs intérêts, un intérêt pour atteindre le président de la République, à un moment pas mal pour lui, une bonne séquence", explique l'ex-collaborateur de l'Elysée dans une interview au Monde , parue jeudi matin. Voici ce qu'il faut retenir de ses déclarations.
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A-t-il le sentiment d'avoir trahi Emmanuel Macron?
"Moi, je n’ai pas le sentiment d’avoir trahi le président de la République, j’ai le sentiment d’avoir fait une grosse bêtise. Et d’avoir commis une faute. Mais cette faute, elle est plus d’un point de vue politique : je n’aurais jamais dû aller sur cette manifestation en tant qu’observateur, puis j’aurais, peut-être, dû rester en retrait."
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Quel est son salaire?
"J'ai un contrat sur toute la durée du mandat, donc cinq ans, rémunéré 6 000 euros net [mensuels, Ndlr], c’est le salaire de tous les chargés de mission."
Quel est son rôle à l'Elysée?
"Je dois m’occuper des affaires privées du président de la République, parce qu’il a une vie à côté de ses fonctions, avec Brigitte Macron, celle d’un Français normal. Il va au théâtre, au restaurant, part en vacances… Je suis toujours présent, avec le groupement de sécurité de la présidence de la République (GSPR) et le service privé du président."
Avait-il les clés de la maison d'Emmanuel Macron au Touquet?
"Non, c’est complètement bidon, ça, je n’ai jamais détenu les clefs! Elles sont à disposition du GSPR. Après il peut arriver qu’il y ait un truc à récupérer, donc il m’est arrivé de les avoir en main, mais je ne les ai jamais détenues, ni eues chez moi."
Sur son logement de fonction
"On met un appartement attribué 'par nécessité absolue de service' à ma disposition, le 8 ou 9 juillet on me remet les clefs. J’avais demandé au directeur de cabinet du président, Patrick Strzoda, s’il était possible d’avoir un appartement, et il m’avait dit 'bien sûr, vu les contraintes liées à vos fonctions, il y a un appartement qui est en train d’être rénové, je vous l’attribue…' Oui, un appartement de 80 mètres carrés, pas 300 comme ça a été dit."
Sur son rôle dans le bus des Bleus
"S’agissant du bus des Bleus, j’ai monté les réunions préparatoires mais je n’ai pas donné l’ordre d’accélérer le rythme du bus! Je suis juste là pour informer l’Elysée s’il y a un problème. Et je ne m’occupe pas des bagages des joueurs!"
Sur sa carte d'accès à l'Assemblée nationale
"C’est une demande de ma part, cette carte. J’en avais bénéficié d’une avant Emmanuel Macron, en tant que collaborateur parlementaire bénévole. Je l’ai demandée tout simplement parce que j’aime aller à la salle de sport de l’Assemblée. C’est peut-être un caprice de ma part, je l’admets."
Sur son intervention place de la Contrescarpe le 1er mai
"Ce qui se passe dans ma tête, c’est 'si on reste là à rien faire, on va être isolés, et en plus, il faut donner un coup de main, on ne va pas laisser faire des délinquants', jeter des projectiles sur un CRS, c’est violences volontaires, c’est un délit puni d’emprisonnement, c’est très clair dans ma tête. Et la faute que je commets à ce moment-là, c’est d’y aller. Et de laisser de côté mes fonctions à l’Elysée. C’est la faute pour laquelle je suis puni ensuite, ce n’est pas parce que j’ai commis un délit, c’est parce que j’ai fait une faute politique, d’image, on peut qualifier cela comme on veut, et de faire abstraction des fonctions qui sont les miennes."
Pense-t-il qu'il a été violent?
"Il n’y a aucun coup. C’est vigoureux. Je conçois que c’est une scène qui peut paraître violente, mais les policiers y sont confrontés des dizaines de fois par jour. Le mec a une force qui est décuplée, il est dans l’adrénaline, il est excité, il a été gazé, il ne veut pas se laisser faire. D’ailleurs, si vous regardez la vidéo, à cinq CRS, équipés et formés à ce type de situation, pendant plus de trente secondes, ils n’arrivent pas à le maîtriser. C’est des débiles, les mecs en face, lui y compris."
Sur ses relations avec Gérard Collomb
"Il me tutoie, il me vouvoie, il alterne, mais là en l’occurrence [dans la salle de commandement le 1er mai au soir, NDLR], il me tutoie. Gérard Collomb m’identifie visuellement, il sait que je travaille à la présidence de la République. Je peux le croiser deux, trois, quatre fois par semaine sur des déplacements ou quand il vient à la présidence. Alors, est-ce qu’on se connaît? Visuellement, oui. Est-ce qu’il sait qui je suis et ce que je fais exactement? Je n’en suis pas sûr."
Sur sa détention des images de vidéosurveillance du 1er mai
"Moi, je ne l’ai pas demandée. Après la publication de l’article du Monde sur Internet, je reçois un appel vers 22 heures de quelqu’un à la préfecture de police, dont je ne citerai pas le nom : “Alexandre, on a la vidéo du gars et de la fille en train de jeter des projectiles sur les CRS, est-ce que tu la veux pour te défendre ?” Bien sûr que ça m’intéresse, si on peut prouver que les gens en face ne sont pas de simples passants mais des casseurs. Je ne sais pas d’où viennent ces images. Je suis en train de dîner dans un restaurant près du Palais et quelqu’un vient me donner un CD. Il n’y a rien écrit dessus, ni 'préfecture de police', ni 'vidéosurveillance'. Ce CD, je ne le regarde pas et je le remets à l’Elysée à un conseiller communication. Ces images n’ont pas été diffusées."
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