Geneviève Brisac : "Le boulot de l’écrivain, c’est de comprendre ce qu’est un humain"

Geneviève Brisac, auteur et journaliste, en mars 1999 à Paris, France. ©Getty - Pool GAILLARDE/REGLAIN / Contributeur
Geneviève Brisac, auteur et journaliste, en mars 1999 à Paris, France. ©Getty - Pool GAILLARDE/REGLAIN / Contributeur
Geneviève Brisac, auteur et journaliste, en mars 1999 à Paris, France. ©Getty - Pool GAILLARDE/REGLAIN / Contributeur
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Geneviève Brisac fait sa Masterclasse en public à la BNF : sa parole scrute l'intime et les soubresauts du monde.

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C’est une histoire qui commence dans une bibliothèque familiale. Une énorme bibliothèque avec des livres recouverts de papier cristal. La jeune Geneviève, « éduquée dans une famille d’intellectuels de gauche anglophiles », est venue rendre visite à son grand-père. Elle aime écouter ce vieil homme bienveillant, qui aime profondément les livres et la littérature. « Quelque chose s’est tissé entre nous autour des livres… », confie G. Brisac, qui relatera cette expérience dans son livre autobiographique Petites  (L'Olivier, 1994).

J’ai la tête remplie de phrases. Italo Svevo se bagarre avec Jean Giono, qui parle à Flannery O’Connor , qui discute avec Carson McCullers. Le résultat de tout cela c’est du Geneviève Brisac...

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Jeune fille sensible et curieuse, Geneviève est en marche vers son destin d’écrivain, ou plutôt de « femme-écrivain » comme elle aime à le rappeler. Car elle a le don de l’écriture et une conscience aiguë  de la place des femmes dans le monde. « Élevée dans une famille où l’on ne parlait pas », dans une atmosphère d’ «irritation et d’agacement », elle écrit pour ses sœurs, des textes pour des spectacles et imagine de bien drôles d’histoires. Grande lectrice, elle se souvient de Montaigne, Baudelaire, Proust, Racine, et son imagination débordante lui donne même envie d’écrire la suite de la Légende des Siècles de Victor Hugo…

Enfant, je n’ai pas fait la différence entre ce que l’on inventait et la réalité. J’ai adoré Patapoufs et Filifers d’André Maurois où deux petits garçons trouvent un escalator dans la forêt de Fontainebleau. J’ai cherché partout cet escalator, je ne l’ai pas trouvé. 

A l’image d’Alice de Lewis Carroll, Geneviève Brisac n’a cessé de passer d’un côté ou de l’autre du miroir, nourrissant ses romans et ses essais d’histoires de femmes, d’enfants et d’enfance (Les Filles 1987, Week-end de chasse à la mère 1996_)_, des histoires traversées de dits et de non-dits, de souvenirs et d’oublis. Pour un écrivain, la connexion à l’inconscient est essentielle, précise-t-elle, sans quoi il n’y a pas de création.

Lorsqu’on lui demande comment elle aborde un projet d’écriture, Geneviève Brisac répond : 

Il y a d’abord la première phrase, qui est décisive. Cela fonctionne un peu comme un tricot, puis il y a une scène, une vision, un paysage, une ligne de mots... 

Une grande part de l’activité de l’écrivain est de ne rien faire. Les livres s’élaborent en rêvassant, en marchant dans la rue, en s’imprégnant de visions. Le boulot de l’écrivain c’est de comprendre ce qu’est un humain, en creusant en lui-même, en observant les autres et en racontant des histoires.

Évoquant son expérience d’éditrice chez Gallimard ou à l’École des Loisirs : 

J’ai toujours comparé ce métier à une forme de jardinage. Cela consiste à percevoir chez les autres, la possibilité d’un talent d’écriture et donc de favoriser sa floraison, dans la durée et la confiance.

La différence entre littérature jeunesse et littérature adulte ? Ce sont deux registres littéraires différents, c’est comme jouer de deux instruments, ou jouer à des octaves différentes.

Au fil de l’entretien, la romancière marche le long d’une faille, d’une ligne de secrets, saluant ici et là quelques auteurs tels que Isaac Bashevis Singer, Virginia Woolf ou Stendhal. La trame littéraire se dessine peu à peu et s’entrelace délicatement avec la vie de l’auteur, dans une alternance de profondeur et de légèreté, de scènes ou de tableaux qui font rire ou qui font pleurer. Et dans une pratique de l’écriture pensée finalement comme une lutte contre la mort.  L’histoire se termine peut-être par un livre en papier cristal, dont les ailes vont se déployer et s’envoler de la bibliothèque familiale…

Sylvain Alzial, Documentation sonore de Radio France

>>> Pour aller plus loin, une sélection d'Annelise Signoret >>>

Biographie proposée par le site de la Maison des écrivains et de la littérature

À l’occasion de la parution de son roman Vie de ma voisine (Grasset, 2017), Geneviève Brisac dialogue avec Muriel Flis-Trèves, psychiatre et psychanalyste. Une rencontre organisée par le Musée d’art et d’histoire du judaïsme.

Grand entretien avec Geneviève Brisac, « femme écho ». A lire sur le site de critique culturelle Diacritik.com

Bibliographie sélective préparée par la Bnf

Le roman pour la jeunesse, selon Geneviève Brisac, éditrice : une vidéo de L’Ecole des loisirs, en ligne sur YouTube

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