Espagne : 600 migrants pénètrent de force dans l’enclave de Ceuta

L’assaut a été particulièrement violent. De la chaux vive a été lancée sur des agents espagnols.

 Beaucoup de migrants ont été blessés aux mains et aux jambes en escaladant la double clôture et ses barbelés.
Beaucoup de migrants ont été blessés aux mains et aux jambes en escaladant la double clôture et ses barbelés. REUTERS/FARO TV.

    Alors qu'il est de plus en plus difficile de pénétrer dans l'Union européenne, la détermination de candidats à l'exil s'accompagne parfois de violence. Ce jeudi, un palier a été franchi à la frontière entre l'enclave espagnole de Ceuta et le Maroc. Plus de 600 Africains sont parvenus à pénétrer dans l'Union européenne après un « assaut » de la double clôture particulièrement violent selon les autorités. Ils ont lancé de la chaux vive, qui provoque des brûlures et des irritations des voies respiratoires, sur les agents espagnols. Du jamais-vu jusqu'ici.

    Ce franchissement de la frontière de Ceuta, hérissée de barbelés, est le plus important depuis février 2017, quand plus de 850 migrants étaient parvenus à pénétrer dans la ville sous administration espagnole au nord du Maroc.

    Près de 800 personnes ont tenté de passer de l'autre côté de la barrière, selon la Garde civile. Une centaine a été stoppée par la police marocaine, d'autres interceptés par les agents espagnols à la frontière et renvoyés au Maroc, et 602 ont finalement atteint le territoire espagnol.

    L'Espagne très convoitée

    L'incident accroît la pression sur l'Espagne, devenue la première porte d'entrée de l'immigration clandestine en Europe, dépassant l'Italie qui, en refusant d'accueillir davantage de migrants, a fermé la route qui passait par la Libye.

    Sur la seule journée de mardi, les services de secours espagnols sont venus en aide à quelque 500 migrants. Selon un décompte de l 'Organisation internationale pour les migrations (OIM) en date du 18 juillet, 18 653 migrants sont arrivés en Espagne par mer depuis le début de l'année.

    Des sortes de lance-flammes, en plus de pierres

    La Garde civile a dénoncé l'emploi de « méthodes virulentes » : selon le communiqué du corps de police espagnol, des migrants ont lancé aux agents « des récipients de plastique avec des excréments et de la chaux vive », utilisé des sprays enflammés à la manière de « lance-flammes » en plus de pierres et de bâtons.

    Quinze agents ont été blessés, dont cinq ont dû être soignés à l'hôpital pour des brûlures au visage et aux bras. Beaucoup des migrants ont été blessés aux mains et aux jambes en escaladant la clôture. Seize ont dû se rendre à l'hôpital, tandis que les autres sont allés au centre de séjour pour migrants où ils peuvent déposer une demande d'asile, précise la Garde civile.

    La fin annoncée des barbelés

    Le gouvernement socialiste a annoncé en juin, à son arrivée au pouvoir, son intention de retirer des barbelés coupants des clôtures de Ceuta et Melilla, les deux villes espagnoles en Afrique du nord, seules frontières terrestres de l'Union européenne avec l'Afrique.

    Le syndicat de gardes civils a reconnu dans un communiqué que cette mesure pourrait être « humanitaire », mais réclame en échange « plus de gardes civils et plus de matériel antiémeutes et de protection ».

    Un jeune homme d’Afrique subsaharienne tout heureux de fouler le sol espagnol. REUTERS
    Un jeune homme d’Afrique subsaharienne tout heureux de fouler le sol espagnol. REUTERS REUTERS/FARO TV.

    Plus grave que la crise de l'euro

    Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell appelle l'Union européenne, pour l'heure profondément divisée sur la question, à adopter une « vraie politique migratoire, avec une perspective de 20 ou 30 ans », tenant compte de l'explosion démographique en Afrique subsaharienne.

    « La crise migratoire, a affirmé le chef de la diplomatie espagnole, est plus difficile à résoudre que la crise de l'euro parce qu'elle est beaucoup plus structurelle, beaucoup plus permanente ».