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Les Fêtes de Bayonne se mobilisent contre les violences sexuelles

Les Fêtes de Bayonne se mobilisent contre les violences sexuelles
Un cours de yoga devant l'hôtel de ville lors des Fêtes de Bayonne 2017. Gaizka Iroz / AFP

Tous les ans, les festivités de la ville de Bayonne drainent des centaines de milliers de personnes dans les rues. Et chaque année, des plaintes sont déposées pour agressions sexistes ou sexuelles. Plusieurs initiatives ont été lancées afin de lutter contre le phénomène.

Prévention, accueil, cours d'autodéfense voire actions en justice aux côtés des victimes : Bayonne se mobilise pour prévenir toute violence sexuelle durant les Fêtes de la ville, l'un des plus grands rassemblements festifs d'Europe qui s'est ouvert ce mercredi.

Les associations n'ont pas attendu l'affaire Weinstein et le mouvement MeToo pour se saisir de la question : pour la deuxième année consécutive, une trentaine de bénévoles se relaieront à des endroits stratégiques du périmètre des fêtes, pour faire de la prévention contre les agressions sexuelles mais aussi accueillir les personnes victimes ou qui se sentiraient en danger.

"Le Planning familial des Pyrénées-Atlantiques a même organisé cette année des cours d'autodéfense pour les femmes" et une quarantaine ont été formées, souligne Marie Pérès, responsable de l'association.

Un soutien de la municipalité

Surtout, la municipalité a fait savoir qu'elle se porterait systématiquement partie civile "dans le cas où une agression à caractère sexiste commise pendant les Fêtes de Bayonne ferait l'objet d'une plainte en justice".

Une demande émanant d'associations à laquelle "nous avons répondu positivement", explique à l'AFP Martine Bisauta, adjointe au maire de Bayonne. "À ma connaissance, aucune autre ville en France n'a mis en place cette initiative, utilisée couramment chez nos voisins du Pays basque espagnol", souligne-t-elle. "De la part de Bayonne, politiquement c'est un geste fort, la ville dit haut et fort aux éventuels agresseurs que leurs gestes criminels ne seront pas impunis", estime Marie Pérès.

"Nous avons tous en tête l'effroyable affaire de Pampelune (Espagne) commise par un groupe d'hommes qui se surnommaient "la Manada" (la meute)", assure-t-elle. En avril, cinq hommes dont un membre de la Guardia civil espagnole ont été condamnés à neuf ans de prison pour "abus sexuels" et "abus de faiblesse" commis sur une jeune fille de 18 ans pendant les fêtes de Pampelune en juillet 2016.

"C'est parce que la ville de Pampelune a exercé une action en justice que le procès a eu lieu", affirme Marie Pérès, bien qu'elle déplore "une condamnation ridicule" qui a d'ailleurs suscité une vague de manifestations en Espagne.

"Peur ou méconnaissance"

"En Espagne, il y a une action appelée "accusation populaire" qui n'existe pas en France et qui permet à quiconque de déclencher l'action publique. C'est, à mon sens, ce que font les mairies en Espagne", décrypte pour l'AFP le procureur de la République de Bayonne, Samuel Vuelta Simon.

En France, l'article 2 du Code de procédure pénale stipule que "l'action civile appartient à tous ceux qui ont personnellement souffert du dommage directement causé par l'infraction". "La loi prévoit aussi que, dans certains cas, les associations de défense peuvent se constituer parties civiles. Pour une mairie ça sera plus difficile", estime le procureur.

Mais pour Mme Bisauta, le maire UDI de Bayonne, Jean-René Etchegaray, avocat de son état, a examiné la question et, selon lui, "ça ne pose aucun problème". Surtout, la démarche de la municipalité "s'inscrit dans un souci d'accompagnement des victimes. Le fait de porter plainte n'est pas si facile. Si la ville est à leurs côtés, elles se sentiront soutenues", insiste l'élue.

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Des agressions sexuelles à chaque édition

Selon M. Vuelta Simon, une dizaine d'affaires d'agressions sexuelles ou viols remontent au parquet chaque année à l'issue des Fêtes de Bayonne, souvent sur fond d'alcoolisation extrême. Deux ou trois dossiers seulement donnent lieu à des poursuites, généralement faute de pouvoir établir précisément les faits.

"Qu'on ne me dise pas que ces actes criminels sont inhérents au nombre de personnes qui participent à ces fêtes (plus d'un million de visiteurs l'an dernier, NDLR). Je suis persuadée que cela se produit aussi dans les petites fêtes de village en France, ça ne se dit pas", renchérit Martine Bisauta.

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