Pourquoi les Champs Élysées méritent le titre de plus belle avenue du monde
EN IMAGES - L'avenue qui relie l'Arc de triomphe à la place de la Concorde est souvent considérée comme étant la plus esthétique de la planète. Elle accueille dimanche la dernière étape du Tour de France. Prisée par les touristes, l'artère est riche d'une histoire et d'un patrimoine unique pourtant délaissés par les Parisiens.
Des centaines de milliers de personnes amassées sur une avenue, théâtre de scènes de liesse incomparables. L'image est belle. Surtout vu de l'étranger. Des millions de touristes déambulent chaque année sur les Champs-Élysées, devenus une destination incontournable pour tous les amateurs de shopping. Mais les Parisiens se font de plus en plus rares. Un problème pour la Mairie de Paris et le comité Champs-Élysées, qui s'emploient à redorer son blason auprès des habitants de la capitale. L'avenue peut-elle être considérée comme la plus belle du monde si les Parisiens eux-mêmes lui refusent ce titre? L'herbe est toujours plus belle chez le voisin, certes. Mais l'artère mythique a des arguments à faire valoir.
À lire aussiLes Champs-Élysées veulent convaincre les Parisiens d'y revenir
Un patrimoine d'exception
Longue d'un peu moins de deux kilomètres et large de soixante-dix mètres, l'artère principale de l'Ouest parisien relie plusieurs monuments incontournables de Paris, de l'obélisque de Louxor jusqu'à l'Arc de triomphe. Son point culminant, la place Charles de Gaulle, anciennement appelée place de l'étoile est le point de convergence de douze avenues. Ce gigantesque carrefour, marquait à la fin du XVIIIe siècle la limite de la capitale. Napoléon Ier y fait édifier un monumental Arc de triomphe pour honorer les victoires militaires françaises. Sa construction est achevée en 1836 par Louis-Philippe. Lieu de spectacle, la place est redessinée au Second Empire. Douze hôtels particuliers, les hôtels des Maréchaux, sont construits. Une architecture volontairement imposante, qui magnifie cette place, sommet des Champs-Élysées.
À l'autre extrémité, la place de la Concorde regorge d'édifices passionnants: l'obélisque du temple de Louxor, cadeau de l'Égypte à la France ; le Palais Bourbon, devenu le siège de l'Assemblée nationale ; les hôtels du Crillon, de la Marine et de Coislin ; ses réverbères, ses fontaines... L'ensemble émerveille les touristes et toujousr autant les Parisiens.
À lire aussiLe Grand Palais sera remplacé par une structure éphémère le temps de sa rénovation
N'oublions pas les vingt hectares de jardins en bas des Champs-Élysées. Statues, fontaines, kiosque à musique, la balade se voulait apaisante. C'est également un lieu incontournable pour ses théâtres, (du Guignol des Champs au théâtre du Rond-Point) et ses musées. Le Petit Palais, celui de la Découverte et bien sûr le Grand Palais et sa splendide verrière, érigé pour l'exposition universelle de 1900.
Cette carte postale idyllique des Champs-Élysées est, il faut bien l'admettre, chamboulée par le déferlement quotidien des voitures, les klaxons et la pollution qui vont avec. Les jardins, «plus ou moins bien entretenus», selon Jean-Noël Reinhardt, le président du comité de l'avenue, ne sont pas près de retrouver leur splendeur. C'est là que sera installée la base des ouvriers affectés au chantier de rénovation du Grand Palais en 2020.
Une artère symbolique
Mais la beauté des Champs-Élysées ne se mesure pas qu'à son patrimoine matériel. C'est probablement son histoire, avec ses heures de gloire et de malheurs qui la parent d'un tel éclat. Construite, en lieu et place de marécages, la future avenue n'est au XVIIe siècle qu'une simple allée bordée de tilleuls et d'ormes. Un siècle plus tard, en 1791 le cortège escortant la famille royale après la fuite de Varennes, passe par les Champs-Élysées. Le début d'une longue série d'événements hautement symboliques.
Au XXe siècle l'artère devient le lieu de la victoire. En 1919, on y célèbre les Fêtes de la Victoire qui rassemblent tous les Parisiens. Mais vingt ans plus tard, c'est dans des circonstances bien plus sombres que les Champs-Élysées apparaissent aux actualités cinématographiques. L'armée allemande parade sur l'avenue victorieuse. L'heure de l'occupation sonne. L'Arc de triomphe ne dit pas son dernier mot. Le 26 août 1945 le général de Gaulle et son entourage descendent les Champs-Élysées pour célébrer la Libération du joug nazi, donnant lieu à des scènes de liesses dans toute la capitale.
L'avenue de toutes les victoires
Chaque année, la victoire militaire est célébrée le 8 mai. Les armées défilent le 14 juillet. Petit à petit, les Champs-Élysées deviennent le lieu de toutes les victoires. Champion de ski, cyclistes... Tous se font photographier sur l'avenue au soir d'un triomphe. C'est bien la victoire de l'équipe de France de football à la Coupe du monde de 1998 qui fédère toute un pays. La France «black-blanc-beur», est associée à ce souvenir d'une avenue noire de monde. Neuf ans plus tôt, le grand défilé signé Jean-Paul Goude pour le Bicentenaire de la Révolution célébrait déjà une France multi éthnique intégrée au monde. Avec pour clou de la soirée, Jessie Norman, drapée dans le drapeau tricolore, chantant La Marseillaise, devant un million de spectateurs et des dizaines de millions de téléspectateurs.
Les Champs-Élysées, ce sont aussi des moments de terreur. Le 17 août 1995, une bombe fait seize blessés en haut de l'avenue de Frieland, une des douze artères de la place de l'étoile. Plus récemment, l'assassinat du policier Xavier Jugelé le 20 avril 2017 avait également profondément ému la France. Pourtant, l'avenue avait perdu de sa superbe. Les habitants de la capitale ont préféré défiler entre la place de la République et la place de la Bastille ou de la Nation aux lendemains des attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, et ceux du 13 novembre 2016 avec des affluences records: plus de 1,5 million de personnes, peut-être 2 millions. Les Champs ont à nouveau connu la foule des grands jours lors de l'hommage rendu à Johnny Hallyday en décembre. Mais c'est avec la nouvelle victoire de l'équipe de France au mondial de football, cet été, que l'avenue a retrouvé l'allure des jours historiques. Une ferveur populaire gargantuesque qui sonnait la résurrection d'une avenue bleu-blanc-rouge, filmée et montrée au monde entier.
De sérieuses concurrentes
La planète regorge d'avenues magnifiques: Broadway à New York, Las Ramblas à Barcelone, la verdoyante Unter den Linden à Berlin, l'immense avenida de los Insurgentes à Mexico et ses 28.8 km de long , la perspective Neski de Saint-Pétersbourg... Donner le titre de la plus belle à l'une ou à l'autre est purement subjectif. La richesse historique et patrimoniale des Champs-Élysées ne l'est pas. Certains diront qu'elle n'est mise en valeur à sa juste mesure, que le ballet incessant des voitures gâche la balade adulée par Joe Dassin. Résidence des âmes vertueuses dans les Enfers, la pureté des Champs-Élysées tente d'exister dans l'enfer parisien.
Sylvain Pereire
le
Ce titre n'est pas mérité
gerard cotton
le
La magie du ciel.
L'instabilité, sa flottaison, la lévitation, sa sinuosité, la puissance, la décadence, les fresques disparues, sol invictus, confèrent au Canal Grande le titre de plus belle avenue du monde quand ce dernier, doré matinal, éclatant au débouché, s'y enfile et vous inonde.
L'eau turquoise.
titou titou
le
Et oui. Comme on peut être fier du Louvre ou de Versailles. C’est certain que la « nouvelle France » ne sera même pas capable d’apprecier Cela. Espérons qu’elle l’entretiendra...