Isabelle Goyon a eu plusieurs vies. Elle a d’abord travaillé dans le domaine de la production audiovisuelle pendant vingt ans, avant de se reconvertir dans le coaching. À 40 ans, elle s’est mise à accompagner les expats dans leur recherche d’emploi à l’international. Et très vite, elle a eu l’occasion de tester sur elle-même les conseils qu’elle leur donnait : elle a suivi son mari, qui travaille pour le ministère des Affaires étrangères, au Gabon, puis aux Pays-Bas, où elle vit aujourd’hui. À leurs côtés, leurs deux enfants, âgés de 5 et 7 ans au moment du départ.

Elle affirme s’être “bien préparée” à partir à l’étranger, notamment grâce à son métier. Mais changer de pays a quand même été assez compliqué.

La plus grosse difficulté est personnelle, c’est le choc culturel. Une fois que l’on est dans un univers complètement différent, que l’on quitte ses repères, on se perd un peu. On remet en question ses valeurs, ce que l’on est soi-même.”

Aider les femmes expatriées

Elle s’est finalement adaptée à la vie à l’étranger et a continué de proposer des séances de coaching en free-lance. Pour elle, arrêter de travailler n’était pas une option : “Je suis travaillomane, le travail c’est un peu le cœur de ma vie.” Si elle conseille ses clients sur de nombreux thèmes, Isabelle Goyon a ses sujets de prédilection. Aider les femmes expatriées – qu’elles soient en postes à l’étranger ou conjointes suiveuses – lui tient particulièrement à cœur. Car on leur propose moins de postes à l’étranger qu’à leurs homologues masculins. Et lorsqu’elles suivent leurs conjoints, elles sont moins accompagnées dans leurs départs.

Pour Isabelle Goyon, les femmes ne doivent surtout pas “attendre que les autres viennent les chercher”. Elles doivent “oser demander, s’informer et communiquer dans les entreprises sur leur projet de partir”. C’est, d’après elle, la clé du succès à l’international.

La quadragénaire en a elle-même fait l’expérience. Avant de partir vivre à l’étranger, elle s’est énormément documentée, notamment sur les sites du ministère des Affaires étrangères, du Cleiss (centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale) ou encore sur des blogs traitant de la culture locale. Elle a même lu les conventions qui liaient la France aux pays dans lesquels elle se rendait.

Une fois sur place, elle a bénéficié de “toutes les aides du ministère des Affaires étrangères”. Membre du bureau de l’Association française des conjoints d’agents du ministère des Affaires étrangères (Afca-MAE), elle a notamment participé à des stages et des formations.

Préparer le retour en France

Son mari et elle ont prévu de rentrer en France l’année prochaine. Tous deux sont conscients que le retour risque d’être difficile, tant au niveau des formalités administratives que de la réadaptation à la vie parisienne. “J’ai accompagné pas mal de gens de retour d’expatriation quand je travaillais à Paris”, explique Isabelle Goyon. “Ils vivent un choc culturel inversé. À l’étranger ils ont changé, mais pendant ce temps, la France aussi s’est transformée.”

Cette problématique se retrouve au sein des entreprises, où “on ne les a pas attendus”. Les ressources humaines ont souvent changé, d’anciens collègues sont montés en grade, et les protocoles ont évolué. Ce qui peut en perturber plus d’un. Isabelle Goyon conseille d’ailleurs aux expats de garder des liens “avec leur famille, leurs amis, mais aussi avec ce qu’il se passe dans leur pays et dans leur entreprise”.