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À Perpignan, la démolition de plusieurs immeubles historiques fait polémique

À Perpignan, la destruction de plusieurs habitations du quartier historique Saint-Jacques dans le cadre d'un vaste programme de réhabilitation fait polémique. Clausier Christian/ABACA

Douze logements ont déjà été démolis dans l'ancien quartier juif de la ville. Les travaux ont cependant été stoppés net vendredi par la mobilisation des habitants du quartier Saint-Jacques et grâce aux messages très médiatiques de Stéphane Bern.

À Perpignan, la destruction de plusieurs habitations du quartier historique Saint-Jacques dans le cadre d'un vaste programme de réhabilitation fait polémique: des interventions de Stéphane Bern aux protestations des habitants reçues en préfecture, la décision de la mairie rencontre de vives oppositions.

«On a peur qu'on nous oblige à partir. On est né ici. On ne veut pas partir», s'est inquiété Nick Giménez, un des patriarches de la communauté gitane qui habite le quartier Saint-Jacques depuis «cinq à six générations». La partie médiévale du centre-ville perpignanais a été choisie parmi 200 quartiers en France pour bénéficier du Plan national de rénovation urbaine (PNRU).

De 2018 à 2024, 24 îlots du quartier Saint-Jacques - soit 483 logements, dont 40% sont inhabités selon la mairie - vont être détruits. Le plan prévoit la construction de 92 logements sociaux, de 92 logements libres et de 52 logements conventionnés.

Grues et pelleteuses à l'appui, douze logements ont déjà été démolis dans l'ancien quartier juif de la ville, aujourd'hui majoritairement occupé par la communauté gitane. Les travaux ont cependant été stoppés net vendredi par les habitants, alors que les opérations de démolitions commençaient rue de l'Anguille, à côté de la place du Puig.

Afin de mettre fin aux tensions, une délégation d'habitants et d'associations de protection du patrimoine a été reçue lundi soir en préfecture, avec des représentants de la mairie: «Ils démolissent des immeubles qui sont insalubres, c'est très bien», concède Nick Giménez. «Mais quand ils vont reconstruire, les loyers ne seront plus les mêmes, on va être obligé de partir» explique-t-il, exigeant une «garantie» d'accès au logement.

À la suite de la réunion en préfecture, «les démolitions vont être stoppées. Il va y avoir très vite une réunion avec les gens du quartier», a expliqué à l'AFP Jean-Bernard Mathon, président de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine artistique et historique roussillonnais (Aspahr).

60% des ménages en dessous du seuil de pauvreté

«C'est un quartier historique qu'on ne doit pas démolir comme cela», a-t-il martelé. Il déplore le manque de réelle «concertation sur le devenir de ce quartier historique», insistant sur le fait qu'il est «possible de restaurer le quartier sans démolir, et pour le même prix», citant comme exemple Bayonne, Marseille ou Lyon.

«Cela s'est fait compte tenu de la situation économique et sociale des quartiers», a répondu à l'AFP Olivier Amiel, adjoint au maire LR de Perpignan chargé du Renouvellement urbain et du Logement. Pour Olivier Amiel, il y avait une «urgence humaine à agir vite. En termes de logement, la moitié du parc est indigne. Des immeubles risquent de s'effondrer. Nous avons fait la chasse aux marchands de sommeil», a-t-il souligné, «le marché est assaini. Maintenant il faut le rénover, y améliorer les conditions de vie». Les opposants à la destruction du quartier ont reçu divers soutiens, notamment celui du présentateur TV Stéphane Bern, chargé d'une mission sur le patrimoine par le président Emmanuel Macron.

« Comment osez-vous ? Quel désastre pour notre patrimoine commun ! »

Stéphane Bern

«Quel scandale M. le maire Jean-Marc Pujol, avait-il dénoncé dans un tweet le 21 juin. Comment osez-vous? Quel désastre pour notre patrimoine commun!». «Que serait aujourd'hui le quartier du Marais à Paris? Restaurer et réhabiliter, c'est créer de l'emploi et offrir des logements de qualité», avait-il ajouté. Le maire de Perpignan a répondu en invitant le présentateur TV «à venir visiter» la ville «et son patrimoine». Stéphane Bern a répondu «avec joie» à cette invitation.

Selon la mairie, 60% des ménages dans le quartier Saint-Jacques sont en dessous du seuil de pauvreté et 70% de la population y est au chômage, taux qui s'élève à 90% chez les jeunes de 16 à 25 ans. Le coût des travaux est évalué à cent millions d'euros, étalés sur sept ans et subventionnés à 24% par l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU).

À Perpignan, la démolition de plusieurs immeubles historiques fait polémique

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19 commentaires
  • VR

    le

    Outre la pauvreté globale des habitants et de leurs logements, il aurait été bien de préciser que dans le quartier Saint Jacques la quasi totalité des bâtiment est construite sans fondation, ce qui fait qu'elles tombent de temps à autre. Alors certainement il y a des moyens de les consolider, mais mon petit doigt me dit que le résultat risque plus de ressembler non pas au Marais, mais au Raval malgré toute la richesse et les efforts d'une ville autrement plus prospère que Perpignan.

  • Vincent NETTER

    le

    Il faut bien faire de la place pour les migrants. Qui exigeront une mosquée.

  • Retraitédu93

    le

    Quand je vois le taux de chômage mentionné, la Seine-Saint-Denis ressemble à un paradis !

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