Plaisir : la locataire raciste faisait vivre un calvaire à la gardienne d’immeuble

Cette femme de 43 ans a agressé et harcelé sa gardienne en raison de sa couleur de peau. Elle a été condamnée à 2 mois de prison ferme.

 Plaisir, quartier du Valibout. Les voisins de la prévenue, inquiétés par son attitude, avaient fait circuler une pétition contre elle.
Plaisir, quartier du Valibout. Les voisins de la prévenue, inquiétés par son attitude, avaient fait circuler une pétition contre elle. LP/L. Mt.

    C'est une femme raciste qui harcelait sa gardienne d'immeuble depuis des mois. Cette Algérienne de 43 ans a été condamnée lundi par le tribunal correctionnel de Versailles à une peine d'un an de prison dont deux mois ferme. Elle était soupçonnée d'avoir, le 2 et le 3 août dans le quartier du Valibout à Plaisir, agressé sa gardienne d'origine africaine en l'agonissant d'insultes racistes.

    Dans le box, Dalila semble perturbée. Mais les psychiatres ne l'ont pas déclarée irresponsable. Cette petite femme aux cheveux blonds décolorés tente de couper la parole à la victime, l'accuse de mentir et applaudit ironiquement les réquisitions du procureur.

    « J'ai mis de la merde partout. Tu dois la ramasser… »

    Les faits qui ont conduit cette agent d'entretien au palais de justice remontent au 2 août. Elle croise sa concierge, Fatoumata dans l'escalier de cet immeuble de la rue Robespierre et lui lance « T'es encore là sale noire », avant de la pousser violemment dans l'escalier. Ce même jour, elle a aussi cassé plusieurs nez de marches dans l'escalier et donné des coups de couteau dans les boîtes aux lettres.

    La gardienne, qui subit les agressions verbales de cette locataire depuis des semaines, appelle la police qui interpelle la locataire raciste. Elle est placée en garde à vue et nie tout avant d'être remise en liberté. Le lendemain, nouvel épisode surréaliste, Dalila vide un conteneur à poubelles. Elle jette des bouteilles en verre en direction de la gardienne et la frappe avec une bouteille en plastique. « J'ai mis de la merde partout, lâche-t-elle. Tu dois la ramasser, sale noire. » Elle sera de nouveau arrêtée par un policier de couleur à qui elle lâchera : « Tout cela, c'est à cause de vous ».

    « C'est très grave qu'une personne puisse remettre en question le droit à travailler et à être respecté en raison de sa couleur de peau »

    Durant cette nouvelle garde à vue, la quadragénaire nie tout avant que les enquêteurs du commissariat ne lui montrent une vidéo de la scène de la poubelle. Elle finit par reconnaître les violences mais assure qu'elle en voulait à la gardienne qui lui aurait fait perdre toutes ses amies en l'accusant d'être une folle. « Je ne suis pas raciste, affirme-t-elle dans la salle d'audience. Je vis et travaille en France depuis vingt ans avec des Africains ». Elle accuse la gardienne de mentir avant de lui demander de faire la paix avec elle.

    Très émue, Fatoumata, une grande femme très digne, est venue raconter au tribunal le calvaire que lui fait vivre cette femme depuis sa prise de fonction dans cet immeuble en février dernier. Elle explique que cette locataire estimait qu'elle ne devait pas être la gardienne parce qu'elle était noire. « Elle m'a dit que les noires c'était la race la plus pourrie de la terre, raconte-t-elle. Au début, je n'ai rien dit. Mais je trouve que c'est très grave qu'au XXIe siècle une personne puisse remettre en question le droit à travailler et à être respecté en raison de sa couleur de peau ».

    Obligation de soins psychiatriques

    Le bailleur résidence Yvelines Essonne rappelle que ces gardiens subissent de nombreuses incivilités mais qu'il est très rare qu'ils en viennent à déposer plainte. Sa représentante rappelle que les voisins de Dalila, inquiétés par son attitude, avaient fait circuler une pétition contre elle.

    En guise de peine complémentaire, le tribunal a interdit à Dalila d'entrer en contact avec la victime avant de lui ordonner de suivre des soins d'ordre psychiatrique.