Le gouvernement souhaite donner à un accès libre à ces produits de première nécessité à toutes les étudiantes. une première mondiale.
Des tampons pour toutes ! Enfin, plus précisément les étudiantes. Le gouvernement écossais a annoncé la mise en place d’un programme destiné à fournir gratuitement des protections périodiques aux 395 000 élèves du pays. Premier pays à mener un tel projet, dont le coût s’élève à 5.2 millions en livre sterling (5.7 millions d’euros), celui-ci a pour objectif de lutter contre la « period poverty ». Traduisez : la précarité menstruelle.
A privilege to meet the articulate & empowered young women from @ArdAcademy who described what tackling period-poverty has meant to them in school…proud to be able to ensure women & girls across Scotland can now experience those benefits too. @ScotGovFairer https://t.co/zU426DnIX2
— Aileen Campbell (@ClydesdAileen) August 24, 2018
« Dans un pays aussi riche que l’Ecosse, il est inacceptable que des personnes soient obligées de lutter pour s’acheter des produits sanitaires de base », déclarait Aileen Campbell, la secrétaire des communautés, en visite à la Ardrossan Academy ce 24 août dans le sud-ouest du pays. « Je suis fière que l’Ecosse prenne la tête du mouvement contre la pauvreté liée aux règles et je salue le soutien des autorités locales, des écoles et des universités. » Des propos confirmés par la Première Ministre écossaise, Nicola Sturgeon : « Les protections périodiques seront gratuites pour toutes dans les écoles, les collèges et les universités« . Tampons, serviettes hygiéniques, serviettes lavables voire coupe menstruelle seront désormais mis à disposition des jeunes femmes dans leur établissement scolaire dès la rentrée.
Les règles, un problème bien-être et de finances
L’objectif est simple : faire en sorte qu’aucune fille ne rate les cours par manque d’accès aux produits périodiques. Une question généralement peu évoquée mais pourtant vitale pour des étudiants dont l’accès aux offres de soin est limitée. Une récente étude de Young Scot, basée sur 2 000 jeunes écossais, montrait qu’un étudiant sur quatre avait des difficultés pour accéder à des produits sanitaires de base, qu’il soit à l’école élémentaire, collège, lycée ou université. Plus criant encore, une étude, menée par le groupe Women for Independance, révélait qu’une femme sur cinq a déjà la précarité menstruelle en raison d’un manque d’argent en Ecosse. Une sur dix renonce à acheter des tampons afin de prioriser d’autres produits, notamment alimentaires. De fait, ces femmes recourent à des vieux vêtements ou même de papier journal en guise de tampon de fortune.
Les conséquences d’un manque d’accès à des soins périodiques sont loin d’être banales. Dans une autre étude, cette fois-ci menée par la marque hygiénique Always via OnePoll.com, soulignait les liens entre précarité menstruelle et dépression ou encore la difficulté de s’insérer professionnellement. Comparant 500 femmes ayant connu la précarité menstruelle avec 500 sans problèmes, les premières sont 44 % à avoir connu des difficultés pour trouver un emploi à la sortie de leurs études. Elles acceptent également plus rapidement la première opportunité professionnelle dans un soucis avant tout alimentaire. Enfin, 39% d’entre elles souffrent de de dépression.
Une initiative unique dans le monde. La France, elle, n’en est pas au même niveau mais connaît progressivement des changements. En 2015, une mobilisation concernant le prix des produits de première nécessité avait poussé l’Assemblée nationale à adopter la baisse de la TVA sur les protections hygiéniques de 20 à 5,5%. Le débat avait fait rage à l’époque, au point de demander la détaxation complète du produit. A Paris, des mairies ont installé des « boites à dons » où l’on peut déposer des protections périodiques.