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"J’en ai vu un paquet, et je me suis demandé, mais qu’est-ce qui se passe ici?": pourquoi les hippocampes, de plus en plus rares, se plaisent autant dans cette péninsule grecque?

En 2007, Vasilis Mentogiannis, plongeur professionnel, travaillait sur un projet d’infrastructure sous-marine dans un petit golfe de la péninsule de Chalcidique, dans le nord-est de la Grèce. Soudainement, un hippocampe est arrivé, puis un autre… "J’étais en train de nager, à une profondeur de 8, 9 mètres, et un hippocampe est passé devant moi. Je me suis dit, 'Wow, c’est génial". Directement après, un autre est passé, puis un autre, puis j’en ai vu un paquet, et je me suis demandé, mais qu’est-ce qui se passe ici ? Et je me suis dit que c’était exceptionnel".

Le plongeur chevronné qui connaît bien les profondeurs au large de la Grèce, explique qu'il est très rare de voir des colonies d’hippocampes nager ensemble. C’est exceptionnel pour une espèce protégée, ravagée par les pratiques de pêche dans la mer Méditerranée. Il a décidé de former une équipe de plongeurs pour tenir des statistiques et documenter les observations.

Les hippocampes vivent bien dans les mers grecques, mais les scientifiques estiment unique le fait qu’il y a une présence stable et continue dans cette zone spécifique, surtout que son environnement pourrait de prime abord être hostile pour cette espèce. Le fond marin est aride et il n’y a pas suffisamment de plantes pour que les hippocampes s’accrochent et se cachent de leurs prédateurs. Il y a toutefois une grande quantité de nourriture. Les hippocampes se nourrissent de plancton et d’organismes aquatiques.


Un habitat artificiel qui leur a fait du bien

En 2010, le village de Stratoni a été inondé, ce qui a poussé des sédiments dans la mer et dans les fonds marins, détruisant partiellement l’habitat des hippocampes. "Un petit groupe se bat pour sa survie sur un petit îlot, c’est comme les derniers des Mohicans", estime Costas Dounas, directeur de recherche au centre de recherché hellénique pour l’institut de biologie marine.

En 2015, avec l’avis de scientifiques, Vasilis Mentogiannis, qui a des notions d’ingénierie mécanique et de géophysique sous-marine, a réalisé un habitat artificiel pour les hippocampes, fait d’un labyrinthe de cordes, de filets et de plantes synthétiques.

Cet habitat artificiel a permis à l'espèce de se maintenir et même d'augmenter leur présence par la suite. "Ils l’ont bien pris, ça a été très utile pour eux, parce qu’ils pouvaient s’enrouler autour, et se camoufler sur la corde", explique-t-il.


Garder les bateaux de pêche à distance

Mentogiannis cherche à monter une campagne officielle pour protéger cet habitat. Cet hiver, des chercheurs devraient se rendre sur le site pour faire de plus amples recherches, explique-t-il. "Il y a quelque chose à faire pour leur protection, c’est certain. On parle d’une toute petite zone, je pense qu’il est possible de garder les bateaux de pêcheurs à distance".

Les hippocampes ont ravi les plongeurs, explique Kostas Katsioulis, l’un des membres de l’équipe. "C’est un phénomène unique, les personnes qui ont plongé avec nous étaient très enthousiastes d’avoir vu les hippocampes, il n’y a pas de sentiment comparable en plongée", raconte-t-il. "On a passé beaucoup d’heures avec, c’est une créature timide, elle tourne le dos à la camera en permanence", ajoute Mentogiannis.

Statoni, un petit village d’un millier d’habitants, est niché dans une région reculée de la Grèce, connue principalement pour ses exploitations minières, notamment sur la vallée qui surplombe le golfe. Mentogiannis explique que les locaux lui ont assuré que par le passé, les hippocampes y affluaient.

Selon l’Union internationale pour la Conservation de la nature (IUCN), cette espèce, Hippocampus hippocampus, ou hippocampe à museau court, est menacée par la disparition de son habitat en raison de la pollution et de la surpêche.

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