Françoise Combes, imaginer l'univers

La Voie Lactée ©Getty - Somphop Viwattanarom
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"On a 200 milliards de neurones, et coïncidence, il y a autant d'étoiles dans la Voie Lactée." Françoise Combes

Avec
  • Françoise Combes Astrophysicienne à l'Observatoire de Paris, professeure au Collège de France et membre de l'Académie des sciences

L'imagination pour les astronomes, c'est leur travail quotidien en quelque sorte. Je pense que depuis la nuit des temps, les hommes se demandent d'où nous venons, quelle est l'origine de l'univers, d'ailleurs de quoi est-il fait ? Et puis où allons-nous ? Si on remonte un peu dans l'histoire, c'est amusant, les gens se sont fait une représentation de l'univers très naïve et simple. 

Françoise Combes est professeur au Collège de France où elle détient la chaire de Galaxies et cosmologie. Elle est aussi enseignante et chercheuse à l'ENS, membre de l'Académie des sciences et présidente du Comité français des unions scientifiques internationales.
C'est donc sur l'univers que porte le cinquième entretien sur l'imagination avec Alain Prochiantz.

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Aujourd'hui nous avons plus de 6 000 exoplanètes confirmées, Démocrite fut l'un des premiers à imaginer des planètes autres que la nôtre, mais même comme cela, on voit bien que l'imagination est toujours en deçà de la réalité. L'imagination des hommes n'est pas aussi vaste que la réalité.

Il est très clair au fil de l'entretien que, possiblement plus que pour les autres disciplines précédemment abordées, l'imagination est plus importante en astrophysique qu'ailleurs, ne serait-ce que pour la puissance que suscitent des représentations de galaxies, de trous noirs et autres pulsars.

L'imagination nous permet d'imaginer qu'il y a des multivers, c'est-à-dire une infinité d'univers, notamment grâce à l'inflation. Parce que, bien évidemment, notre univers nous n'en verrons qu'un, donc tous les multivers, c'est quand même de l’extrapolation métaphysique puisqu'on ne pourra jamais les voir, ça on le sait. Mais l'inflation, c'est la théorie principale pour l'origine du Big Bang, c'est-à-dire que l'univers serait né de rien, du néant, du vide quantique, on s'imagine qu'il y a une inflation qui fait accroître la taille de l'univers. Et cette inflation a pour effet qu'on ne peut plus l'arrêter. 

En astrophysique aussi, l'imagination se dépose sur les formules et permet d'énoncer des éléments du réel bien longtemps avant de pouvoir les découvrir techniquement.  

On avait déjà imaginé les trous noirs avant de les voir, Laplace avait dit le premier que finalement si une étoile s'effondrait sur elle-même, elle allait tomber dans une singularité. La définition du trou noir, c'est un endroit où la masse est tellement concentrée en un point que la vitesse d'échappement est supérieure à la vitesse de la lumière, donc même la lumière ne peut pas sortir, elle va être piégée et donc on appelle ça un trou noir.

En fin d'entretien, Françoise Combes fait montre qu'une telle imagination, avec le renfort des formules mathématiques, rime aussi avec un optimisme raisonné. 

Nous autres astrophysiciens avons une connaissance journalière de l'infinité de l'univers, des tailles et des nombres qui sont gigantesques donc ce n'est pas possible qu'il n'y ait pas de vie ailleurs, qu'il n'y ait pas d'autres mondes.

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