Sur France Inter, Edouard Baer veut donner «un peu de chaleur dans la nuit»

Édouard Baer a quitté la matinale de Radio Nova pour intégrer France Inter à partir de dimanche soir. Son émission « Lumières dans la nuit », en direct des bars de France, promet de la fantaisie…

 Édouard Baer au bar « Le Belair » de la Maison de la Radio où il fait sa rentrée dimanche avec sa nouvelle émission « Lumières dans la nuit » sur France Inter.
Édouard Baer au bar « Le Belair » de la Maison de la Radio où il fait sa rentrée dimanche avec sa nouvelle émission « Lumières dans la nuit » sur France Inter. LP/Jean Nicholas Guillo

    C'est le gros poisson de la rentrée pour France Inter. Après deux ans aux rênes de la matinale de Radio Nova, le comédien-réalisateur-poète-trublion Édouard Baer débarque le dimanche soir de 22 heures à minuit - « et plus si entente », dit-il dans sa promo — dans une nouvelle émission « Lumières dans la nuit ». Avec sa fidèle troupe, l'ébouriffé de 51 ans ambitionne d'être un antidote à l'angoisse du dimanche soir. La première se déroulera ce dimanche soir au bar de la maison de la radio, avant que l'émission, toujours en direct, ne soit délocalisée « dans d'autres lieux de vie et de boissons ». Un réconfort avant les « lundis rugueux et salariés », dixit son animateur.

    Comment s'est passée cette conférence de rentrée de France Inter ?

    EDOUARD BAER. Je n'y étais pas ! J'ai été interdit. Deux vigiles m'en ont interdit l'accès, pourtant mon casier était bon, c'est très violent… J'ai appelé Bolloré, il m'a dit : « Ce n'est pas moi France Inter. » J'ai appelé ensuite Bernard Arnault, François Pinault… J'embrouille tous les patrons des radios privées comme publiques pour comprendre… (rires)

    Passer de Nova à une radio publique, cela change ?

    Je n'ai pas de culture d'entreprise, ça m'angoisse. D'ailleurs, je ne suis pas à l'aise ici dans les locaux dans la journée. Même s'il y a une bonne ambiance, je préférerais toujours tenir un petit cabaret avec une vieille danseuse et un travesti que d'avoir une quotidienne à la télévision ou être chroniqueur radio. Je me sens plus proche de ceux qui font du théâtre de rue à Aurillac (dans le Cantal, NDLR) avec un vieux collant qu'ils n'ont pas changé depuis deux mois. Je veux que cette émission soit comme « Nulle Part Ailleurs » à la grande époque (l'émission de Canal + de 1987 à 2001). Il y avait les Deschiens, Michel Royer, Jamel, moi… toutes ces ambiances coexistaient loin du diktat d'un esprit maison.

    Vous allez faire des délocalisations ?

    Oui, je vais me balader en France. Dans le théâtre, ce que je préfère ce sont les tournées. Il y a beaucoup de villes françaises où le couvre-feu est à 17 heures. Quand la troupe de théâtre arrive, comme dans Molière, c'est un événement. Je veux faire pareil, aller dans des sous-préfectures, comme « Le Jeu des mille francs » que j'écoutais quand j'étais gamin. Il survendait tout, c'était poétique. Et j'adore les villes où l'on parle français dans d'autres pays…

    Vous passez quand même d'une matinale à une émission le soir…

    Cela me permettra de jouer au théâtre en janvier. Je ne voulais pas arrêter la radio. Je cherchais une case intime, tôt le matin ou tard le soir, quand il n'y a plus que la radio comme compagnon. La vie urbaine n'est pas réveillée ou est en train de s'assoupir… J'adorais les émissions de nuit, gamin. J'imaginais Macha (Béranger, NDLR) avec sa petite lumière rouge dans le studio. Maintenant, je décline ça à ma façon.

    Cet horaire le soir permet plus de libertés ?

    On emmène les gens vers le sommeil, donc on n'est pas obligé d'être intéressant (sourire). Et il n'y a pas d'enjeu d'audience, donc moins de formatage à la clé. Ce n'est pas comme dans une matinale. Ici (à France Inter, NDLR), ils sont devenus fous. Quand Hulot démissionne, au lieu de dire : « Merde, on est en train de perdre une chance de sauver la planète », on dit « C'est génial, il l'a dit chez nous… » On devient fou ! Alors que des audiences moins bonnes n'ont jamais signifié que le programme était moins bien.

    « Les Lumières dans la nuit », c'est quoi ?

    Un peu de chaleur dans la nuit… De la conversation avec des gens, ici ou au téléphone, une ambiance de fin de repas de dimanche avec une vingtaine de copains, des sociétaires comme aux « Grosses têtes ». On va inventer aussi des personnages et terminer avec des gens au téléphone qui s'angoissent, des hypocondriaques qui ne veulent pas aller au boulot. Une personne dans les rues sera chargée de faire parler des gens ou de réveiller des quartiers. Et si l'on enregistre dans des bars, c'est pour inviter ceux qui le souhaitent à nous rejoindre…

    Vous avez une image de séducteur fêtard…

    Oui, une image, mais… je ne dialogue pas avec mon image, j'ai assez de souci avec le réel. Attention à la Kim Kardashisation de la société qui consiste à se regarder le nombril en permanence en public ! Fêtard ? Je préfère emmener des gens boire la journée en séchant le bureau à participer à des pince-fesses nocturnes mondains et alcooliques. L'école buissonnière est plus intéressante que la tournée des grands-ducs.

    Comment vivez-vous le dimanche ?

    Je déteste le dimanche car tout est fermé, c'est l'équivalent, en plus petit, du réveillon. Quand j'étais enfant, c'était très dur, très triste, mon père écoutait de la musique classique à la radio et on allait à la messe. Adulte, beaucoup de gueule de bois… et puis jouer au théâtre quand il fait jour en matinée, c'est épouvantable. C'est l'heure des cheveux bleus et des sonotones qui grésillent.