Allemagne : le chef de la diplomatie appelle à la mobilisation contre les «néonazis»

Après une semaine marquée par des manifestations de l’ultra droite à Chemnitz, le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas appelle la majorité silencieuse à se réveiller et à s’exprimer.

 Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. (Illustration).
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. (Illustration). AFP/ROLAND SCHLAGER.

    « Il nous faut quitter nos divans douillets et prendre la parole. » Au lendemain de nouvelles manifestations dans la ville allemande de Chemnitz, devenue l'épicentre de la contestation anti-migrants de l'extrême droite, le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas appelle la population à se mobiliser contre les « néonazis ». Il s'agit, selon lui, ni plus ni moins de défendre les valeurs démocratiques.

    Samedi, ce social-démocrate (SPD) avait appelé à descendre dans la rue en reprenant le slogan « Le cœur plutôt que la haine ». Dimanche, dans un entretien accordé au quotidien Bild, le ministre souhaite que le « coma éveillé de la majorité de la population, qui ne soutient pas les idées de la droite ultra, prenne fin ». « Revoir des saluts hitlériens dans nos rues, c'est une honte pour notre pays », tweete-t-il aussi.

    « Malheureusement, notre société s'est installée dans un confort dont il nous faut sortir » face aux défis de Chemnitz, a encore déclaré le chef de la diplomatie au Bild. La chancelière avait déjà vivement dénoncé mardi « la haine de la rue », en évoquant les scènes d'agression d'étrangers par des sympathisants d'extrême droite.

    11 000 manifestants à Chemnitz. D'un côté, environ 8000 sympathisants de la droite ultra anti-migrants ont marché samedi dans les rues de cette cité saxonne de l'ex-RDA. A l'initiative principalement de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), le rassemblement visait à rendre hommage à un Allemand de 35 ans tué il y a une semaine de coups de couteau. La justice a arrêté dans cette affaire un demandeur d'asile irakien et un Syrien. De l'autre, quelque 3000 sympathisants de gauche ont organisé une contre-manifestation pour dénoncer l'extrême droite. Dix-huit personnes dont trois policiers ont été blessées, selon un bilan établi dimanche par la police. Elle a recensé par ailleurs 37 délits.

    Des militants sociaux-démocrates agressés, un Afghan roué de coups. Outre le journaliste de la chaîne MDR frappé alors qu'il filmait la manifestation d'un balcon, un groupe de militants sociaux-démocrates (SPD)E a été agressé et leurs drapeaux cassés en rejoignant leur bus. Un responsable du parti, Sören Bartol, s'est dit « scandalisé » sur Twitter.

    Un pays divisé. Les échauffourées de Chemnitz illustrent à nouveau les difficultés persistantes d'Angela Merkel sur la question migratoire dans son pays. Alors même que la Chancelière a durci ses positions, l'opposition, et pas seulement à l'extrême droite, continue à lui reprocher sa décision il y a tout juste trois ans - le 4 septembre 2015 - d'ouvrir les portes du pays à plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016.

    La question divise il est vrai profondément son propre camp conservateur, et donc son gouvernement. L'aile droite bavaroise de son parti démocrate-chrétien (CSU) et son ministre fédéral de l'Intérieur Horst Seehofer, ne cessent de la critiquer et de réclamer une politique migratoire plus dure, avec en ligne de mire deux élections régionales en octobre, en Hesse et justement en Bavière.