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Contaminations : « Les zones mortes, prélude d’une planète sans vie »

Les dégâts environnementaux infligés par l’homme sont irréversibles, alertent Gerald Markowitz et David Rosner, deux historiens des sciences américains, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 01 septembre 2018 à 10h57, modifié le 02 septembre 2018 à 17h28 Temps de Lecture 5 min.

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La rivière Athabasca (Canada), d’après une photographie de Samuel Bollendorff.

[Dans le cadre de notre opération « Contaminations », nous avons sollicité deux historiens des sciences, Gerald Markowitz (John Jay College of Criminal Justice) et David Rosner (université Columbia à New York) qui ont consacré toute leur carrière à l’étude des pollutions industrielles, notamment le plomb et les polychlorobiphényles. En janvier, les deux Américains ont mis en ligne des milliers de documents internes de firmes (« Toxic Docs ») qui dévoilent les stratégies des industriels pour dissimuler ces crimes environnementaux. Ils lancent une mise en garde sur les conséquences tragiques de notre usage de la planète.]

La planète est un endroit remarquablement résilient. Au fil des siècles, l’homme en a détruit les forêts naturelles, brûlé les sols et pollué les eaux pour finalement constater que, dans l’ensemble, la planète s’en remettait. Longtemps, les villes se débarrassaient de leurs déchets dans les rivières, tandis que les premières usines construites le long de leurs rives disposaient de ces cours d’eau comme de leurs propres égouts ; autrefois sans vie, ces rivières peuvent retrouver une vie foisonnante pour peu qu’on leur en laisse le temps.

Ceux d’entre nous qui ont atteint un certain âge et ont grandi à New York se souviennent sans doute des bancs de poissons morts qui venaient s’échouer sur les rives de notre fleuve Hudson, zone morte il y a peu encore, et aujourd’hui si belle. Les forêts, rasées pour laisser place à des champs, reviendront vite une fois l’homme parti. Il suffit de se promener dans les bois verdoyants de la Nouvelle-Angleterre et d’imaginer, comme le poète Robert Frost, être les premiers à s’émerveiller de leur beauté pour tomber aussitôt sur des ruines des murets de pierre qui clôturaient autrefois les pâturages.

Une nouvelle réalité ébranle les fondements de notre droit de polluer à volonté en croyant que la nature finira par triompher

C’est alors seulement que nous en prenons conscience : ces arbres sont encore jeunes, et, il n’y a pas si longtemps, l’homme dénudait ces terres pour y développer pâturages et cultures. Nous nous sommes consolés en pensant que l’on pouvait gommer les atteintes que nous infligeons à l’environnement et que la nature pouvait guérir, à condition de la laisser en paix et de mettre fin à nos comportements destructeurs.

Mais une nouvelle réalité ébranle les fondements de notre droit de polluer à volonté en croyant que la nature finira par triompher. Et de plus en plus, cette réalité met au défi ce réconfort sur lequel nous nous étions reposés. Au cours du XXe siècle, nous avons non seulement modifié la surface de la Terre pour satisfaire notre dessein, mais nous l’avons fait de manière irréversible, au point qu’elle pourrait menacer notre existence même. Nous avons créé des environnements toxiques en faisant usage de technologies inédites et de matériaux de synthèse que la planète n’avait jamais connus.

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