Mise à jour : la Fédération Française de Rugby (FFR) et la Ligue Nationale de Rugby (LNR), world Rugby, se sont réunies le 20 décembre 2018 à Paris pour échanger au sujet des accidents et traumatismes qui se multiplient sur le terrain dans ce sport. Cette réunion fait suite au décès, le 12 décembre 2018, du 3è ligne Nicolas Chauvin, espoir du Stade Français de 18 ans, mort sur un terrain des suites d'une fracture cervicale. Deux autres jeunes joueurs (Adrien Descrulhes (17 ans) et Louis Fajfrowski (21 ans)) ont eux aussi perdu la vie respectivement en mai et en août 2018 à la suite de traumatismes durant des rencontres. L'objectif de cette réunion était de "s’assurer que toutes les parties prenantes soient alignées et fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour que le jeu soit le plus sûr possible, pour tous les joueurs de rugby dans le monde et à tous les niveaux" affirme un communiqué de la FFR.
A la suite de cette réunion, a été décidé de faire évoluer les règles de manière à "réduire les chocs par la promotion d’un rugby de mouvement". "La FFR et la LNR ont donc proposé à World Rugby une évolution des règles en baissant la ligne de plaquage au niveau de la ceinture, en interdisant le plaquage à deux joueurs et le plaquage tête contre tête. Le plaqueur devra donc se baisser s’il vient plaquer, au risque d’être pénalisé" précise le texte. Des règles qui pourraient être mises en place dans les compétitions amateur dans un premier temps.
Le communiqué précise également que serait organisé le "forum mondial sur la santé des joueurs et l’évolution des règles" début 2019 en France. Y sera initié "le processus d'examen des éventuelles expérimentations de règles dans le cadre de la prochaine édition de la Coupe du Monde de Rugby".
L'une de ces évolutions possibles, évoquées avant l'été 2018 était la mise en place d'un "carton bleu". Voici l'article que nous avions fait à ce propos :
Un carton "médical" pour les arbitres
"C'est bon, il se relève !" Le joueur n'a pas perdu connaissance. Les habitués des terrains de rugby ont déjà tous entendu ça à de nombreuses reprises. Mais cette fois-ci, l'arbitre sort son carton... bleu ! À la différence du carton rouge ou jaune, il n'est pas question ici de sanctionner le joueur, mais de le protéger. Pour cette saison 2018-2019 de Top 14, les arbitres auront la mission de détecter les comportements révélateurs d'une commotion chez un joueur et pourront le sortir du terrain, sans que ce dernier ne puisse revenir sur la pelouse. Mais pour éviter de trop pénaliser une équipe, le changement qui en résulte ne sera pas comptabilisé dans le nombre de remplacements autorisés lors du match.
Mise à jour : la Fédération Française de Rugby (FFR) et la Ligue Nationale de Rugby (LNR), world Rugby, se sont réunies le 20 décembre 2018 à Paris pour échanger au sujet des accidents et traumatismes qui se multiplient sur le terrain dans ce sport. Cette réunion fait suite au décès, le 12 décembre 2018, du 3è ligne Nicolas Chauvin, espoir du Stade Français de 18 ans, mort sur un terrain des suites d'une fracture cervicale. Deux autres jeunes joueurs (Adrien Descrulhes (17 ans) et Louis Fajfrowski (21 ans)) ont eux aussi perdu la vie respectivement en mai et en août 2018 à la suite de traumatismes durant des rencontres. L'objectif de cette réunion était de "s’assurer que toutes les parties prenantes soient alignées et fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour que le jeu soit le plus sûr possible, pour tous les joueurs de rugby dans le monde et à tous les niveaux" affirme un communiqué de la FFR.
A la suite de cette réunion, a été décidé de faire évoluer les règles de manière à "réduire les chocs par la promotion d’un rugby de mouvement". "La FFR et la LNR ont donc proposé à World Rugby une évolution des règles en baissant la ligne de plaquage au niveau de la ceinture, en interdisant le plaquage à deux joueurs et le plaquage tête contre tête. Le plaqueur devra donc se baisser s’il vient plaquer, au risque d’être pénalisé" précise le texte. Des règles qui pourraient être mises en place dans les compétitions amateur dans un premier temps.
Le communiqué précise également que serait organisé le "forum mondial sur la santé des joueurs et l’évolution des règles" début 2019 en France. Y sera initié "le processus d'examen des éventuelles expérimentations de règles dans le cadre de la prochaine édition de la Coupe du Monde de Rugby".
L'une de ces évolutions possibles, évoquées avant l'été 2018 était la mise en place d'un "carton bleu". Voici l'article que nous avions fait à ce propos :
Un carton "médical" pour les arbitres
"C'est bon, il se relève !" Le joueur n'a pas perdu connaissance. Les habitués des terrains de rugby ont déjà tous entendu ça à de nombreuses reprises. Mais cette fois-ci, l'arbitre sort son carton... bleu ! À la différence du carton rouge ou jaune, il n'est pas question ici de sanctionner le joueur, mais de le protéger. Pour cette saison 2018-2019 de Top 14, les arbitres auront la mission de détecter les comportements révélateurs d'une commotion chez un joueur et pourront le sortir du terrain, sans que ce dernier ne puisse revenir sur la pelouse. Mais pour éviter de trop pénaliser une équipe, le changement qui en résulte ne sera pas comptabilisé dans le nombre de remplacements autorisés lors du match.
L’objectif affiché par la Fédération française de rugby (FFR) avec ce carton bleu est de préserver les joueurs victimes de commotions cérébrales en les protégeant au maximum. Plus d’une centaine de commotions ont été recensées l'année dernière en Top 14. Cela représente environ 40% d’augmentation en deux ans. "On obtient ces chiffres pour deux raisons. Les joueurs ont des gabarits de plus en plus imposants et les chocs deviennent plus violents, mais il y a également plus de suivi et une meilleure détection" explique Jean-François Chermann, neurologue et spécialiste des commotions cérébrales dans le sport.
Une commotion provient d’un traumatisme crânien provoquant une projection du cerveau contre les parois osseuses du crâne. © A. Radafy et al. / Journal de Traumatologie du Sport (2018)
Un carton bleu pour pallier un "protocole commotion" inefficace
Dans l'imaginaire collectif, un choc sans perte de connaissance apparaît rarement comme synonyme d'une commotion cérébrale aux yeux des joueurs et entraîneurs, amateurs comme professionnels. Erreur ! Une commotion cérébrale correspond à un trouble au niveau du cerveau suite à un choc, mais n'est liée à une perte de connaissance que dans 10 % des cas. Ce manque de signes extérieurs ne serait pourtant pas un soucis pour qu'un arbitre détecte une commotion selon le neurologue parisien. "Il n'y a rien de plus facile que de voir visuellement un joueur atteint de commotion. Dans la boxe, ce sont les arbitres qui posent le diagnostic. Il n'y a pas de médecin. Si on a l'impression que le joueur est ailleurs, ou qu'il titube suite à un choc, c'est qu'il y a quelque chose".
Selon Jean-François Chermann, ces nouveaux cartons sont indispensables pour limiter les risques. Pourtant depuis 2012, les joueurs dont l'attitude laisse douter d'un traumatisme sont déjà soumis à un "protocole commotion". L’arbitre ou le médecin de l’équipe décide alors de sortir le joueur du terrain. La victime du choc s'isole avec le médecin, qui a seulement 10 minutes pour décider du retour (ou non) du joueur sur la pelouse. Durant ce temps, le médecin teste la mémoire du joueur, à l'aide de question du type "Quelle équipe a marqué en dernier?" ou encore "Contre quelle équipe avons nous joué la semaine dernière ?". Il évalue également son équilibre en le faisant marcher le long d’une ligne.
"Ce protocole n'est clairement pas suffisant" pour le neurologue. D'après une étude parue en mai 2018, seulement 72 % des joueurs atteints d'une commotion lors d'un match sortent du terrain pour se soumettre à l’exercice. Et parmi les joueurs soumis aux tests, "30 % retournent directement sur le terrain et on ne découvrira leur commotion qu'à la fin du match" avertit M. Chermann. En cause, un temps d'attente entre le choc et l’évaluation du médecin qui permet aux joueurs de retrouver leurs esprits et de passer les tests avec brio. La durée du protocole a été longuement débattue, mais reste sans solution pour le moment. "Certaines commotions ne peuvent être déterminées qu'après 48h" à l’aide de tests neurologiques plus approfondis poursuit Jean-François Chermann. Impossible donc de les diagnostiquer en quelques minutes durant un match. Le carton bleu permettra aux arbitres de sortir définitivement un joueur commotionné sans prendre le risque qu’il passe au travers des mailles du “protocole commotion”.
Le syndrome du deuxième impact
Si le neurologue plaide à ce point pour ce nouveau carton, il évoque une raison principale : il faut absolument sortir le joueur du terrain à la moindre commotion. "Ce n'est pas très grave de faire une commotion... sauf si le joueur en a déjà subi une peu de temps auparavant". Jean-François Chermann expose là le syndrome du deuxième impact qui reste heureusement rare. Ce symptôme toucherait surtout les jeunes (20 ans ou moins), dont le cerveau n'est pas encore arrivé à maturité. "Il faut que le joueur sorte à la moindre commotion. Car lorsqu'il reste sur le terrain, il peut reprendre un choc et c'est là qu'il y a le plus grand risque".
Deux commotions subies à quelques jours d’intervalle peuvent être responsables de ce syndrome et engendrer le décès de l'individu. Parue en 2010 dans le Journal de traumatologie du sport, une étude insiste sur "la nécessité de suivre un programme rigoureux chez les moins de 20 ans" après avoir subi un impact. "Un arrêt complet des activités pendant une semaine quel que soit le grade, puis un retour progressif sans contact, et un retour au jeu au-delà de 21 jours" pour éviter ce syndrome.
À plus long terme, il reste difficile pour les scientifiques d'établir des résultats sur l'impact des commotions et de la pratique sportive. Notamment dans le rugby où les données sur le long terme restent peu nombreuses. "C’est un grand débat. Lorsque quelqu'un déclare une maladie neurodégénérative, Alzeihmer ou Parkinson, c'est difficile de le relier à sa pratique sportive" regrette M. Chermann. Même si de plus en plus d'études semblent démontrer un lien entre les deux.
Des arbitres avec des consignes plus strictes
"Au départ, les arbitres n'étaient pas très favorables à cette mesure" du carton bleu nous confie Jean-François Chermann. Pourtant, "il ne fait que formaliser un aspect de la règle que nous avions déjà, c'est à dire que l'arbitre a la possibilité de sortir de lui-même un joueur" témoigne Laurent Cardona, arbitre de rugby à XV, pour Rugbyrama. "On sait malgré tout que certains membres du staff médical subissent parfois la pression de leur staff sportif. Mais la protection du joueur sera toujours prioritaire, par rapport à toutes les autres notions" poursuit l'homme au sifflet.
Les arbitres ont également reçu des consignes de sévérité en ce début de saison pour limiter les comportements à risques sur le terrain. Laurent Cardona a été le premier arbitre de la saison à infliger un carton rouge lors de la première journée du Top 14, le 25 août 2018, pour un geste dangereux porté au visage d’un adversaire. Ce carton controversé a provoqué de longs débats à cause de sa fermeté. Pour cette nouvelle année rugbystique, "tout choc potentiellement dangereux au niveau du visage ou de la tête, c'est directement carton rouge" témoigne Clément Dossin, journaliste spécialiste du rugby, dans un podcast pour L'Equipe. Une sévérité arbitrale au service de la santé des joueurs.
Le plaquage, geste à risque
Sur le terrain, le geste technique qui entraîne le plus de commotions est le plaquage. Le poste de 3e ligne est le plus à risque. Outre-Manche, la Fédération anglaise de rugby (RFU) a, elle aussi, décidé de prendre de nouvelles directives. La hauteur maximale du plaquage, qui se situait auparavant au niveau des épaules, sera abaissée aux aisselles. La fédération anglaise justifie ce choix suite à un rapport qui a montré que 47% des blessures (dont de nombreuses commotions) surviennent lors des phases de plaquage.
Les avants sont davantage victimes de commotion (63 %) que les arrières (37%). © A. Radafy et al. / Journal de Traumatologie du Sport (2018)
Pour autant, le neurologue reste sceptique. "Je ne pense pas que ce soit une mesure efficace. Les origines d'une commotion sont variables. Plusieurs d'entre elles arrivent lors de plaquages bas, ou lorsque deux joueurs se cognent la tête".
Les amateurs plus vulnérables
Néanmoins, les plus exposés ne sont pas les joueurs du Top 14, entraînés physiquement et mentalement à la quasi-perfection. "Les professionnels possèdent des capacités d'évitement incroyables. Ils s'entraînent chaque jour et savent recevoir les coups" explique Jean-François Chermann. "Mais 99 % des joueurs de rugby sont des amateurs". Le plus gros danger dans la pratique du rugby se situe bien là. Chez les jeunes amateurs qui restent sur le terrain après un violent choc, et dont les commotions ne sont pas forcément détectées.