“Jusqu’à la dernière minute, les forces politiques ont demandé un délai supplémentaire avant la première réunion du nouveau Parlement, aujourd’hui 3 septembre, pour désigner leurs candidats pour les postes en jeu”, rapporte le quotidien irakien Al-Mada.

Ce Parlement, issu des élections législatives du 12 mai dernier, doit désigner d’abord son propre président et les deux vice-présidents, puis le président de la République. Ces votes seront un test pour savoir qui sera, au bout du processus, désigné comme chef de gouvernement.

Le rôle crucial de Washington

Certains titres de la presse irakienne annonçaient déjà la victoire d’une coalition pro-iranienne, entre Nouri Al-Maliki, qui fut Premier ministre entre 2006 et 2014, et Hadi Al-Ameri, à la tête du Fath, qui regroupe des milices pro-iraniennes de Hachd Al-Chaabi [mobilisation populaire]. Ces groupes armés chiites avaient largement contribué à la lutte contre Daech, mais ils sont un chiffon rouge pour beaucoup de sunnites, en raison de leurs exactions.

L’enjeu est de taille, explique le journal saoudien Asharq Al-Awsat :

Soit l’Irak se dissoudra dans l’Iran khomeyniste, soit ce pays réaffirmera à nouveau son existence propre.”

Et de se féliciter que l’Amérique, “qui a la haute main sur l’Irak”, n’est plus l’Amérique du “décadent Obama, mais celle de Trump et de son ministre des Affaires étrangères, le faucon Mike Pompeo. Celui-ci a appelé au téléphone le Premier ministre sortant Haidar Al-Abadi, le leader kurde Massoud Barzani et d’autres personnes afin d’assurer la formation d’une coalition anti-iranienne pour contrer Al-Maliki et Al-Ameri”.

Conditions de vie dramatiques

“L’Iran et les États-Unis cherchent chacun à établir une tutelle sur l’Irak”, estime pour sa part la chaîne qatarie Al-Jazira, qui rappelle également que, pendant qu’ont lieu ces tractations politiques, le pays continue d’être agité par des manifestations contre la corruption et les conditions de vie dramatiques, avec entre autres des coupures d’électricité à répétition et des problèmes de pollution d’eau potable. Or, Al-Maliki aurait finalement jeté l’éponge, selon le quotidien irakien Az-Zaman, qui explique qu’une “vague de défections” a précédé les dernières heures avant la session décisive du Parlement. Des défections qui devraient permettre au Premier ministre sortant Haidar Al-Abadi de se faire reconduire.

Al-Abadi bénéficie surtout du soutien du bloc du leader chiite Moqtada Al-Sadr, allié au parti communiste irakien, qui était arrivé en tête des élections, avec 54 sièges. Sa coalition a également été rejointe par des forces kurdes, mais aussi par Iyad Allawi, un chiite anti-iranien et laïc, ainsi que des chrétiens et des Yézidis. Elle revendique en tout le soutien de 177 députés, sur les 329 que compte le Parlement.