Publicité

Avec sa centrale nucléaire flottante, Rosatom mise sur le succès des petits réacteurs

A Mourmansk, le géant russe du nucléaire civil a présenté l'intérieur de l'Akademik Lomonosov, la première centrale nucléaire flottante du monde.

En septembre 2019, l'Akademik Lomonosov sera remorqué vers l'extrême nord-est de la Russie pour prendre le relais d'unités de production d'électricité vieillissantes.
En septembre 2019, l'Akademik Lomonosov sera remorqué vers l'extrême nord-est de la Russie pour prendre le relais d'unités de production d'électricité vieillissantes. (Nikita Greydin/Rosatom)

Par Benjamin Quénelle

Publié le 6 sept. 2018 à 14:47

Vitalï Troutnev n'a pas de doute : dans le secteur prometteur des centrales nucléaires de petite taille, Rosatom et son Akademik Lomonosov ouvrent de nouvelles voies. « Nous apporterons de l'énergie et donc du développement économique dans les endroits les plus isolés », s'enthousiasme le directeur de la dernière phase de construction de cette massive barge, première centrale nucléaire flottante au monde et fierté du géant russe de l'atome.

A quai dans l'un des ports de Mourmansk, la base militaire du grand nord russe, l'Akademik Lomonosov est en transit prolongé pendant le chargement en combustible. Pour le moment, les équipes s'activent sur ce monstre marin de 21.000 tonnes traversé par 1.200 km de câbles électriques. La barge a toujours sa couleur rouille d'origine, les opérations de peinture devant intervenir à la toute fin de ce chantier. En septembre 2019, elle sera remorquée vers l'extrême nord-est de la Russie pour prendre le relais d'unités de production d'électricité vieillissantes.

Doutes sur le combustible usagé

Publicité

« C'est un projet pilote donc cher, après de nombreuses études et essais techniques. Mais, à terme, la production en série permettra de baisser les coûts et de vendre à l'export », assure Vitalï Troutnev qui, pour la première fois, a reçu un petit groupe de journalistes étrangers dans l'Akademik Lomonosov, impressionnant labyrinthe aux allures de porte-conteneurs. Sur les 12 niveaux de cette barge haute de 30 mètres et longue de 144 mètres, la visite passe des turbines aux salles de contrôle et aux infrastructures devant héberger quelque 300 employés en charge de gérer plus de 270 systèmes différents.

Mais la visite n'inclut pas les deux réacteurs de 35 mégawatts ni surtout les infrastructures pour le combustible usagé. « C'est pourtant là où résident les principaux risques : en cas de tempête, les réacteurs ultra sécurisés ne céderont pas mais qu'en sera-t-il du combustible usagé et des déchets radioactifs ? », s'interroge Andreï Zolotkov, le représentant à Mourmansk de l'association norvégienne Bellona.

Retard

Face aux craintes des défenseurs de l'environnement, Rosatom répond avoir pris toutes les précautions et respecter pleinement les normes internationales. Une longue phase de tests est en partie à l'origine du retard de ce projet lancé en 2006 avec un début de chantier en 2012. « Nous avons tiré les leçons des accidents de Tchernobyl et Fukushima pour renforcer plus encore la sûreté, notamment en cas de mauvaises conditions climatiques », insiste Vitalï Troutnev. Les réacteurs ont notamment été dotés d'un système de refroidissement autonome qui se déclenchera automatiquement en cas d'accident provoqué par une tempête.

Aux yeux de Rosatom, dont le savoir-faire est déjà reconnu pour équiper sous-marins et porte-avions en petits réacteurs, le succès de l'Akademik Lomonosov est clef dans le développement de ses unités mobiles de petit et moyen format. Avec ces modèles de mini-centrales, il vise les zones à l'écart des réseaux de chauffage urbain, des sites industriels ou de dessalement d'eau de mer. « Un vaste marché ! », prévient Vitalï Troutnev, discret cependant sur la facture finale de l'Akademik Lomonosov.

Benjamin Quénelle

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité