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Lumière bleue des écrans : une étude explique ses méfaits et tire la sonnette d’alarme

Publié le 02 Sep 2018 à 08H00 Modifié le 3 septembre 2018
Baignés dans la lumière bleue
Des chercheurs viennent de percer à jour le mécanisme biophysique responsable des dommages sur nos yeux de la lumière bleue des écrans. Préoccupant.

Si l’on savait déjà que la lumière bleue peut altérer le rythme circadien (horloge interne) régulant le sommeil, et que des études cliniques ont lié cette lumière à un risque accru de développer une pathologie rétinienne, la nouvelle étude vient confirmer les craintes d’une manière très concrète et détaillée. Une première.

L’accusée est la lumière dont la longueur d’onde se situe en-dessous de 445 nanomètres – car plus cette longueur est courte, plus l’énergie véhiculée est grande – qui émane des écrans d’ordinateur, tablettes et smartphones. Pire : avec le passage généralisé à l’éclairage LED, cette lumière devient dominante dans nos sociétés technologiques.

Des molécules toxiques dans l’œil

Or la nouvelle étude, effectuée sur des cultures cellulaires in vitro, montre comment ces photons bleus absorbés par la membrane rétinienne produisent, par un mécanisme d’oxydation chimique, des molécules toxiques détruisant nos « photorécepteurs ».

En effet, la rétine est une structure complexe tapissant le fond de l’œil. On y trouve ces cellules photoréceptrices (les bâtonnets et cônes) qui transforment les signaux lumineux en signaux chimiques (molécules), ainsi que de neurones, qui réagissent à ces signaux en les traduisant en influx nerveux (vers le nerf optique), et enfin des cellules gliales.

Selon l’étude, très poussée, les photons bleus ne détruisent pas directement les photorécepteurs, plutôt ils oxydent le milieu rétinien qui libère des molécules toxiques. Par accumulation, ces molécules toxiques peuvent produire à terme une destruction des photorécepteurs, ce que l’on nomme dégénérescence maculaire – chez les personnes âgées on parle de dégénérescence maculaire liée à l’age ou DMLA. Soit une cécité (partielle ou totale) irréversible.

Il est temps de repenser la couleur

Certes, ce mécanisme se produit constamment même sous un éclairage naturel, mais ici c’est une affaire de quantité : les heures passées à regarder ses écrans et/ou leur proximité dépassent de loin ce que l’œil humain est habitué à subir naturellement. Et même si l’on n’est pas un adepte des écrans – ce qui est de moins en moins possible – la lumière bleue de l’éclairage LED, malgré ses vertus pour l’environnement, soumet tout le monde à un risque accru de développer la pathologie.

Il est possible que la recherche médicale développe de nouveaux traitements pour s’en protéger, mais l’industrie liée à l’éclairage et à l’informatique serait bien inspirée de changer de couleur.

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