Au lieu de baisser le taux de sucre dans ses boissons et ne pas payer la "taxe soda" qui vise à lutter contre l'obésité, Cola-Cola a réalisé un tour de passe-passe. Il a rapetissé ses bouteilles. Sauf qu'au lieu de baisser les prix, le groupe a augmenté les tarifs entre 17 et 25 % au lieu des 8 % que génère la taxe. "Coca-Cola se sucre, et ça se voit", note Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution. 

Des bouteilles plus petites au même prix, voire plus chères. C’est le tour de passe-passe qu’a réalisé Coca-Cola pendant l’été. Les bouteilles de 2 litres ont rapetissé pour atteindre 1,75 litre et celles de 1,5 l sont passées à 1,25 l. Or, ces petites bouteilles valent plus chères que leur grande sœur.
"La cohabitation est presque gênante. Depuis quelques jours, les nouveaux formats de Coca-Cola sont implantés aux côtés des anciens. Avec des écarts de prix au litre qui interpellent", a remarqué le site spécialisé Rayon Boissons, "Le coca classique était disponible à 1,19 euro le litre pour le conditionnement 1,25 l contre 1,01 euro pour la bouteille de 1,5 l"
Lipton et Breizh Cola ont préféré réduire la quantité de sucre
En cause, la taxe soda. Cette dernière, datant de 2012 vise à lutter contre l’obésité chez les plus jeunes mais elle a été renforcée en 2017 car jugée pas assez efficace. Ainsi, depuis le 1er juillet 2018 la taxe est indexée sur le taux de sucre dans la boisson alors qu’elle était auparavant fixe. Une mesure qui doit inciter les industriels à baisser la quantité de sucre dans leurs produits.
Cela a fonctionné pour certains groupes qui ont joué le jeu comme Lipton ou Breizh Cola. Mais pas pour Coca-Cola qui a préféré, en toute discrétion, réduire la taille de ses bouteilles. Une technique appelée le "downsizing" évoque Libération, "plutôt que d’augmenter le prix facial d’un produit, on donne moins au consommateur… pour le même prix, histoire que cela se voit moins".
"Coca-Cola se sucre et ça se voit"
L’histoire pourrait s’arrêter là si Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution, n’avait pas remarqué que la taxe ne justifiait pas entièrement la hausse de prix. Alors qu’elle a pour conséquence une augmentation de 8 % du prix, l’expert révèle des prix au litre qui s’envolent de 17 à 25 %. "Coca-Cola se sucre et ça se voit !", note-t-il.
Face à ces pratiques pour le moins douteuses, Michel-Edouard Leclerc avait dénoncé en avril des augmentations de prix inacceptables que "ni la hausse du cours de plastique qui sert à faire les bouteilles, ni la hausse des cours du sucre (au contraire elle a même baissé de 30 % en un an)" ne justifiait. En l’absence d’accord, Coca-Cola avait refusé de livrer l’enseigne. Le distributeur avait alors porté l’affaire devant le tribunal du commerce. 
Marina Fabre @fabre_marina 

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