PATRIMOINE - La catastrophe survenue au Musée National de Rio de Janeiro, dévoré par un incendie lundi 3 septembre, pourrait-elle se produire en France? Des siècles d'Histoire et de mémoire de l'humanité sont partis en fumée, posant la question de la protection des œuvres face aux risques d'incendie.
Au Grand Palais, un système de détection incendie est installé dans l'ensemble du bâtiment, avec "une équipe de sécurité incendie présente 24h/24 et une ligne directe avec les sapeurs-pompiers de Paris" a expliqué au Huffpost Florence Le Moing, chef du service presse à la Réunion des musées nationaux-Grand Palais. "Les équipes sont formées à gérer un décrochage d'urgence des œuvres en cas de nécessité."
Les équipes sont rodées: "Des exercices inopinés d'évacuation du public sont organisés deux fois par an, et le service de sécurité incendie fait l'objet de formations permanentes pour être en capacité de réagir rapidement en cas de crise", ajoute-t-elle.
Vétusté de certains bâtiments historiques
Une stratégie qu'a adoptée également le Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN), même si la problématique est un peu différente car l'ensemble compte treize musées distincts, qui n'ont pas tous le même niveau de protection. "Dans les musées les plus récents, comme le Musée de l'Homme, rénové et rouvert il y a deux ans, nous avons bien entendu mis en place un PC de sécurité incendie dernier cri", précise Pierre Dubreuil, directeur général délégué du MNHN.
Mais ce n'est pas le cas partout. "La Galerie de Paléontologie et d'anatomie comparée, monument historique qui date de 1898, n'a pas été complètement rénovée et comporte plus de fragilités, rappelle-t-il. Nous avons déjà investi un million d'euros pour mettre en place des têtes de détection, des alarmes reliées au PC, des enfumages pour l'escalier, la rénovation partielle de l'électricité etc. Malgré ces travaux conséquents, le bâtiment reçoit l'avis défavorable des autorités et est donc plus fragile."
Le plan de rénovation globale de la Galerie, qui est le plus vieux musée non rénové à Paris, est estimé à 70 millions d'euros. Un budget conséquent, discuté régulièrement avec les autorités de tutelle. "Nous avons rédigé un projet scientifique et culturel, tout est prêt. Mais il nous faut 70 millions d'euros. Et dans le contexte budgétaire actuel, c'est très difficile", reconnait Pierre Dubreuil.
Numérisation des archives
La question des archives, qui semblent également avoir été perdues dans l'incendie de Rio, est centrale. Au Muséum d'Histoire naturelle, la seule sécurité possible, c'est la numérisation. "Nos archives papiers sont conservées dans un bâtiment à part, dans la Bibliothèque centrale, explique Pierre Dubreuil. Mais nous avons aussi un plan de numérisation en cours: notre herbier, qui est le plus grand herbier du monde avec plus de 8 millions de spécimens, est entièrement numérisé. Si un drame survenait, la mémoire de ces objets serait préservée."
Malheureusement, tout n'est pas encore numérisé, toujours pour des raisons de coût. "Quand on perd un objet, c'est dramatique. Au Brésil, nous avons perdu des pièces dont la valeur est inestimable. Mais pire encore, ils ont perdu la mémoire de ces collections et de ces spécimens, puisque toutes les archives ont brûlé. Et c'est perdu à jamais pour l'Humanité."
Le Louvre n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet. "Nous sommes de tout cœur avec nos homologues du musée de Rio", a néanmoins précisé son service de presse.
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