Dans un vieux film de Gene Wilder "The woman in red"*, (sorti en France sous le titre “La fille en rouge” ), le héros perd la tête pour une jolie femme et dévaste sa relation conjugale et familiale. "Nous avons trouvé un effet similaire à celui de "la fille en rouge" chez des poissons syngnathes, dont les mâles tombent ‘enceints’ et qui se traduit par un impact négatif sur le développement de l’embryon", assurent aujourd’hui l’éthologue Nuno Monteiro, du Centre de recherche sur la biodiversité et les ressources génétiques (CIBIO), de l’Université de Porto (Portugal) et ses collègues portugais et suédois dans les Proceedings of the Royal Society B.
Chez les syngnathes de lagune, ou Syngnathus abaster, parents des hippocampes, ce sont les mâles qui incubent les œufs que les femelles déposent dans leur poche. Ils ne les fertilisent qu’une fois bien à l’abri dans leur sac, s’assurant ainsi de leur paternité et n’expulsent les alevins qu’après l’éclosion, au bout de quatre semaines. Toutefois, lorsqu’ils sont mis en présence d’une femelle plus attractive que leur partenaire, ces pères couveurs écourtent leurs "grossesses" et réduisent leur investissement paternel, au point d’affecter le succès reproducteur de leur couple, montrent des expériences en laboratoire et des observations de terrain. Chez ces syngnathes connus pour frayer dans les herbiers marins de l’Atlantique et de la Méditerranée, la "femelle fatale" n'a pas de livrée écarlate, mais seulement noire et blanche. Son sex appeal repose sur ses formes : elle est bien en chair et surtout plus grande que les autres femelles. Un gage de fécondité et de bonne santé adaptative.
Dans un vieux film de Gene Wilder "The woman in red"*, (sorti en France sous le titre “La fille en rouge” ), le héros perd la tête pour une jolie femme et dévaste sa relation conjugale et familiale. "Nous avons trouvé un effet similaire à celui de "la fille en rouge" chez des poissons syngnathes, dont les mâles tombent ‘enceints’ et qui se traduit par un impact négatif sur le développement de l’embryon", assurent aujourd’hui l’éthologue Nuno Monteiro, du Centre de recherche sur la biodiversité et les ressources génétiques (CIBIO), de l’Université de Porto (Portugal) et ses collègues portugais et suédois dans les Proceedings of the Royal Society B.
Chez les syngnathes de lagune, ou Syngnathus abaster, parents des hippocampes, ce sont les mâles qui incubent les œufs que les femelles déposent dans leur poche. Ils ne les fertilisent qu’une fois bien à l’abri dans leur sac, s’assurant ainsi de leur paternité et n’expulsent les alevins qu’après l’éclosion, au bout de quatre semaines. Toutefois, lorsqu’ils sont mis en présence d’une femelle plus attractive que leur partenaire, ces pères couveurs écourtent leurs "grossesses" et réduisent leur investissement paternel, au point d’affecter le succès reproducteur de leur couple, montrent des expériences en laboratoire et des observations de terrain. Chez ces syngnathes connus pour frayer dans les herbiers marins de l’Atlantique et de la Méditerranée, la "femelle fatale" n'a pas de livrée écarlate, mais seulement noire et blanche. Son sex appeal repose sur ses formes : elle est bien en chair et surtout plus grande que les autres femelles. Un gage de fécondité et de bonne santé adaptative.
Sa seule présence dans les parages suffit à jeter le trouble : les "portées" des pères ainsi distraits de leur rôle paternel sont plus petites, leurs rejetons moins nombreux sont aussi plus gringalets. "Nous avons noté des grossesses plus courtes et un nombre d’avortements spontanés plus élevé chez les pères qui avaient pu voir une femelle plus sexy pendant quelques jours", explique Nuno Monteiro. "Chez cette espèce, le père récupère, pour son propre organisme, la ressource dérivée de l’embryon avorté en cours de décomposition (NDLR : des nutriments), cette dernière n’est pas redistribuée entre les petits restants ". Conclusion sur l’ " effet de la femme en rouge " ? Non seulement les mâles "frappés par la vue d’une femelle plus sexy " économisent de l’énergie en vue d’une union potentiellement dotée de plus beaux enfants, mais ils privent de nourriture les rejetons nés d’une précédente union moins prometteuse. De vrais pères indignes ?
Infanticide ou pas…
Cette stratégie de sélection sexuelle post-copulatoire, qui s’opère au détriment des femelles les plus petites et de leur progéniture, contribue possiblement au succès de l’espèce. C’est la première fois qu’elle est démontrée chez des poissons et qui plus est chez des mâles. Il est à noter qu’elle existe également chez les mammifères placentaires sous une variante plus impitoyable, appelée " l’Effet Bruce ", du nom de la zoologue britannique Hilda Margaret Bruce qui l’a décrit chez des souris femelles en 1959. Chez les espèces dont les mâles pratiquent l’infanticide (lions, geladas, lemmings etc), les futures mères bloquent en effet parfois leur grossesse et font des fausses couches. Elles sont face à un dilemme, explique l’évolutionniste américaine, Sarah Blaffer Hrdy : mener leur grossesse à terme au risque de tout perdre ou arrêter d’investir de l’énergie dans la portée en cours**. L’arrêt total de leur grossesse leur permet de minimiser les pertes et de réserver leurs ressources pour une future reproduction avec le mâle dominant, explique l’éthologue Nino Monteiro. Les mâles syngnathes sont bien moins radicaux : ils se débarrassent d’une partie de leurs embryons, mais ne bloquent pas l’incubation de tous les oeufs. La meilleure explication, selon Nuno Monteiro, "c’est que les femelles syngnathes ne tuent pas intentionnellement les rejetons de leurs rivales et que les mâles ‘enceints’ ne sont donc pas soumis à la même pression".
* « The Woman in red » de 1984 est un remake d’Un éléphant, ça trompe énormément, d’Yves Robert (1976)
** A lire « La femme qui n’évoluait jamais », Payot, Janvier 2002.