Hébergement d’urgence : «On assiste à un abandon des familles à la rue»

Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, a cosigné une tribune avec le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

 Florent Guéguen dirige la Fédération des acteurs de la solidarités, qui regroupe 870 associations de solidarité et organismes qui vont vers et accueillent les plus démunis, et gèrent près de 2 800 structures.
Florent Guéguen dirige la Fédération des acteurs de la solidarités, qui regroupe 870 associations de solidarité et organismes qui vont vers et accueillent les plus démunis, et gèrent près de 2 800 structures. DR

    Dans la tribune que vous avez cosignée avec le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, vous reconnaissez que l'Etat a fait des efforts, en matière d'hébergement d'urgence. Ils ne sont selon vous pas suffisants ?

    FFORENT GUÉGUEN. Cela fait plusieurs années que nous dénonçons la politique du thermomètre pratiquée par l'Etat, et qui veut que l'on ouvre beaucoup de places en hiver, mais que des mesures très restrictives soient appliquées à partir du 31 mars. Nous disons nous que le soleil tue autant que le froid, et qu'avec la fermeture des places hivernales, le 115 se voit dans l'obligation de rejeter 80 % des appels à Paris et en Seine-Saint-Denis. Ce à quoi l'on assiste, c'est à un abandon des familles à la rue, c'est très clair.

    Vous dénoncez également les restrictions sur le recours aux nuitées hôtelières. En quoi consistent-elles ?

    En Ile-de-France, la plupart des familles sont hébergées à l'hôtel. On en recense 35 000 à 40 000, sur un total de 45 000 places à l'échelle de la France. Or, dans certains départements, et notamment dans les Hauts-de-Seine, on a vu l'Etat instaurer des critères pour y avoir droit : ainsi fallait-il que les familles comportent un ou plusieurs enfants âgés de moins de 3 ans, ou que la maman soit enceinte, ou encore que l'un des membres souffrent de problèmes de santé avérés. Le résultat de cette politique de lutte des places, c'est que certaines familles se sont retrouvées à dormir dehors.

    Que faudrait-il faire, selon vous, pour que la situation s'améliore ?

    Depuis le début du quinquennat, nous réclamons une loi de programmation budgétaire qui comporterait des objectifs chiffrés pour financer du logement très social et des hébergements pérennes, et des éducateurs sociaux qui puissent suivre les gens et s'assurer qu'ils effectuent les démarches nécessaires à l'obtention du RSA, de l'allocation aux adultes handicapés ou bien de la couverture maladie universelle complémentaire, par exemple. Mais jusqu'à présent, nous n'avons pas été entendus, puisque le gouvernement choisit le logement comme axe d'économie pour 2019.