LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Accusé par Rodrigo Duterte d'être mêlé au trafic de drogue, un maire philippin assassiné

Rodrigo Duterte
Protestation contre la violente répression aux Philippines, à Jérusalem, le 4 septembre 2018. © Ammar Awad / Reuters
Kahina Sekkai

Mariano Blanco, le maire de la ville philippine de Ronda, a été tué dans son bureau. Il avait été accusé, par le président Rodrigo Duterte, d'être mêlé au trafic de drogue.

La «justice carton» jusque dans la mairie ? Mariano Blanco, le maire de la ville de Ronda, dans la province de Cebu aux Philippines, a été assassiné mercredi dans son bureau. Selon le «Phil Star », quatre hommes armés ont fait irruption dans le bureau de l'édile vers 1h30 du matin, ordonnant à deux employés de se coucher au sol. Ils ont retrouvé le maire dans une mare de sang, peu après le départ des assaillants. Le média local donne une piste pour expliquer ce meurtre : en avril 2017, le président Rodrigo Duterte avait cité Mariano Blanco parmi les élus soupçonnés d'être mêlés au trafic de drogue qui ronge le pays, et qu'il s'est donné pour priorité de détruire.

Publicité

Le maire en avait perdu son autorité sur les services de police. Son neveu, et ancien opposant politique qu'il avait accusé en 2016 d'avoir fomenté une tentative de meurtre à son encontre, a été tué en février dernier, rappelle l'AFP. Il défendait un client soupçonné d'être un baron de la drogue. Mariano Blanco est le sixième élu tué depuis le mois de mai aux Philippines. 

La suite après cette publicité

"Tuez-le et je vous offrirai une médaille"

Depuis l'élection de Rodrigo Duterte, les exécutions extrajudiciaires sont nombreuses : la police estime avoir tué plus de 4400 trafiquants et toxicomanes présumés, sans compter ceux et celles tués par les citoyens, incités par le président à agir eux-mêmes. En juin 2016, il avait appelé les Philippins à interpeller les dealers de drogue : «S’il vous plait, ne vous gênez pas pour les arrêter, appeler la police, ou faites-le vous-même si vous avez une arme –vous avez mon soutien complet.» Et en cas de résistance... «vous pouvez le tuer» : «Tuez-le et je vous offrirai une médaille », avait ajouté le président qui avait promis, durant sa campagne, de tuer 100 000 criminels. «Lorsque je serai président, je donnerai l'ordre aux policiers et aux militaires de traquer ces gens et de les abattre», avait-il déclaré.

La suite après cette publicité

Ces paroles provocatrices ont débouché sur la «justice carton» , lorsque le le meurtre d'une personne soupçonnée de consommer ou de trafiquer de la drogue est parfois justifié par un mot écrit sur un carton laissé à côté du cadavre. Les enquêtes liées à ces crimes sont rarement poursuivies. Malgré les appels de la communauté internationale, y compris d'ONG dénonçant un possible crime contre l'humanité, Rodrigo Duterte a maintenu son intransigeance sur la question. 

Contenus sponsorisés

Publicité