Val-de-Marne : visé par des tags homophobes, le maire (PCF) d’Ivry porte plainte

Ces inscriptions ont été découvertes la semaine dernière à plusieurs endroits dans le centre-ville. Une plainte a été déposée par la municipalité, une seconde va l’être par le maire Philippe Bouyssou.

 Ivry. Une série de tags homophobes a été découverte la semaine dernière dans le centre-ville. Les services de la mairie ont porté plainte pour dégradation.
Ivry. Une série de tags homophobes a été découverte la semaine dernière dans le centre-ville. Les services de la mairie ont porté plainte pour dégradation. DR

    Sur le portail d'entrée d'une école, à l'entrée d'un porche, sur la façade d'une association, au détour d'une rue. La semaine dernière, une dizaine d'insultes homophobes visant le maire PCF d'Ivry Philippe Bouyssou ont été découvertes dans le centre-ville. Une série de tags qui déclenche deux plaintes : l'une déposée vendredi par la mairie pour « dégradations », une seconde qui va l'être par le maire pour « injure publique en raison de l'orientation sexuelle ».

    D'autres tags ont également été découverts suite au dépôt de plainte. Mais difficile de savoir s'ils étaient déjà là. Certains des premiers graffitis avaient notamment été signalés par des habitants.

    «C'est l'œuvre de quelqu'un qui nous en veut », plaisante Philippe Bouyssou, mais à moitié seulement. L'élu pense y reconnaître la «patte » d'un seul auteur. Quelqu'un «qui fait en plus un amalgame insupportable entre homosexualité et pédophilie », dénonce l'élu, au sujet d'un graffiti qui comporte une insulte homophone doublée d'un « avertissement » : « attention à vos enfants ».

    La plainte pour dégradations a été déposée contre X au nom de la municipalité. L'enquête a été confiée au service de l'accueil et de l'investigation de proximité du commissariat. «C'est la fonction de maire qui est attaquée », estime Philippe Bouyssou.

    « Je suis homosexuel et ça ne devrait pas être un sujet »

    « Heurté », il va également en déposer une en son nom voyant dans ces insultes une «manifestation d'homophobie traditionnelle ». Mais aussi l'exemple d'une «résurgence de discriminations préoccupante », homophobes mais pas seulement.

    «Je suis homosexuel, et ça ne devrait pas être un sujet, l'homosexualité ne devrait pas être un sujet, estime Philippe Bouyssou qui précise qu'il est « d'abord communiste. Je suis pour l'égalité des droits, dans une société métissée, pleine de liberté ». Et c'est, explique-t-il, la seule chose qui devrait compter. Il évoque aussi la difficulté « de devoir demander aux agents de la ville de regarder s'il n'y a pas eu depuis d'autres inscriptions sur les murs ».

    L'élu estime pourtant que ce type d'insultes «doit être combattu. C'est un sujet politique. C'est pour cette raison qu'il ne faut rien laisser passer. Mais à 52 ans c'est pénible d'en être encore là » souffle Philippe Bouyssou. Qui dit à ce sujet n'aspirer qu'à une seule chose : « la banalité ».

    Alfortville : la plainte de Luc Carvounas pour des tweets homophobes classée sans suite

    Il a été victime lui aussi d'insultes homophobes sur un « mur » : celui du réseau social Twitter. Il y a six mois, le député PS et ancien maire d'Alfortville Luc Carvounas a porté plainte après avoir reçu des insultes en provenance d'un compte.

    « Voilà des mois qu'un utilisateur identifié, signalé sur le réseau social, m'insulte, insulte mon mari et ajoute à ses propos homophobes des propos racistes », avait-il expliqué. Cette plainte a finalement été classée sans suite. « Ce qui est scandaleux c'est que l'auteur a repris son activité avec le même compte où il déverse sa bile sans pour autant qu'il s'agisse de propos homophobes ».

    Il y a trois ans, alors qu'il était sénateur, il avait été le premier parlementaire à se marier avec son compagnon, ce qui lui avait valu « un déferlement de haine » sur les réseaux sociaux. Mais aussi dans la rue : en avril 2017, un Moldave de 23 ans avait été condamné à trois mois de prison avec sursis pour les avoir insultés, lui et son mari, un an plus tôt alors qu'ils marchaient dans le centre-ville.