POMPIERS DE PARIS - À Rio de Janeiro, pompiers et policiers mènent d'intenses fouilles dans les décombres encore fumants du Musée national, ravagé par un incendie dimanche 2 septembre. Un drame qu'essayent d'éviter à tout prix certains pompiers de Paris, qui ont intégré les équipes des principaux grands musées nationaux.
Sur les 8600 pompiers de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), environ 600 sont détachés dans des monuments institutionnels et des musées nationaux. "Parmi nos missions se trouvent la continuité de l'Etat, la sauvegarde des personnes mais aussi la conservation du patrimoine", rappelle le lieutenant-colonel Gabriel Plus. Une mission qu'assurent des brigades spécialement dédiées à ces établissements.
"Dans les musées nationaux, ces pompiers sont chargés de la prévention 24h/24 et 7j/7", explique-t-il. À la fois pour vérifier qu'un sinistre ne s'est pas déclenché, mais aussi pour tester en permanence les dispositifs de prévention: extincteurs, enfumages, alarmes, enfumage et portes coupe-feu. L'objectif, c'est d'intervenir le moins possible."
Chargés de conseiller les musées au quotidien, ils prennent part entièrement à la vie de l'établissement et font partie des équipes. "Ils sont là lors de l'organisation d'une exposition, pour le stockage des œuvres, pour décider de la sauvegarde prioritaire de telles ou telles œuvres en cas de sinistre, inondation ou feu", développe le lieutenant-colonel.
Sur le toit de l'Hôtel des Invalides, ces pompiers font des vérifications anti-incendie. PATRICK KOVARIK / AFP
Pour cela, ils bénéficient d'une double formation. "Ils ont l'expérience opérationnelle de pompiers secouristes comme ceux qui sont en caserne et ils ont une autre formation, celle de 'préventionniste'", explique Gabriel Plus.
Ils font des rondes en continu, et sont les premiers à intervenir. En cas de besoin, ils font le relais avec la BSPP et guident les casernes limitrophes amenées à intervenir en renfort. Mais c'est surtout leur connaissance des bâtiments et des œuvres qui prime. "Ces pompiers sont qualifiés pour mettre en place et connaître sur le bout des doigts les plans de sauvegarde", souligne Gabriel Plus.
Savoir quelle oeuvre sauver en premier
Car dans un musée, on n'intervient pas comme dans n'importe quel bâtiment. "La défense incendie est régulée en fonction de l'importance des œuvres, précise-t-il. On va jouer en cantonnement, en compartimentage, pour sauver le maximum d'œuvres, on va isoler ce qui est en danger de ce qui ne l'est pas. Et si le feu est naissant, on va éviter l'usage de l'eau".
Et surtout, savoir quelles pièces sauver en premier. Chaque plan de sauvegarde est modifié continuellement, en fonction de l'évolution du lieu, des travaux, des expositions temporaires, des œuvres qui arrivent et qui partent, des collections qui changent au quotidien. C'est ce qu'on appelle la "connaissance secteur."
"Ils deviennent passionnés par l'art et le patrimoine"
Les incendies survenus au palais du Parlement de Bretagne en 1994 et au Château de Lunéville en 2003 ont fortement marqué les esprits et renforcé la réglementation. "Les périodes de travaux et de réhabilitation sont les plus à risque, souligne le Lieutenant Colonel. C'était le cas lors de ces deux incendies majeurs."
Les pompiers détachés sont volontaires, mais doivent avoir un certain nombre d'années d'expérience. "Ces postes sont prisés, reconnaît Gabriel Plus. Ce sont en général des pompiers qui ont de l'expérience en centre de secours et qui souhaitent un rythme moins soutenu. Et puis, le fait d'avoir travaillé dans un lieu prestigieux comme le Louvre ou Orsay est un atout pour se reconvertir ensuite."
Ces pompiers sont-ils amateurs d'art? "S'ils ne l'étaient pas en arrivant, ils le deviennent!, raconte-t-il. Ils se promènent dans tous les dédales et toutes les ailes non ouvertes au public et finissent passionnés par l'art et le patrimoine. Ils deviennent complètement acquis à la cause muséale."
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