Cela fait un moment déjà que Venise “ne se vit plus comme une vraie ville”, constate l’hebdomadaire italien Il Venerdì. Sur la lagune, les prix ont explosé, les rues sont envahies de touristes et les commerces de proximité ont été remplacés par des boutiques de souvenirs.

Pour lui donner de l’air, pourquoi ne pas déplacer son centre de gravité sur la terre ferme, à Mestre ? Autrefois, Mestre était une ville à part entière, rappelle le magazine italien. Mais depuis une centaine d’années elle est intégrée à Venise, dont elle constitue la partie résidentielle et populaire.

C’était du moins le cas jusqu’à récemment, puisque de nombreux projets visent désormais à attirer le tourisme à Mestre. En décembre, on inaugurera un musée présenté comme “entièrement multimédia” : le M9. Les hôtels et les auberges de jeunesse se multiplient – “on y attend surtout le tourisme low cost” et les voyageurs les plus jeunes, précise Il Venerdì. Même effet sur les logements proposés sur Airbnb, note La Nuova Venezia : “Comme Venise est saturée, c’est à Mestre que l’offre se développe, avec une croissance à deux chiffres ces dernières années.”

Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, veut construire une dalle au-dessus de la voie ferrée pour y construire un pôle commercial et accueillir les bateaux de croisière dans le port industriel de Marghera, plutôt qu’aux abords de la place Saint-Marc, où ils constituent une menace pour l’environnement.

L’édile, se réjouit : “Grâce aux investissements privés, nous sommes en train de récupérer des zones détériorées.” Peut-être, répond-on dans l’opposition, mais ce développement se fait sans aucune vision à long terme et il fait grimper les prix du logement dans des zones qui se croyaient à l’abri. Le risque, souligne Venezia Today, est de faire de Mestre, comme du centre de Venise, “une destination monofonctionnelle”, uniquement basée sur le tourisme.