L’écrivain Paulo Coelho a réagi mardi 4 septembre, dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian, à l’incendie qui avait détruit l’avant-veille les collections du Musée national de Rio. Romancier parmi les plus lus au monde, l’auteur de L’Alchimiste dénonce dans cette tribune le désintérêt de tout un pays, et en particulier de ses élites, pour son patrimoine culturel.
Rappelant la perte inestimable que représente la destruction du musée (une institution âgée de 200 ans, qui “symbolisait la naissance de la nation”), Coelho y voit non seulement la conséquence d’un manque de moyens dédiés aux institutions culturelles, mais aussi le symbole d’un pays où “le plus grand problème est un manque de culture et d’instruction”.
Ce natif de Rio l’affirme : le Musée national n’a pas seulement été négligé par les autorités politiques ; il a aussi été oublié par les habitants de la ville, et plus généralement du Brésil. “Pourquoi, interroge-t-il, le musée le plus fantastique d’Amérique du Sud, avec ses millions de pièces, sa collection égyptienne et les plus anciens fossiles découverts au Brésil, n’accueillait-il que 154 000 visiteurs par an ?” L’agglomération de Rio de Janeiro, à elle seule, compte 12 millions d’habitants.
À lire Coelho, c’est tout un pays qui doit aujourd’hui s’interroger sur son rapport à la culture, et sur les moyens d’y donner accès.
L’indépendance et la qualité caractérisent ce titre né en 1821, qui compte dans ses rangs certains des chroniqueurs les plus respectés du pays. The Guardian est le journal de référence de l’intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes. Orienté au centre gauche, proeuropéen, il se montre très critique vis-à-vis du gouvernement conservateur.
Contrairement aux autres quotidiens de référence britanniques, le journal a fait le choix d’un site en accès libre, qu’il partage avec son édition dominicale, The Observer. Les deux titres de presse sont passés au format tabloïd en 2018. Cette décision s’inscrivait dans une logique de réduction des coûts, alors que The Guardian perdait de l’argent sans discontinuer depuis vingt ans. Une stratégie payante : en mai 2019, la directrice de la rédaction, Katharine Viner, a annoncé que le journal était bénéficiaire, une première depuis 1998.