“On reproche au gouvernement de négliger notre histoire. Mais nous aussi, le peuple brésilien, avons tendance à nous en désintéresser. Le Brésil est un pays formidable, un beau pays, mais il souffre d’un manque d’instruction. Les pauvres ne vont pas à l’école, encore moins au musée. Les riches vont au musée, mais à Londres, New York ou Paris, pas à Rio ou à São Paulo.”
Paulo Coelho
romancier brésilien

L’écrivain Paulo Coelho a réagi mardi 4 septembre, dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian, à l’incendie qui avait détruit l’avant-veille les collections du Musée national de Rio. Romancier parmi les plus lus au monde, l’auteur de L’Alchimiste dénonce dans cette tribune le désintérêt de tout un pays, et en particulier de ses élites, pour son patrimoine culturel.

Rappelant la perte inestimable que représente la destruction du musée (une institution âgée de 200 ans, qui “symbolisait la naissance de la nation”), Coelho y voit non seulement la conséquence d’un manque de moyens dédiés aux institutions culturelles, mais aussi le symbole d’un pays où “le plus grand problème est un manque de culture et d’instruction”.

Ce natif de Rio l’affirme : le Musée national n’a pas seulement été négligé par les autorités politiques ; il a aussi été oublié par les habitants de la ville, et plus généralement du Brésil. “Pourquoi, interroge-t-il, le musée le plus fantastique d’Amérique du Sud, avec ses millions de pièces, sa collection égyptienne et les plus anciens fossiles découverts au Brésil, n’accueillait-il que 154 000 visiteurs par an ?” L’agglomération de Rio de Janeiro, à elle seule, compte 12 millions d’habitants.

À lire Coelho, c’est tout un pays qui doit aujourd’hui s’interroger sur son rapport à la culture, et sur les moyens d’y donner accès.