C’est une véritable bombe qui vient d’exploser en plein cœur de l’administration Trump. Mercredi, le New York Times a créé la stupeur en publiant le témoignage anonyme d’un haut responsable de la Maison-Blanche qui dénonce “l’amoralité” du président américain.

L’auteur de ce texte, intitulé “Je fais partie de la résistance au sein de l’administration Trump”, explique notamment que plusieurs de ses conseillers ont envisagé d’invoquer le 25e amendement, qui comme le précise le magazine Newsweek, prévoit d’engager une procédure de destitution du président.

Les hauts responsables y auraient finalement renoncé pour éviter de jeter le pays dans une crise constitutionnelle. “C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à faire ce que nous pouvons pour préserver nos institutions démocratiques tout en contrecarrant les impulsions les plus malencontreuses de M. Trump jusqu’à ce qu’il ait quitté son poste” souligne l’auteur de la tribune.

“Un couteau dans le dos” sorti de “Gorge Profonde”

Le New York Times explique avoir pris la décision rare de publier ce témoignage anonyme à la demande du responsable de la Maison-Blanche, dont le quotidien connaît l’identité. ”Nous pensons que publier cet essai est le seul moyen de permettre à nos lecteurs de prendre connaissance d’un point de vue important”, précise le quotidien sur son site Internet.

“C’est un véritable cocktail Molotov métaphorique, un doigt d’honneur, un couteau dans le dos qui a émergé de Gorge Profonde juste après 16 heures, en plein milieu de la semaine de travail” affirme mercredi le Washington Post. Pour les Américains, “ce n’est pas tant le fond de l’article” qui importe ou qui surprend, estime le quotidien. “Mais il s’agit surtout de savoir maintenant qui” se cache derrière cette tribune.

“Chaque haut responsable” désormais dans le viseur de Trump

L’un des rédacteurs en chef de la chaîne américaine CNN, Chris Cilliza, s’est immédiatement lancé dans l’élaboration d’une liste de potentiels suspects. Le journaliste cite notamment Don McGahn, le conseiller juridique de Trump qui collabore activement avec le procureur spécial Robert Mueller sur l’enquête russe, le chef de cabinet de la Maison-Blanche John Kelly “qui s’est disputé plusieurs fois avec le président et dont les jours semblent comptés” au sein de l’administration ou encore le procureur général Jeff Sessions. “Personne d’autre que lui n’a été autant dénigré en public par Trump” estime le journaliste.

Pour Chris Cilliza, une chose est sûre : “Ce petit jeu de devinettes va dominer les cercles officiels à Washington dans les jours à venir. Et chaque personne correspondant au qualificatif de haut responsable au sein de l’administration va devoir se justifier”.

La publication de la tribune anonyme intervient au lendemain de la diffusion de larges extraits d’un livre explosif du journaliste d’investigation Bob Woodward, qui dresse le portrait d’un président colérique et paranoïaque que ses collaborateurs s’efforcent de contrôler, voire de contourner, pour éviter de dangereux dérapages. Comme après la publication des bonnes feuilles de l’ouvrage de Woodward, Donald Trump a réagi avec véhémence mercredi accusant l’auteur de la tribune de “trahison”, sur Twitter.