Un employeur peut-il imposer à ses salariées de venir au travail avec un soutien-gorge ? C’est la question à laquelle va devoir répondre le tribunal des droits de la personne de la Colombie-Britannique, au Canada.
La juridiction a été saisie par Christina Schell, 25 ans, qui affirme avoir été licenciée de son poste de serveuse dans un club de golf d’Osoyoos, dans l’ouest du Canada, pour non-respect du code vestimentaire. Son tort : avoir refusé de venir travailler avec un soutien-gorge, a-t-elle affirmé à CBC News.
Embauchée en mai, elle reçoit le nouveau code vestimentaire de l’établissement, qui impose que « les femmes doivent porter soit un débardeur soit un soutien-gorge sous leur chemise de travail ». Trouvant le soutien-gorge inconfortable, Christina Schell n’en porte plus depuis deux ans. Le directeur du golf, Doug Robb, le remarque et lui explique que cette règle est faite pour protéger les femmes vis-à-vis des clients. « Je sais ce qui se passe dans le club de golf quand il y a de l’alcool », lui dit-il.
Mais Mme Schell refuse toujours ; elle est renvoyée. « Cette règle est basée sur le genre et c’est pourquoi c’est une question de droits humains. J’ai des mamelons, tout comme les hommes », explique-t-elle, attendant qu’une audience soit fixée. Cette affaire n’est pas une première au Canada. En 2016, la commission aux droits de la personne de l’Ontario avait jugé que les codes vestimentaires obligeant les femmes à porter des jupes courtes et des talons étaient illégaux.
« Hypersexualisation »
La situation de Mme Schell entre en résonance avec le mouvement « No Bra » (pas de soutien-gorge) qui incite depuis plusieurs mois les femmes à ne plus porter de soutien-gorge pour plus de confort et de liberté.
Aux Etats-Unis, des lycéennes ont participé en avril à un « bracott », un terme issu de la contraction de bra (soutien-gorge) et de boycott. Le but : se rendre au lycée sans soutien-gorge et avec des tee-shirts à slogan.
Le mouvement a été lancé après que Lizzy Martinez, une lycéenne de Floride, a été expulsée de cours car elle ne portait pas de soutien-gorge. Raison invoquée ? Cela pourrait « distraire » les garçons. La doyenne de l’établissement lui avait demandé de mettre un marcel sous son tee-shirt et de cacher ses tétons avec des pansements. Le soir de cet incident, l’adolescente a raconté ce qui lui était arrivé dans un message sur Twitter qui a, depuis, été relayé plus de 13 000 fois.
Pour évoquer ces affaires, que ce soient celles de Lizzy Martinez ou de la Canadienne Christina Schell, le terme d’« hypersexualisation » est utilisé. Il consiste à donner un caractère sexuel à un comportement qui n’en a pas. Dans un article du New York Times publié en avril, Meredith Harbach, professeure à l’université de Richmond, dans le Tennessee, explique que « ce genre de messages qui cible les jeunes femmes — votre jupe est trop courte, vous semblez trop sexy, vous distrayez les garçons — détourne toute conversation » sur le comportement mutuellement respectueux que doivent avoir les femmes et les garçons. Que ce soit dans un lycée ou dans un club de golf.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu