Cancer du sein. Elles témoignent

Par Béatrice Pellan

Catherine et Lucie ne se connaissent pas. Mais elles ont au moins un point commun : ces deux Brestoises ont été atteintes d’un cancer du sein. Le diagnostic, le parcours de soins, et puis la vie, « après »… Parce que partager ses expériences personnelles est si précieux pour les malades, elles témoignent, à l’occasion d’Odyssea, ce dimanche, cette grande manifestation pour la collecte de fonds. Sachant que chaque histoire est unique.

Cancer du sein. Elles témoignent
(Photo d’illustration/Archives/François Destoc)

Catherine, Brestoise de 61 ans

Dans quelles circonstances avez-vous appris que vous étiez atteinte d’un cancer du sein ?

J’ai des problèmes de kystes au sein gauche, du coup je faisais un dépistage tous les ans depuis l’âge de 40 ans. À 58 ans, j’avais vu mon gynéco en janvier, il n’avait rien détecté de spécial. Puis j’ai remarqué qu’un petit kyste revenait, et j’ai fait une mammographie en novembre. En décembre, j’étais opérée. De plus, des ganglions lymphatiques ont été enlevés, l’un était touché. La tumeur n’était pas réactive à la chimiothérapie. Je n’ai eu que de la radiothérapie, et comme c’est un cancer hormono-dépendant, j’ai un traitement hormonal qui me donne des bouffées de chaleur, des trous de mémoire, une fatigue excessive… C’est assez lourd à porter. Je sais que certaines femmes arrêtent ce traitement, mais si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté…

Je sais que certaines femmes arrêtent le traitement d’hormonothérapie, mais si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté…


Quel est votre souvenir le plus fort de ce parcours de soins ?

J’étais artisan, j’avais mon entreprise, ma clientèle, et je me suis très peu arrêtée. Même pendant la radiothérapie. Je peux dire que ça m’a aidée dans ma reconstruction, à être vivante, à ne pas trop voir la maladie. Avec le recul, je me dis que ça m’a aidée mais que j’étais dans le déni car physiquement c’était difficile…

Le souvenir le plus fort : la douleur après l’opération chirurgicale, au sein mais aussi au niveau de l’aisselle.

Le souvenir le plus fort a été la douleur après l’opération chirurgicale, au sein mais aussi au niveau de l’aisselle. Je viens de voir qu’un chirurgien américain avait conçu un coussin pour tenir son bras (*). Ça m’aurait aidée ! Du coup, je suis en train d’en faire un !


Comment ont réagi vos proches ?

Ma petite sœur a cinq ans de moins que moi. Le jour où je le lui ai appris, je lui ai dit assieds-toi, j’ai quelque chose à te dire. Elle m’a dit par la suite qu’elle avait eu l’impression que je voulais la protéger, elle, que j’avais mis comme une barrière, que j’étais restée très positive. Quant à mon compagnon, heureusement qu’il était là.

Seule face à la maladie, ça doit être très dur à surmonter.

Dans les phases difficiles, que les gens vous renvoient du positif, ça fait vraiment du bien. C’est très important d’être soutenue.

Et puis j’avais un chat. On me l’avait offert en décembre. Quand j’étais mal, il venait près de moi, et il ronronnait comme s’il voulait me remonter le moral.

La photo qui illustre le mieux cette période ? « Quand j’étais mal, mon chat venait près de moi, et il ronronnait comme s’il voulait me remonter le moral ». (DR)


Quel conseil donneriez-vous à une amie qui vous annonce qu’elle est atteinte à son tour ?

Chaque personne est différente… Mais je dirais de suivre les conseils des médecins, d’avoir confiance. On est vraiment bien suivies entre le chirurgien, l’oncologue, la kiné… Et puis il faut bouger. Pas dans la phase où on est très fatiguée, mais après pour se remonter le plus possible et aller de l’avant. On arrive à le vaincre. Moi, je fais partie de l’équipe des Dragon Boat (*).

Il faut bouger !

* Des femmes des Penn ar Belles se retrouvent pour pagayer ensemble. D’ailleurs, elles cherchent de nouvelles recrues ! [Plus d’infos ici]


Comment allez-vous aujourd’hui ?

Bien. C’est que du bonheur depuis mes deux mois de retraite ! J’étais seule face à mon activité, mais pas devant la maladie.


Lucie, Brestoise de 49 ans


Dans quelles circonstances avez-vous appris que vous étiez atteinte d’un cancer du sein ?

Mon gynécologue m’avait prescrit une mammographie. J’y suis allée sans inquiétude particulière. Mais finalement, après une échographie, puis une biopsie, le diagnostic est tombé. J’ai été opérée très rapidement. Au départ, il n’était question que de radiothérapie. Finalement, avant d’entamer cette phase de soins, j’ai dû également suivre une chimiothérapie.


Quel est votre souvenir le plus fort de ce parcours de soins ?

Il y en a tant ! C’est une période si intense physiquement et émotionnellement ! Il y a les souvenirs douloureux, bien sûr, cet état d’épuisement, et puis des moments qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Comme quand on a enlevé le pansement sur le sein opéré…

J’avais perdu mes cheveux, cils et sourcils… et la vendeuse de parapharmacie m’offre… des échantillons d’après-shampoing !

Il y a aussi des souvenirs heureux, tirés d’échanges très émouvants avec d’autres personnes, proches ou inconnues. Et puis il y a des souvenirs cocasses. Comme ce jour où je suis allée en parapharmacie. J’avais un foulard sur la tête, plus de cils ni sourcils, le panier plein de produits pour atténuer les effets secondaires du traitement… La vendeuse a encaissé. Et m’a généreusement offert des échantillons d’après-shampoing !


Comment ont réagi vos proches ?

Mon compagnon a été formidable, je ne sais pas comment j’aurais traversé cette épreuve sans son soutien. Et puis la « garde rapprochée » de la famille et des amis s’est mobilisée pour être présente, physiquement, quitte à faire des centaines de kilomètres pour venir me rendre visite ou par des cartes postales, des appels, des SMS, des cadeaux comme des produits de beauté…

La « garde rapprochée » de la famille et des amis s’est mobilisée

D’une manière générale, j’ai ressenti une grande bienveillance.


Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à une amie qui vous annonce qu’elle est atteinte à son tour ?

Sortir, voir du monde, continuer à faire ce qui nous faisait plaisir dans la limite des possibilités aide tellement…

Ne pas s’isoler ! L’enfermement peut être un piège. Alors que sortir, voir du monde, continuer à faire ce qui nous faisait plaisir dans la limite des possibilités aide tellement… Même si ce n’est pas toujours évident de se forcer parce qu’on se sent parfois tellement épuisée !

La photo qui illustrerait le mieux cette période ? « Mon « porte-foulards » ! J’ai assez vite abandonné la perruque, et c’était un petit plaisir de choisir le foulard qui irait le mieux avec ma tenue et mon humeur du jour ! » (DR)


Comment allez-vous aujourd’hui ?

Après la période en « mode combat », celle de « l’après » parcours de soins a paradoxalement été difficile, et la fatigue tenace. Mais aujourd’hui j’ai recommencé à travailler. Restent un traitement par hormonothérapie, des séances de kiné, des examens tous les six mois, des angoisses de récidive qu’il faut parfois chasser… et plein de projets à réaliser !

Après la période en « mode combat », celle de « l’après » a paradoxalement été difficile


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