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Courbevoie : un animateur périscolaire jugé pour «viols et agressions sexuelles»

Édouard de B., accusé de deux viols et d'une quinzaine d'agressions sexuelles sur des mineurs de moins de quinze ans, doit comparaître à partir de ce vendredi devant les assises du tribunal de Nanterre. Malgré une première suspension, cet animateur périscolaire de 29 ans avait continué à travailler auprès de jeunes enfants.

En garde à vue, Édouard de B. a d'abord concédé des «maladresses» avec les enfants. Arrêté le 21 octobre 2015, cet animateur périscolaire, employé par la structure Vacances-Animation-Loisirs (VAL) de Courbevoie (Hauts-de-Seine), est suspecté d'avoir commis une agression sexuelle sur un enfant de six ans. L'enquête préliminaire permet pourtant de révéler que l'animateur - âgé de 26 ans à l'époque - n'en est pas à ses premières mises en garde concernant son comportement vis-à-vis de jeunes enfants.

En 2012, Édouard de B. fait pour la première fois l'objet d'une enquête administrative au sein du VAL. Des parents, inquiets, sont venus rapporter que l'animateur avait eu un «geste inapproprié» envers leur enfant. L'encadrant, employé à l'école élémentaire Armand Silvestre à Courbevoie, est alors reçu dans le cadre d'un «entretien de recadrage». Il plaide le «problème de positionnement pédagogique», très «fréquent» chez les jeunes animateurs, assure Me Marc Borten, avocat du VAL. Le conseil de la structure d'animation estime que le VAL a «correctement analysé» la situation, avant de la «traiter en conséquence».

Deux premiers signalements

Un an plus tard, même établissement, même scénario. Édouard de B. est à nouveau mis en cause par un enfant dont la mère a demandé à s'entretenir avec les responsables de l'école. Face à ce deuxième signalement, le VAL décide de suspendre Édouard de B. à titre conservatoire et fait part de l'événement à la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), l'autorité administrative compétente en matière de protection physique et morale.

L'animateur est suspendu quatre mois, le temps de procéder à une enquête. Au terme de cette dernière, la formation spécialisée de la DDCS choisi de ne pas proposer de sanction administrative contre Édouard de B. et l'informe d'un suivi de six mois, en lien avec ses pratiques pédagogiques. Une décision suivie par le VAL, qui ne prend aucune sanction disciplinaire à l'encontre de l'animateur. «Cette décision émane du préfet, le VAL n'avait donc aucune raison de ne pas le réintégrer», indique l'avocat du VAL, Me Marc Borten.

Édouard de B. reprend donc ses fonctions d'animateur périscolaire à l'école élémentaire Logie à Courbevoie. Établissement où il sera accusé, quelques mois plus tard, d'une nouvelle agression sexuelle. Auditionné en octobre par les enquêteurs de la brigade de protection de la famille (BTPF), l'encadrant reconnaît «être en proie» à des pulsions sexuelles et avoir agressé plusieurs enfants. Placé en détention provisoire, Édouard de B. est finalement accusé d'avoir agressé sexuellement une quinzaine d'enfants, scolarisés entre le CP et le CE2, et violé deux d'entre eux. «Il est normal que les parents considèrent qu'il y ait eu un dysfonctionnement du VAL, au vu de ce que l'on sait aujourd'hui, mais toutes les procédures ont été suivies», assure Me Borten.

L'accusé «surpris» d'être réintégré

Devant cet imbroglio administratif, le parquet a également décidé, fin octobre, d'ouvrir une enquête préliminaire pour «non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs à l'autorité judiciaire». Me Marie Grimaud, avocate de l'association Innocence en danger, qui représente les parties civiles, veut comprendre le rôle du VAL dans cette affaire. «L'enquête a été élargie en 2015 et nous avons appris que des enfants de l'entourage de l'accusé, qu'il gardait à l'occasion de baby-sitting, avaient également été victimes d'agressions sexuelles», précise l'avocate, qui se demande pourquoi ces informations n'ont pas été versées au dossier pendant l'enquête administrative. Selon elle, le procès devra déterminer si les agissements de l'animateur n'auraient pas pu être signalés plus tôt à la justice.

De son propre aveu, l'accusé avait expliqué au juge d'instruction être «surpris» qu'on lui permette à nouveau de «travailler avec des enfants». «Après sa suspension en 2013, il était effectivement étonné que les signalements le concernant n'empêchent pas sa réintégration au sein du VAL. Mais il faut dire que ça l'arrangeait», estime Me Sammy Jeanbart, le conseil d'Edouard de B. L'accusé, atteint d'une légère déficience mentale, a reconnu les agressions sexuelles mais continue de nier les deux viols.

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143 commentaires
  • J.C. Blanc

    le

    On sent chez certains vouloir faire un parallèle avec certains faits reprochés à l'église.
    Mais rien de ce qu'à fait cet homme n'a été prouvé, et rien n'a été caché.
    Et les parents n'ont pas jugé utile de porter plainte.

  • JPBleau77

    le

    Une question me taraude : est-que lorsqu'un enseignant - ici ou là - a largement mordu la ligne blanche continue et agressé sexuellement des enfants cela remet-il en cause toute l'Education Nationale, son Ministre, ses recteurs d'académies, ses directeurs d'établissements, son administration et plus généralement l'ensemble du corps enseignant? Non assurément. Alors dans ce cas comment expliquer la hargne des médias et de certains laïcards à systématiquement pointer le comportement de quelques prêtres qui ont pu - ici ou là - franchir la même ligne blanche continue pour des faits tout aussi condamnables (souvent anciens d'ailleurs et largement prescrits par la justice des hommes)? Le désordre social est le même pourtant et les torts aux victimes, les mêmes. Certains répondront peut-être que des cadres de l'Eglise catholique auraient couverts ces agissements mais le même argument ne vaut-il pas alors dans ce cas pour l'Education Nationale? Voilà, c'est ma réflexion et je ne doute pas que quelques lecteurs gonflés de bienpensance vont s'étonner que j'ose même poser une telle intérrogation Ils voueront mon propos aux gémonies. Mais qu'importe...

  • RLB

    le

    J'aime beaucoup tous ces commentateurs venus déverser ici leur haine envers l'éducation nationale et ses profs gauchistes, alors que ce n'est pas l'éducation nationale qui gère les activités périscolaires ....

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