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Soudan du Sud : dix soldats condamnés pour le meurtre d’un journaliste et le viol d’humanitaires

Les crimes ont eu lieu en juillet 2016 dans un hôtel de Juba, alors que la capitale était en proie à de violents combats.

Le Monde avec AFP

Publié le 07 septembre 2018 à 09h50, modifié le 07 septembre 2018 à 09h50

Temps de Lecture 3 min.

Des soldats sud-soudanais accusés de meurtre et de viols attendent leur jugement par une cour martiale à Juba, le 6 septembre 2018.

Dix soldats sud-soudanais ont été condamnés, jeudi 6 septembre, à de lourdes peines de prison, dont la perpétuité, pour le meurtre d’un journaliste et le viol de cinq travailleuses humanitaires au cours de l’attaque d’un hôtel de la capitale, Juba, en juillet 2016. Le jugement, rendu par une cour martiale, est un des rares exemples de justice rendue pour les atrocités commises dans le conflit qui déchire le Soudan du Sud depuis fin 2013, faisant des dizaines de milliers de morts et plus de 3,5 millions de déplacés.

Deux soldats ont été condamnés à la prison à perpétuité pour le meurtre du journaliste sud-soudanais John Gatluak, pour viols et d’autres crimes. Les huit autres soldats ont été condamnés à des peines allant de sept à quatorze ans de prison pour des crimes allant du viol au pillage. « Le tribunal militaire a jugé que les accusés […] étaient coupables en raison de leur responsabilité directe dans ces crimes », a déclaré le juge Knight Baryano Almas, énumérant les accusations de viol, meurtre, pillage et destruction de biens.

Un onzième soldat a été acquitté tandis qu’un douzième, un commandant accusé d’avoir coordonné l’attaque, est décédé de « mort naturelle » en détention en octobre 2017, selon l’armée.

Passivité des casques bleus

Les crimes reprochés aux accusés ont été commis le 11 juillet 2016 dans un hôtel situé à un peu plus d’un kilomètre d’une base de l’ONU à Juba, alors que la capitale était en proie à de violents combats entre l’armée fidèle au président Salva Kiir et les forces du chef rebelle et ancien vice-président Riek Machar.

Témoignant au début du procès, le gérant britannique de l’hôtel, Mike Woodward, a indiqué que « 50 à 100 soldats armés » avaient pénétré dans l’enceinte de l’hôtel, où se trouvaient environ 50 employés d’organisations étrangères. M. Woodward a notamment décrit le meurtre de John Gatluak, le « viol collectif d’au moins cinq femmes travaillant pour des organisations internationales » et d’un « nombre inconnu de membres du personnel », ainsi que la manière dont un Américain travaillant pour une ONG avait reçu une balle dans la jambe. Il a également assuré que presque toutes les personnes présentes dans le bâtiment avaient été « battues et torturées ».

Le témoignage de M. Woodward est corroboré par des rapports compilés par l’ONU et l’ONG Human Rights Watch. L’enquête de l’ONU a par ailleurs montré que les casques bleus stationnés à proximité de l’hôtel ne sont pas venus au secours des personnes s’y trouvant, malgré de nombreux appels à l’aide par téléphone. Au nombre de 13 000, les casques bleus ont de manière générale répondu de manière « chaotique et inefficace » aux violences de juillet à Juba, selon la même source.

La cour martiale a également jugé, jeudi, que le gouvernement sud-soudanais devrait payer 4 000 dollars (3 440 euros) de dédommagement à chaque victime de viol et plus de 2 millions de dollars au propriétaire de l’hôtel. La famille du journaliste John Gatluak recevra 51 têtes de bétail.

Plus de 100 humanitaires tués

« Le commandement de l’Armée de libération du peuple soudanais [l’armée gouvernementale] souhaite présenter ses excuses aux victimes », a déclaré le porte-parole de l’armée à la presse, le colonel Santo Dominic, à l’issue du jugement. Il a par ailleurs expliqué la lenteur de la procédure par le fait que « la plupart des victimes ont quitté le Soudan du Sud immédiatement » après les combats de juillet 2016 à Juba. « Cela a pris du temps de les retrouver. »

Mike Woodward s’est dit « heureux que les criminels aillent en prison », même si l’avocat des soldats a indiqué son intention d’interjeter appel. Amnesty International a salué « un premier pas en vue de mettre un terme à l’impunité chronique au Soudan du Sud », et la mission de l’ONU au Soudan du Sud s’est demandé si, « au vu des preuves présentées durant le procès, la responsabilité juridique réclamée pour ces crimes est remontée suffisamment haut dans la chaîne de commandement ».

L’ambassade des Etats-Unis a quant à elle appelé le gouvernement à poursuivre les responsables d’autres atrocités, notamment sexuelles. « Au moins 107 travailleurs humanitaires et treize journalistes ont été tués » depuis le début du conflit, a-t-elle souligné.

Le Monde avec AFP

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