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Des scientifiques français vont «chasser les éclairs» à bord d'un jet privé

Seuls 10% des éclairs touchent le sol: on parle alors de foudre. 85335511/devmarya - stock.adobe.com

Une campagne de mesures d'un mois démarre la semaine prochaine en Corse. Objectif : mieux comprendre les éclairs pour affiner les modèles de prévision des orages.

La chasse aux éclairs est bientôt ouverte. Une équipe d'une trentaine de scientifiques part la semaine prochaine en campagne en Corse à bord d'un jet privé reconverti en laboratoire volant pour traquer ces brusques décharges d'électricité, encore mal comprises, dont 90% restent concentrées dans les nuages (les 10% restant qui tombent au sol prennent alors le nom de foudre). L'avion d'affaires, un Falcon 20 modifié datant des années 80, fait partie de l'unité Safire (Service des avions français instrumentés pour la recherche en environnement). Il réalisera des mesures in situ, en se rapprochant au plus près de cellules orageuses lors de 8 sessions de vol de 3 heures réalisées sur 200 km autour de la Corse. L'avion partira de la partie haute des Cumulonimbus appelée l'enclume, en s'approchant de plus en plus du cœur de la convection: le nuage sera ainsi analysé sur trois niveaux de vol, à 10 km, 7 km puis 5 km d'altitude.

Il est équipé pour l'occasion d'un radar Rasta (dynamique et microphysique des nuages au-dessus et en dessous de l'avion), mais aussi de sondes qui mesureront la taille et la forme des cristaux de glace. Ce dispositif sera complété par l'instrument Ampera de l'Onera qui mesure le champ électrique ambiant au sein des nuages afin de documenter les conditions d'initialisation et de propagation des éclairs. Les scientifiques utiliseront aussi différents instruments au sol comme le réseau Saetta (Suivi de l'activité électrique tridimensionnelle totale de l'atmosphère), le réseau opérationnel de détection des éclairs Météorage ou les radars opérationnels de Météo-France pour guider l'avion dans des situations orageuses d'intérêt. Le coût du projet, financé par divers organismes dont le CNES, le CNRS, Météo France, Safire et l'Université Toulouse III, est estimé entre 4 et 5 millions d'euros.

L'expédition n'est pas aussi périlleuse qu'elle en a l'air, assurent les pilotes qui promettent de rester «le plus safe possible», a précisé Thierry Perrin, responsable de l'instrumentation avion de Safire. «Même s'il faut aimer avoir une pratique du vol tordue, pour travailler chez nous!» Les pilotes de ligne cherchent généralement plutôt à contourner les orages qu'à s'y plonger la tête la première... À bord, un technicien, trois ingénieurs et un responsable scientifique échangeront en direct données et messages avec les équipes restées sur la terre ferme.

«Aucune campagne scientifique européenne ne s'était jusque-là attelée à étudier en détail l'éclair, produit final de l'orage», a expliqué Éric defer="defer" , responsable scientifique du projet Exaedre copiloté par cinq équipes universitaires. «C'est un phénomène naturel encore mal compris alors qu'il représente un risque majeur pour la société», a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse, mercredi.

Des satellites pour détecter les éclairs

Ces mesures prises lors de la saison orageuse corse serviront de «démonstrateur pour extrapoler des résultats et scenarii-types sur le reste de la France et de l'Europe», selon le responsable scientifique du projet. Concrètement, ces recherches pourraient permettre de mieux prévoir l'évolution des orages à courte échéance (15 à 30 min) mais aussi d'améliorer les modèles de prévision météorologique à plus long terme (1 à 2 jours), en y intégrant «la composante éclair» qui n'y figure pas pour l'instant. «On ne va pas prévoir les impacts de foudre, ça ne sera pas comme dans Retour vers le futur», plaisante Éric defer="defer" . «Mais on va pouvoir anticiper où vont se déplacer les cellules orageuses avec plus de précision».

Selon les chercheurs, les orages vont se faire de plus en plus violents avec une plus grande activité électrique. L'étude des éclairs connaît ainsi une «pleine croissance en Europe», a expliqué Pierre Tabary, responsable Atmosphère météorologique climat du CNES (centre national d'études spatiales), soulignant que le vieux continent est «très en retard sur les États-Unis». «C'est une problématique qui explose, avec des domaines d'application et des projets de plus en plus nombreux», a-t-il ajouté.

À terme, le projet Exaedre va justement essayer de développer des outils pour Taranis et Météosat 3e génération, deux projets de satellites spécialisés dans les orages, prévus respectivement pour 2019 et 2021, qui doivent emporter des détecteurs d'éclairs en orbite géostationnaire.

Des scientifiques français vont «chasser les éclairs» à bord d'un jet privé

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9 commentaires
  • Canard sauvage

    le

    Les scientifiques européens n'ont pas étudié sérieusement le problème de la foudre, mais les Suisses l'ont fait depuis plus d'un demi siècle ….. et de façon plus scientifique …...

  • aoaoaoaoa

    le

    Faudra revoir le titre de l'article...Complétement à côté de la plaque...

  • Philéas_

    le

    C'est bizarre, depuis que Jupiter est président, on s'intéresse à la foudre...

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