Le président Trump fait face à un défi inédit pour un dirigeant américain de l’époque moderne.

Ce n’est pas parce que le procureur spécial, Robert Mueller, occupe tous les esprits. Ou parce que le pays est âprement divisé sur sa façon de gouverner. Ou parce que le Parti républicain risque de perdre sa majorité à la Chambre des représentants [lors des élections de mi-mandat de novembre] au profit d’une opposition prête à tout pour précipiter sa chute.

Le dilemme – qu’il ne saisit pas pleinement – vient du fait que de nombreux hauts responsables au sein de son gouvernement tentent de contrecarrer certains points de son programme et ses pires tendances.

J’en sais quelque chose. Je suis l’un d’eux.

L’amoralité de Trump

Entendons-nous bien, notre résistance n’a rien à voir avec le mouvement populaire de “résistance” de la gauche. Nous voulons que ce gouvernement réussisse et nous pensons qu’un grand nombre de ses choix politiques ont déjà rendu les États-Unis plus sûrs et plus prospères.

Mais nous servons avant tout le pays, et le président ne cesse de prendre des décisions qui nuisent à la santé de notre république.

C’est pour cette raison que de nombreux responsables nommés par Trump ont juré de faire leur possible pour protéger nos institutions démocratiques, tout en faisant barrage à ses impulsions les plus malavisées jusqu’à ce qu’il ne soit plus en fonction.

Le cœur du problème est l’amoralité du président. Quiconque travaille avec lui sait que ses décisions ne sont guidées par aucun principe premier.

Il a certes été élu sous l’étiquette du Parti républicain, mais le président montre peu d’affinités avec les idéaux que revendiquent depuis longtemps les conservateurs : liberté d’esprit, liberté du marché et liberté des personnes. Au mieux, il a invoqué ces idéaux dans des discours rédigés à l’avance. Au pire, il les a violemment attaqués.

Non seulement il répète sans relâche que la presse est “l’ennemie du peuple”, mais, instinctivement, Trump est aussi hostile au libre-échange et à la démocratie.

Héros de l’ombre

Ne vous y méprenez pas. Les crit