Publicité

La Cour des comptes dénonce un train de vie de star à la commission du film d'Île-de-France

Soirée organisée au Mobilier national pour les dix ans de la Commission du film d'Île-de-France, en 2014. Xavier Granet

Un rapport encore confidentiel pointe du doigt les dépenses très larges de l'établissement officiel entre 2011 et 2015. Consternants, les chiffres révélés par nos confrères du Point, montrent une utilisation abusive des fonds octroyés.

L'argent public ne fait pas le bonheur mais il peut y contribuer. Jeudi 6 septembre, Le Point a révélé que cette institution s'est permis de nombreuses largesses entre 2011 et 2015. Restaurants, déplacements, salaires... Ces informations dépassant l'entendement sont issues d'un rapport confidentiel de la Cour des comptes. Une note détaillée sur 90 pages.

» LIRE AUSSI - Île-de-France: les dix chiffres inquiétants révélés par l'audit régional des finances

La commission du film, créée à l'initiative de la Région en 2004, a pour mission de faciliter les tournages et les étapes de productions, de trouver des financements pour les films en Île-de-France. Sur la période auditée allant de 2011 à 2015, ses résultats sont plutôt «positifs». Mais il semblerait que le succès lui soit monté à la tête.

Au cours des cinq années examinées, les salaires des membres de la commission augmentent d'environ 15% par an. Une augmentation décidée par le directeur, Olivier-René Veillon, proche de l'ancien président de Région, Jean-Paul Huchon. En 2015, les huit salariés reçoivent une prime exceptionnelle de plus de 8.000 euros par salarié, sans aucune explication. Le directeur s'octroie, lui, 9.800 euros brut par mois. Des chiffres que la juridiction financière attribue à une «politique salariale généreuse». Expression qui frise l'euphémisme.

Quand la commission du film menait grand train

Ce rapport, que nous n'avons pas pu consulter, insisterait sur l'autonomie dont jouissait la commission. Au long de ces cinq années, le directeur et ses acolytes ont une liberté totale dans l'utilisation des fonds. Qui s'élèvent à la somme de 1,8 million d'euros par an. L'absence de textes et de normes encadrant le fonctionnement de l'établissement serait criante.

Les documents sont accablants: seulement deux ou trois réunions par an, les mandats des président et vice-président reconduits sans plus d'explication, des dépenses incontrôlées. Quant au contrat du directeur Olivier-René Veillon censé prendre fin en 2008, il s'est prolongé jusqu'en 2017.

Les largesses épinglées vont des emplettes de Nöel des employés remboursées par la commission à des nuitées dans des établissements de standing. À New York, Rome ou Londres, les salariés descendent à l'hôtel Sofitel de la ville. La chambre coûte entre 300 et 450 euros. Rebelote lors des festivals de cinéma à Cannes, Biarritz ou Annecy. Encore faut-il ajouter les transports en taxi et les frais de bouche. Jusqu'à une addition record au Taillevent à Paris: 286,50 euros par personne. Un chiffre que même le menu gastronomique ne peut expliquer.

Olivier-René Veillon, le directeur de la bienheureuse commission, a plié bagage en février 2017. Non sans quelques procédés intrigants. Le rapport révèle une compensation de quinze jours pour des week-ends et des jours fériés lors desquels il a travaillé. Un petit plus octroyé sur décision du président de la commission, sans autorisation. Depuis 2015, des modifications mises en place sous la nouvelle de présidence de Valérie Pécresse permettent d'encadrer les finances de l'institution. Le Point note par la même occasion qu'Olivier-René Veillon est désormais à la tête d'une importante mission cinématographique au... Ministère de la Défense.

La Cour des comptes dénonce un train de vie de star à la commission du film d'Île-de-France

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
40 commentaires
  • jfw

    le

    Si une entreprise privée se livrait à de tels abus ses dirigeants seraient immédiatement sanctionnés pour abus de bien social Par contre l’abus de bien public lui n’est jamais sanctionné !!! La France a deux vitesse

  • 0fred

    le

    Heureusement Valérie Pécresse a viré le coucou. Celui ci a néanmoins retrouvé illico une place privilégiée grâce à ces amis (socialistes transfuges chez LaRem de Macron). A ce niveau c'est plus qu'une négligence grave de mauvaise gestion d'argent public au profit de personnes favorisées par les élus de la majorité précédente (de gauche). Olivier-René Veillon étant un habille courtisan protégé de l'ex-président de la région Jean-Paul Huchon. (Ce dernier déjà condamné en 1ere instance puis à nouveau en appel en 2008 pour prise illégale d’intérêts dans une affaire de marchés publics frauduleux).

  • CossArt

    le

    La Cour des comptes dénonce un train de vie de star à la commission du film d'Île-de-France...: - "Quel cinéma"!?... Et que sera la suite?... CossArt

À lire aussi