Thomas Fabius : l'étau judiciaire se resserre

Poursuivi dans une affaire d'escroquerie, le fils du président du Conseil constitutionnel vient de perdre une bataille devant la Cour de cassation.

Par

La décision de la Cour de cassation ouvre la porte à un procès en correctionnelle du fils de laurent Fabius pour escroquerie et faux et usage de faux, au préjudice de la Société générale et d'un casino au Maroc. 

La décision de la Cour de cassation ouvre la porte à un procès en correctionnelle du fils de laurent Fabius pour escroquerie et faux et usage de faux, au préjudice de la Société générale et d'un casino au Maroc. 

© Khayat Nicolas/ABACA

Temps de lecture : 4 min

Le casino La Mamounia a beau se situer à Marrakech, c'est bel et bien en France que Thomas Fabius a préparé l'escroquerie qu'il est soupçonné d'avoir commise. Dans son arrêt rendu fin août, la Cour de cassation reconnaît la compétence des juges français et valide par conséquent des actes d'enquête dont la défense du fils du président du Conseil constitutionnel tentait, depuis des mois, d'obtenir l'annulation.

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Un coup dur pour Thomas Fabius, qui se rapproche de plus en plus, sept ans après les faits, d'un procès en correctionnelle. Tout commence en novembre 2011. L'homme d'affaires et joueur de poker souhaite faire un séjour à La Mamounia, à Marrakech. Mais le règlement du casino est clair : interdit de jouer tant qu'on n'a pas réglé ses dettes. Or le fils Fabius a une sacrée ardoise : 3,7 millions de dirhams.

Lire aussi : Ce que les juges reprochent à Thomas Fabius

« Thomas Fabius nous a dit qu'il avait fait un virement »

Auditionné par les enquêteurs le 30 mai 2016, le patron du casino est extrêmement clair : « La règle, sans variable, est que lorsqu'un client doit de l'argent, il ne peut avoir de nouveau crédit. Et ça, Thomas Fabius devait le savoir. [...] [Il] nous a dit qu'il avait fait un virement pour régler sa dette et ainsi pouvoir jouer chez nous. »

Le 10 novembre 2011, tandis qu'il se trouve à l'aéroport d'Orly, en partance pour le Maroc, Thomas Fabius faxe ainsi un ordre de virement à sa banque, pour réaliser un premier virement de 100 000 euros à destination du casino.

Quelques minutes plus tard, soucieux de rassurer l'établissement de jeux et alors qu'il n'a pas encore quitté le territoire français, Thomas Fabius transfère les échanges qu'il a eus avec sa banque à un responsable de La Mamounia : « Salut Marc, ci-contre l'ordre de virement confirmé. Bises, à ce soir. »

« Ci-contre l'ordre de virement confirmé. Bises, à ce soir »

Trouvant le document peu lisible, la banque ne procédera au virement que le 19 novembre. Mais ce n'est toujours pas suffisant : il reste encore 200 000 euros à payer. Relancé à de multiples reprises pour s'acquitter de ses dettes, le fils de l'ancien ministre des Affaires étrangères de François Hollande va alors, selon l'enquête, fabriquer un faux e-mail. Le document, daté du 14 novembre 2011, est soi-disant rédigé par un chargé de clientèle de la Société générale, à Paris, et est adressé à Thomas Fabius à une adresse mail professionnelle d'un groupe immobilier, alors même, assure au Point son dirigeant, que Thomas Fabius n'y travaille pas.

Toujours est-il que cet e-mail, confirmant un virement de 200 000 euros au profit du casino marocain, semble totalement bidonné. Le 16 novembre 2011, Thomas Fabius va encore plus loin et envoie à la direction de La Mamounia une copie d'écran censée refléter la « copie informatique des dernières opérations de son compte bancaire », notent les juges. La copie d'écran fait apparaître trois opérations. Parmi elles, le virement de 200 000 euros, qui n'existe pas.

Plainte de la Société générale

À la mi-décembre, la Société générale porte plainte. Une enquête préliminaire est ouverte, puis une information judiciaire. Les investigations, confiées à l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), vont durer cinq ans, et il faudra attendre 2016 pour que Thomas Fabius soit mis en examen pour escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée. Il sera également démontré, après analyse de ses comptes à la Société générale, que l'homme ne bénéficiait même pas d'un solde créditeur suffisant pour virer une somme de 200 000 euros.

Fin août 2018, après une longue bataille procédurale, la Cour de cassation a finalement conclu que les faits qui lui sont reprochés sur le territoire marocain au préjudice du casino « sont indivisibles de ceux de faux et usage de faux susceptibles d'avoir été commis au préjudice de la Société générale » en France. Les juges sont donc compétents.

Alors que la perspective d'un procès se fait de plus en plus crédible, Thomas Fabius doit faire face à d'autres déconvenues. En octobre 2015, Le Point révélait ainsi qu'il était visé par un mandat d'arrêt aux États-Unis pour des chèques en bois à des casinos de Las Vegas, d'un montant total dépassant 3,5 millions de dollars. L'achat d'un appartement à sept millions d'euros, à Paris, en juin 2012, a également attiré l'attention de Tracfin. Mais Thomas Fabius s'est défendu, assurant que ce bien avait été financé légalement, pour partie par des gains de jeu et pour partie par un emprunt bancaire.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (73)

  • Filou60

    Belle mentalité fruit d'une saine éducation.
    Le rapport à l'argent (malsain) et l'honnêteté du lascar (digne de la mafia) résultent de l'éducation reçue. Bravo Laurent Fabius ! A la place du fils je poursuivrais mon père : "comment tu m'as éduqué papa ? "

  • telemark

    Il n'y a pas de choses urgentes : il n'y a que des choses en retard. Car gouverner, c'est prévoir. Pour Fillon, d'aucuns étaient pressés d'agir et de conclure.
    Pour le cas de ce socialiste, fils de socialiste, la seule chose étonnante, c'est qu'il se soit fait prendre. Leçons mal apprises, techniques non maîtrisées. Il ne faut quand même pas prendre les juges pour des naïfs.

  • Paulbr

    Une petite psychanalyse ferait peut-être un peu de bien à Thomas...
    Je plains son père, ... En tout cas je ne voudrais pas être à sa place