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EDF relance une filière de recyclage de son uranium usé

L'électricien veut réduire ses stocks d'uranium de retraitement qui s'accroissent de 1.000 tonnes par an.

A partir de 2023, les quatre réacteurs de 900 mégawatts (MW) de Cruas (Ardèche) devraient à nouveau consommer 600 tonnes d'uranium de retraitement enrichi (URE) par an.
A partir de 2023, les quatre réacteurs de 900 mégawatts (MW) de Cruas (Ardèche) devraient à nouveau consommer 600 tonnes d'uranium de retraitement enrichi (URE) par an. (PHILIPPE DESMAZES/AFP)

Par Véronique Le Billon

Publié le 10 sept. 2018 à 07:34Mis à jour le 11 sept. 2018 à 07:06

Ils sont six ou sept entrepôts, alignés sur un terrain de l'immense site nucléaire d'Orano du Tricastin (Drôme), dans lesquels s'accumulent quelque 20.000 tonnes d'uranium de retraitement (URT) issus des centrales nucléaires d'EDF. Un stock qui s'accroît chaque année de 1.000 tonnes supplémentaires depuis l'arrêt, il y a cinq ans, de la filière de réutilisation de ce combustible, mais qu'EDF a décidé de relancer.

« Nous avons recyclé l'uranium de retraitement de 1994 à 2013, avant d'arrêter suite à un process de traitement des effluents non satisfaisant. Depuis deux ans, nous travaillons à reconstruire une filière solide et compétitive. Cela nous permet de recycler une matière valorisable et de réduire nos achats d'uranium », justifie Denis Lépée, directeur de la division combustible nucléaire à EDF.

Relance de longue haleine

Une relance de longue haleine : ce n'est qu'à partir de 2023 que les quatre réacteurs de 900 mégawatts (MW) de Cruas (Ardèche), en bordure du Rhône, devraient à nouveau consommer 600 tonnes d'uranium de retraitement enrichi (URE) par an. Et à partir de 2028, un puis trois réacteurs de 1.300 MW devraient s'ajouter à ce programme. Soit, à l'échéance de ce plan à dix ans (2023-2032), une utilisation de 1.300 tonnes d'uranium de retraitement enrichi par an, permettant seulement alors de commencer à faire décroître les stocks.

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Aujourd'hui, EDF recycle une partie de son combustible usé à travers du MOX, utilisé dans une vingtaine de réacteurs. Ce combustible permet de réutiliser le plutonium créé par le procédé de retraitement (1 % des tonnages), mais pas l'uranium issu de ce recyclage, qui représente pourtant 95 % des volumes (les 4 % restants étant des déchets ultimes). « La filière MOX nous permet d'économiser 10 % de nos besoins d'uranium naturel. A l'horizon 2030, avec cette nouvelle filière, c'est 20 à 25 % d'uranium en moins dont nous aurons besoin », estime Denis Lépée.

« Pas le meilleur prix »

Alors que l'uranium de retraitement (URT), pour être réutilisé, doit faire l'objet d'une phase de conversion, puis être à nouveau enrichi (URE), cette nouvelle filière ne profitera pas à Orano. A l'issue de l'appel d'offres organisé par EDF pour réaliser ces opérations, l'électricien fera appel au russe Tenex (Rosatom) et à Urenco (aux capitaux allemands, britanniques et néerlandais), puis à sa filiale Framatome de Romans-sur-Isère pour l'assemblage des combustibles.

« Orano n'avait pas le meilleur prix et ils n'ont pas d'installation pour convertir cet uranium retraité », justifie Denis Lépée. L'usine d'enrichissement d'uranium Georges Besse 2 d'Orano, en revanche, avait adapté dès sa conception une partie de son installation pour pouvoir enrichir de l'uranium retraité. « Mais nous avons déjà retrouvé une belle part de marché avec EDF » sur d'autres activités, tempère Antoine Troesch, directeur de la business unit Chimie Enrichissement d'Orano.

EDF assure que cette nouvelle filière sera compétitive. Alors que le cours de l'uranium naturel remonte à peine de ses plus bas, autour de 27 dollars la livre, « nous avons pris des hypothèses de cours d'uranium très pénalisantes », assure Denis Lépée. Car plus l'uranium naturel sera cher, plus le retraitement sera économiquement pertinent.

Véronique Le Billon

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