Le Premier ministre national conservateur hongrois Viktor Orban, le 18 février 2018 à Budapest

Le Premier ministre national conservateur hongrois Viktor Orban, le 18 février 2018 à Budapest

afp.com/Attila KISBENEDEK

Atteintes à l'Etat de droit et aux libertés des ONG, mauvais traitement des migrants, la liste des griefs formulés envers le Premier ministre national-conservateur Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, est longue. Le dirigeant, qui doit plaider sa cause mardi à Strasbourg avant un vote mercredi, a balayé ces accusations comme fondées sur des "assertions inexactes et trompeuses".

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- Contre-pouvoirs affaiblis -

A peine revenu au pouvoir en 2010, M. Orban engage une vaste révision constitutionnelle gravant dans le marbre les valeurs du "christianisme" et de la "famille traditionnelle".

La réforme accroît l'emprise du gouvernement sur la justice et cimente le pouvoir du parti Fidesz de M. Orban dans toutes les institutions, y compris les contre-pouvoirs. Une autorité est créée qui peut sanctionner les organes de presse pour diffusion d'informations "non nuancées". Au fil des années, la grande majorité des médias est entrée dans la sphère d'influence du gouvernement. Une liste de journalistes "suspects" a récemment été publiée par un organe proche du gouvernement.

La Cour constitutionnelle a vu ses pouvoirs limités.

- Elections sur mesure -

M. Orban a par ailleurs imposé un mode de scrutin uninominal à un tour avantageant son parti au détriment de l'opposition, en peine d'opposer des candidats uniques au Fidesz.

Combiné au recul de pluralité de la presse, à une "rhétorique hostile et intimidante" et à des dépenses de campagne gouvernementales jugées "excessives", ces mesures créent un "climat défavorable" pour l'équité des scrutins, selon le rapport du parlement européen.

Avec 49,3% des voix aux législatives d'avril dernier, M. Orban s'est assuré une majorité qualifiée des deux-tiers lui permettant de poursuivre ses réformes institutionnelles.

- Corruption -

"Irrégularités graves" et "conflits d'intérêts" dans l'attribution de marchés publics, budgets artificiellement gonflés, proches du pouvoir avantagés: les accusations sont nombreuses concernant la gestion des deniers publics dans ce pays dont 4,4% du PIB provient de fonds structurels européens et où la corruption est jugée endémique.

- Universités et ONG dans le collimateur -

Pressions et restrictions diverses imposées à l'enseignement supérieur, et en premier lieu à l'Université d'Europe centrale créée par le financier américain George Soros, bête noire de M. Orban: la Hongrie "restreint d'une manière disproportionnée la liberté de fonctionnement des universités de l'Union et de l'étranger" et va "à l'encontre du droit à la liberté académique, du droit à l'éducation et de la liberté d'entreprise", selon l'UE.

"Rhétorique stigmatisante" à l'encontre des ONG qualifiées d'"agents étrangers", taxes spéciales, obligation de se soumettre à un enregistrement spécial: les ONG de défense des droits de l'Homme, et en particulier des migrants, sont elles aussi dans le collimateur du pouvoir, qui prévoit même des peines de prison pour toute assistance aux demandeurs d'asile. Une "ingérence disproportionnée et inutile dans les libertés d'association et d'expression", selon le rapport. La plupart des ONG visées sont financées par M. Soros.

- Migrants et SDF maltraités -

"Détention automatique" des demandeurs d'asile, possibilité de périodes d'enfermement longues et indéfinies, "expulsions sommaires et sans discernement", "passages à tabac": le traitement réservé par la Hongrie aux migrants est jugé contraire au droit européen. De même que le refus par Budapest de se plier aux quotas d'accueil de migrants fixés par l'UE.

Le pays est également épinglé pour le traitement réservé à sa minorité rom.

Chasse aux sans-abris, interdiction de dormir dans la rue, interdiction de "nombreux espaces publics" aux SDF: la guerre déclarée par la Hongrie aux plus démunis est considérée "incompatible avec le droit international sur les droits de l'Homme".

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