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Économie

Entre Fleur Pellerin et Arnaud Montebourg, le cœur du patronat balance

Le "ministre des Entreprises" idéal en cas de remaniement ? Soumis à la devinette, des grands patrons mettent en avant le tranchant Montebourg et la finesse de Pellerin.
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381 Actu Pellerin et Montebourg
Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, le 13 mars, à Bercy.
Bruno Levy pour Challenges

La lutte est feutrée, mais la bataille homérique entre Numericable et Bouygues pour racheter SFR a réactualisé cet autre duel : celui qui oppose Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin pour concentrer les fonctions de "ministre des Entreprises" dans le prochain gouvernement. Sur le rachat du deuxième opérateur de télécoms français, une fois de plus, le ministre du Redressement productif n’a pas pris de gants.

Une fois de plus, sa ministre déléguée aux PME a cherché le doigté. Il prend violemment parti pour Bouygues ? Elle la joue tout en rondeur dans Le JDD : "L’expression du gouvernement peut être nécessaire s’il y a vraiment des solutions dangereuses pour les Français. Ce n’est pas le cas ici." Il plaide pour ramener le nombre d’opérateurs de quatre à trois ? Elle tempère : "Il n’y a pas de nombre magique."

Montebourg l’imprévisible

Après bientôt deux ans à Bercy, l’un et l’autre ont marqué des points auprès des entrepreneurs. Arnaud Montebourg, d’abord considéré comme "un extraterrestre" par le patron des patrons Pierre Gattaz, est désormais vu comme "un allié". Et si certains ne digèrent pas ses attaques ad hominem contre la famille Peugeot, l’industriel Mittal ou le propriétaire de Numericable Patrick Drahi, tous lui reconnaissent son énergie.

"Il donne une vision, sa vision, pas toujours bonne, mais il donne un souffle", déclarait encore, le 15 mars, Vincent Bolloré, principal actionnaire de Vivendi, en pleine affaire SFR. "Le problème, c’est quel est le Montebourg du jour ? lance Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef. Il est si imprévisible." Un côté incontrôlable qui ne l’empêche pas de séduire. "Il est devenu un très bon ministre de l’Industrie, il faudrait qu’il poursuive à ce poste", s’exclame Thierry Le Hénaff, PDG d’Arkema. "S’il y a remaniement, j’espère qu’il ne changera pas de maroquin", renchérit l’ex-patron de Sanofi, Jean-François Dehecq, qui voit Arnaud Montebourg à la tête d’un superministère avec l’énergie, l’agroalimentaire et les transports.

S’il reste à Bercy, le ministre du Redressement productif pourrait hériter du Commerce extérieur et de l’Artisanat, détenus aujourd’hui par Nicole Bricq et Sylvia Pinel, données partantes. Mais, sur ses intentions, le troisième homme de la primaire socialiste, a priori invirable du gouvernement, reste muet. "C’est un sujet entre lui et François Hollande", répond son entourage. "Un jour, il veut rester, le lendemain, il veut partir", tacle un conseiller ministériel. Des rumeurs le donnent à la Justice à la place de Christiane Taubira.

Pellerin a ses admirateurs

Dans tous les cas, les candidats à sa succession ne manqueront pas. A commencer par Fleur Pellerin, donc, qui troquerait bien son statut de porte-parole des start-up contre celui de vraie ministre des Entreprises. L’ambassadrice de la French Tech a des soutiens au-delà des seuls chefs d’entreprise high-tech. "Elle m’impressionne", glisse Henri de Castries, PDG d’Axa. "C’est une ministre très agile", ajoute le gestionnaire du fonds d’investissement Next-Stage, Grégoire Sentilhes. Seul défaut : son manque d’expérience. "On la voit mal négocier avec les syndicalistes du transporteur Mory Ducros, ironise un membre de cabinet à Bercy. En revanche, elle ferait une excellente ministre du Commerce extérieur, VRP de la France."

D’autres noms circulent

Alors, qui deviendra le ministre des Entreprises ? Selon de nombreux députés, ce sera forcément un politique de poids, capable d’emporter des arbitrages. "Il est impensable qu’il soit rétrogradé au rang de ministre délégué", juge Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale. En réserve, Ségolène Royal est régulièrement évoquée. La vice-présidente de la Banque publique d’investissement défend une ligne interventionniste et appelle à une restructuration de la "galaxie de Bercy".

L’hypothèse d’un ministre-patron est aussi envisagée. Denis Payre, fondateur de Business Objects et leader du mouvement Nous Citoyens, y est favorable. Il souffle le nom de Guillaume Poitrinal, ex-président d’Unibail-Rodamco et copilote de la mission gouvernementale sur le "choc de simplification". D’autres noms circulent : Anne Lauvergeon, ex-présidente d’Areva ; ou Louis Gallois, ex-patron d’EADS, mais plutôt pour le job de superpatron de Bercy. Ce dernier, connaissant l’aversion de François Hollande pour les parachutés de la société civile, s’en sort par une boutade : "Je suis trop vieux." Pour Peugeot également ?        

Laurent Fargues et Alice Mérieux

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