Top départ pour le projet de loi qui interdira aux marques de vêtements de jeter ou brûler leurs invendus. Le ministère vient en effet de lancer les premières consultations avec les acteurs de la filière textile. Emmaüs, à l'initiative de cette mesure, maintient la pression. Quant aux marques, elles se préparent déjà à ce changement de pratiques. 

C’est confirmé. La loi sur l’interdiction de jeter ou brûler les vêtements invendus sera bien proposée en 2019. "Cette mesure sera inscrite dans la loi en même que les autres mesures de la feuille de route pour l’économie circulaire et la transposition directive cadre sur les déchets", a expliqué à Novethic le ministère de la Transition écologique et solidaire. "Ce projet de loi devrait être présenté courant 2019".
Emmaüs maintient la pression 
C’est Emmaüs qui avait poussé à la création de cette mesure désormais inscrite dans la feuille de route sur l’économie circulaire. "Ce qu’on récupère de la fast fashion ne représente pas des quantités hallucinantes", expliquait en avril à Novethic Valérie Fayard, directrice générale adjointe d’Emmaüs. "Certaines enseignes pensent que donner leurs vêtements à des associations va dégrader leur image".
Pour l’instant, le ministère n’en est qu’à la toute première étape du processus. Il vient à peine de lancer la concertation avec les différents acteurs de la filière. Logiquement, Emmaüs a déjà été reçu. "Nous avons exposé notre vision mais nous n’avons pas eu de date de chantier, ni de planning. Nous sommes bien décidés à maintenir la pression pour faire avancer au plus vite les pratiques", argue Valérie Fayard.
L’annonce de la loi fait déjà bouger les lignes 
La loi devrait normalement suivre les grands principes de celle votée contre le gaspillage alimentaire. Depuis février 2016, toutes les moyennes et grandes surfaces de plus de 400 mètres carrés sont obligées de conclure une convention avec une association caritative pour lutter contre le gaspillage alimentaire. L’idée serait ainsi d’obliger les enseignes textiles à faire de même.
Et déjà, l’annonce d’une telle réglementation commence à faire effet. Les Galeries Lafayette viennent de lancer le mouvement Go for good. Une initiative pour une mode responsable rejointe par plus de 500 marques. "L’interdiction prochaine de détruire les invendus contribue à faire que le développement responsable soit une réalité", affirme Nicolas Houzé, directeur général du groupe.
Des scandales à répétition 
Quelques jours plus tard, le 5 septembre, Burberry annonçait arrêter la destruction de ses invendus vestimentaires. En juillet 2017, la maison de luxe avait été pointée du doigt pour avoir brûlé des milliers de ses célèbres trenchs. Cette pratique est très courante dans le milieu du luxe, où, pour certaines maisons, "solder un article revient à dévaloriser le produit", expliquait Jean-Noël Kapferer, professeur à l’Inseec Luxury Institute.
Mais des enseignes de la fast fashion s’était aussi fait prendre la main dans le sac. À l’instar de H&M accusé d’avoir brûlé, depuis 2013, soixante tonnes de vêtements invendus. C’est ce qu’ont affirmé en octobre 2017 les journalistes de l’émission danoise Opération X. H&M s’était justifié, en expliquant que les vêtements en question présentaient des taux d’humidité et de produits chimiques trop élevés. 
Marina Fabre @fabre_marina 

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